Ce bruit. Ce cri. Transit par la douleur. Transit par la terreur. Ce cri. Son cri. Sa douleur. Sa terreur.
Abygaïl avait beau avoir perdu connaissance pendant qu'ils effacaient consciencieusement tous les souvenirs qu'ils avaient eu ensemble, elle le voyait encore. La peur dans les pupilles. La douleur dans les veines. Il serrait tellement fort les accoudoirs. Ses muscles était tellement contractés. Sa mâchoire, tellement crispée. Sa voix, tellement agonisante. Ils mourrait à chaque fois qu'il perdait la mémoire...
Abygaïl ne pouvait pas se retirer son visage de l'esprit. Ce qu'elle lui avait demandé était tellement égoïste...
"Ne m'abandonnes pas."
Comment avait-elle pu oser lui demander cela ?! Quel genre de monstre était-elle ?
Alors qu'elle était perdue dans les limbes de sont esprit, un bruit omniprésent accompagnait ses pensées. Un bruit de roulette.
Un éclair de tristesse et d'angoisse traversa le corps inerte de la jeune soviétique. Elle ne connaissait que trop bien ce son. Ce son produit par les roulettes d'un brancard.
Elle allait de nouveau vers les portes de la terreur...
Sachant ce qui l'attendait, Abygaïl puisa dans toute sa volonté, dans toutes ses faibles forces afin de réveiller ses sens. Et... Peut-être, parvenir à combattre le sérum qui coulait dans ses veines pour la paralyser.
Les battements de son coeur étaient de plus en plus rapides. Elle sentait que sa respiration s'accélérait aussi. Elle ne contrôlait quasiment plus rien. Elle devait agir vite. Avant que la peur ne l'emprisonne complètement.
Elle se concentra tout d'abord afin d'ouïr le moindre son.
Elle devait être capable de recréer l'environnement qui l'entourait sans avoir besoin de sa vue."Je t'en pris Aslan. Aide-moi... Aide-moi p'tit frère." Pensa-t-elle afin de se donner du courage.
Des pas. Deux personnes sur sa droite. Une sur sa gauche. Sûrement des femmes.
Le bruit des vêtements. Des bleus d'infirmières, seul le synthétique avait ce bruit si particulier.
Elle allait bien là où elle le craignait.
Un grand bruit ce fit soudain entendre. Abygaïl aurait sûrement sursauté si elle n'avait pas été paralysée. Le brancard venait d'ouvrir les portes menant à la salle d'opération.
Son esprit était embrumé. Elle n'arrivait pas à rester concentrée sur la même idée plus de quelques secondes.
Son esprit vagabondait entre les cris de James. Le coup de feu ayant tué Aiden. Le baiser d'Akyn. La vision de son frère endormi quand le KGB était venu la chercher. La mort de Jacob...
Jacob... Il avait été comme un grand frère pour elle. Il l'avait toujours été. Seul lui aurait pu l'aider aujourd'hui.
Lui, ou James.
Elle sentit des mains la soulever vers une autre surface dure. On lui posait des tas d'électrodes sur les bras, la tête, le buste.
Bip bip. Fit le cardiogramme.
- ...illez-la ! Il... Aut... Éillée. Parvint-elle à entendre.
Elle sentit alors deux plaques gelées se plaquer contre sa poitrine. En une fraction de seconde, ces dernières lui inffligèrent une décharge de 200 volts.
Bibibip. Bibibip.
Le buste de la jeune femme se cabra en arrière. Elle ouvrit les yeux à la seconde où le choc traversa son corps. Son souffle fut coupé quelques instants.
Bip. Bip.
- Здравствуйте (bonjour à toi) Anastasia. Déclara un médecin. Le médecin qui l'avait opéré la première fois.
Sa tête ronde, antipathique, ses petites lunettes affreuses et sa voix désagréable n'avaient pas changés...
- Prête à devenir le chef du Soldat de l'Hiver ?
Abygaïl murmura quelque chose avec une voix inaudible, le regard atrocement faible.
- Pardon ? Demanda le médecin en s'approchant d'elle.
La jeune soviétique ne se fit pas prier et lui cracha au visage. Le regard soudainement empli de haine.
Les infirmières l'attachèrent avec tout un tas de sangles afin de la garder immobile.
- Tu n'as pas changé. Toujours aussi impertinente. Ricana le médecin en essuyant le visage.
Bip bip.
A ces mots, l'homme se tourna dos à elle et commença à attraper une seringue à laquelle il vissa un cylindre de verre contenant un liquide inquiétant.
Abygaïl suivait ses actions du regard avec appréhension.
Le docteur s'approcha de nouveau d'elle sans même la regarder et lui injecta la totalité du sérum dans le bras.
A partir de ce moment-là, tout devint brumeux pour Abygaïl. Une douleur lancinante prenait possession de son corps, elle pouvait sentir le sérum parcourir ses veines.
Bip. Bip.
Malgré cela, elle avait à nouveau fermé ses yeux, et n'entendait que des bribes de conversations.
Elle entendit soudain le bruit aigu et terrifiant d'une fraise avant de sentir une forte douleur au bas ventre. Visiblement, ce n'était pas une fraise...
Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.
- On l'a perdu docteur. Elle est morte. Annonça une infirmière.
- Scheiße (merde). Déclara-t-il. Tant pis. Débranchez-la, ce bruit est insupportable ! Grogna-t-il.
Biiiiii-
Les électrodes furent retirées et les machines éteintes.
- Qu'est ce qu'on en fait docteur ? Demanda l'un des infirmières.
- Quelle question ! Que fait-on d'un objet lorsqu'il est cassé ?
- Um... On le jette ? Tenta-t-elle.
- Exactement ! Jetez la dans la Volga. Ce fleuve l'emportera où bon lui semble. Je m'en fiche.
- Bien.
Les infirmières attrapèrent le corps inerte d'Abygaïl et la jetèrent dans l'eau glacée par l'hiver de la Volga. Même si elle avait été en parfaite santé, elle serait morte d'hypothermie.
***
Alors que James venait d'être de nouveau privé de sa mémoire, il fut transféré dans sa pseudo-chambre.
Épuisé, il s'endormit quasiment de suite...
Mais son subconscient en décida autrement. Il fit un cauchemar atroce. Il voyait une femme en pleurs. Non, il savait que c'était une femme mais il n'arrivait pas à voir son visage.
"Ne m'abandonne pas."
"Ne m'abandonne pas."
"Ne m'abandonne pas."
Sa voix douce et brisée tournait en boucle.
" Mais qui est elle ?! " Se demanda-t-il en se levant d'un saut de son lit.
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James Buchanan Barnes : The Winter Savior
Fanfiction"Ne fais confiance à personne. Surtout pas à moi."