Et le téléphone... sonna.

1.2K 78 25
                                    

Abygail et James marchaient côte à côte, à travers les longs couloirs froids de la base du KGB, à Moscou.
Le jeune femme sentait le regard de James se diriger furtivement vers elle plusieurs fois d'affilée.

Soudain, Abygail sentit une main l'attraper. Effectivement, la main de métal du soldat avait pris son poignet.
Il ouvrit la porte d'un placard à balais et l'attira à l'intérieur, avant de refermer la porte derrière eux.

La pièce dans laquelle ils se trouvaient était d'une taille incroyablement petite, elle était pourtant remplie du sol au plafond. Seul deux mètres carré étaient libres. Le jeune homme était quasiment collé contre son équipière. Laquelle était dos contre un meuble.

- Qu'est ce que tu fais ? Chuchota Abygail en fonçant les sourcils.

- Je dois te parler... Alors, laisse-moi terminer. D'abord... Il baissa les yeux en soupirant et marqua une pause de quelques secondes. Alors qu'il relevait son regard droit vers celui de la jeune femme, il poursuivit. Merci.

Muette et intriguée la jeune espionne l'interrogea du regard.

- Tu m'a sauvé la vie à l'hôtel. Deux fois. Mais je ne pourrais pas te rendre la pareille... Je... Je sais ce qu'ils vont me faire. Et, une fois qu'ils l'auront fait, j'ai peur de te faire autant de mal que je peux m'en faire... À moi ou à toutes ces personnes qui ont été mes victimes.

- Ne dis pas ça. Tu es quelqu'un de bien James...

- Non, mais toi seule peux comprendre ça...

Un lourd silence s'installait. Le jeune homme avait marqué un point. Être quelqu'un de bien en étant agent secret était impossible. Mais, certains, comme Abygail et James, gardaient une conscience et culpabilisaient pour chacun de leurs actes...

L'espace réduit dans lequel ils se trouvaient leur imposait une proximité très gênante pour Abygail.

- On va être en retard... On doit y aller... Murmura Abygail.

Une vague de culpabilité la ravagea à l'instant où elle eut terminé sa phrase. Y aller signifiait effacer la mémoire de James. Et cette procédure ne devait pas se faire sans douleur... Elle repensa alors à un épisode de sa vie qu'elle tentait d'enfermer au plus profond de sa mémoire depuis longtemps :

Sa stérilisation.

Cette opération lui avait fait ressentir plus de douleur qu'une séance de torture. Elle se souvenait de chaque détail.

"Une matin, alors que la jeune femme venait à peine d'avoir treize ans, la chose qu'elle redoutait le plus depuis son entrée au KGB était arrivée : elle avait saigné.

Sachant ce qui allait lui arriver si quelqu'un venait à le découvrir, elle avait pris quelques kleenex, pour éviter que la tâche devienne visible, et avait enfilé un pantalon noir.

Cette journée avait été un enfer. Abygail avait eu la peur au ventre que quelqu'un se doute de quelque chose tout au long de ces longues heures.

Elle se souvenait alors de son soulagement quand elle était entrée dans sa chambre alors que sa journée avait enfin pris fin...

Un soulagement de courte durée.

En effet, une femme vêtue d'une chemise blanche était entrée seulement quelques minutes après. Elle lui avait demandé alors de la suivre.

A ce moment-là, Abygail avait su que tout était fini.

Ils savaient.

James Buchanan Barnes : The Winter SaviorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant