J'avais encore du mal à bien comprendre ce qu'il venait de se passer. Je pensais être tombée dans le gouffre de l'incertitude quand Nevra m'avait mordue, mais là ! Que mon père rentre à Laria était plutôt rare mais qu'il y rentre pour demander l'aide de la garde, ce n'était jamais arrivé. Le plus fou, dans cette histoire, était bien sûr que mes amis et moi participions à cette mission. J'étais, d'ailleurs, très excitée à ce propos même s'il faudrait que je me débrouille pour éviter Nevra durant toute la durée de la mission. Et étant donné qu'on ferait le voyage sur le dos de Spy, ça s'annonçait difficile.
Quand papa nous avait dit que nous avions deux heures pour nous préparer, je n'avais pas perdu de temps et était parti faire mon sac. Bien que, finalement, je ne savais pas trop quoi mettre à l'intérieur. Nous ne savions pas du tout en quoi consisterait la mission, ni même le temps qu'elle prendrait. Après quelques minutes de réflexion, je me décidai finalement à prendre des vêtements pour quelques jours, mon épée que j'accrochai à la ceinture de ma jupe, de la nourriture pour Maldra, quelques affaires de toilette, et les dernières potions de soin que Nihale m'avait donné. Spy me regardait avec de grands yeux comprenant que quelque chose se tramait. Je m'accroupis pour être à la hauteur de mon petit maldra et lui caressai la tête.
— Je suis désolée Spy. Je crois que tu vas avoir du travail aujourd'hui.
Mon familier me répondit en se frottant contre moi. Bien entendu, les maldra étaient une espèce très résistante mais la distance entre Laria et Andor était quand même assez grande et une vingtaine de personnes plus leurs familiers, ça risquait de peser lourd. De plus, il ne fallait pas qu'il soit stressé sinon il risquerait de ne pas réussir à garder sa forme adulte. Il fallait que je le divertisse avant le grand voyage, si je ne voulais pas que tout le monde s'écrase au sol. Je me levai donc et lançai une petite flamme en l'air. Spy s'empressa de s'envoler et de l'avaler. Les maldra ne mangeaient pas vraiment les flammes, c'était comme des sortes de friandises pour eux. Et mes flammes avaient l'air d'être particulièrement bonnes. Enfin, d'après mon familier.
Une fois que notre partie de "câlin ou flamme" fut terminée je sortis, suivie de Spy, en direction du laboratoire d'alchimie. Il restait encore une heure et tel que je connaissais Nihale, elle avait, sans nul doute, besoin d'aide pour préparer ses affaires. Alors que j'arrivais au niveau du grand escalier, je vis un homme regarder discrètement par la porte du laboratoire. Je ne mis pas très longtemps à le reconnaître. De longs cheveux bleus attachés en queue de cheval, de longues oreilles pointues et une sacoche de fioles en bandoulière. Oui, il s'agissait bien du chef des Absynthes. Ce qui était d'autant plus étrange parce qu'habituellement, il ne se gênait pas pour entrer dans le laboratoire.
Après un geste en direction de mon familier, l'incitant au silence, je me cachai derrière le bas des escaliers, histoire de ne pas être vue. De là où j'étais, je ne pouvais pas voir l'intérieur du laboratoire mais j'entendis clairement la voix de Nihale et celle d'un des infirmiers de la garde, Sennar. Bien qu'Eweleïn soit le médecin en chef, c'était avec Sennar que mon amie passait du temps, quand elle avait besoin de conseil en ce qui concernait les potions de soin. Mais d'après ce que j'entendais, c'était plutôt Sennar qui était venu aider la nymphe, sans qu'elle ait eu besoin de le demander.— C'est dommage que tu doives partir. Tu es de bonne compagnie quand je dois passer des heures dans le labo à préparer des remèdes, dit l'elfe.
— C'est gentil mais à vrai dire, je ne sais même pas pour combien de temps j'en ai.
— En tous cas, j'espère que cette mission ne sera pas trop dangereuse. Je n'aimerais pas te voir blessée.
Même si je n'étais pas avec eux, je pouvais deviner que Nihale rougissait. Depuis que nous étions entrées dans la garde, elle avait beaucoup moins peur du contact avec la gente masculine mais une approche aussi directe ne la laissait pas de marbre. Quant à Ezarel, je le voyais serrer les poings devant les avances de Sennar. Serait-il jaloux de l'infirmier ? Se pourrait-il que Nihale m'ait caché des choses ? Le chef des Absynthes finit par rentrer bruyamment dans l'antre des potions.
— Nihale, tu as fini ? Le temps passe et tu dois encore préparer ta valise. Je n'accepterai pas que nous soyons retardés par un membre de ma garde. »
Je m'avançais un peu dans les escaliers afin de voir ce qu'il se passait à l'intérieur de la salle. Nihale baissa la tête et sortit sans un mot. Pendant ce temps, une véritable joute de regards se jouait entre les deux elfes. Décidément, mon amie avait du succès auprès des membres de sa garde. C'est Mélodie qui me vit en première. Elle courut presque dans les escaliers et commença à jouer avec Spy.
— Aya' ? Pourquoi attends-tu ici ?
Je mis un doigt sur mes lèvres pour lui faire signe de se taire et nous avançâmes dans les couloirs.
— Je ne savais pas que Sennar et Ezarel s'intéressaient tous les deux à toi, lui dis-je.
— De quoi ? J'entends pas bien ! Dit-elle en esquivant ma remarque, un sourire gêné sur les lèvres.
Je lui souris tout en continuant mon chemin. Ces temps-ci, je n'étais pas la mieux placée pour parler d'amour avec tous les problèmes que j'avais avec le chef vampire.
Une demi-heure plus tard, allongée sur le lit de mon amie, je désespérais. Comment une personne ayant vécu la moitié de sa vie dans la forêt pouvait-elle avoir autant de vêtements ?
— Encore heureux que tu ais une valise sans fond.
— C'est entre autres pour cette raison que je me permets d'emporter presque toute mon armoire, me dit-elle en souriant.
— Je te rappelle que nous voyagerons sur Spy. Je ne veux pas qu'il ait des problèmes de dos à cause de ta valise.
Évidemment, je savais bien que les valises sans fond gardaient toujours le même poids, mais j'espérais pouvoir faire accélérer mon amie. Heureusement qu'elle avait déjà rempli sa sacoche de potions en tous genres. C'était déjà une chose de faite.
— Tu devrais te dépêcher. Tu sais que mon père n'est pas très patient.
— Oui, oui, je sais.
À peine termina-t-elle sa phrase, qu'elle tomba littéralement dans sa valise.
— J'en peux plus... Comment ai-je fait pour avoir une meilleure amie pareille...
— J'ai entendu ! Me répondit la voix de Nihale, au fond de la valise.
— Bon... Mélodie. Va la chercher !
Le chatigris se téléporta et réapparut quelques secondes plus tard avec sa maîtresse, une paire de chaussures dans les bras.
— Mais ! J'avais pas fini !
Après un énième soupir, je réussis à nous faire décoller de la chambre de mon amie. Nous étions presque arrivées dans les jardins quand Nihale s'arrêta net.
— Attends ! J'ai oublié mon arc !
Je m'arrêtais à mon tour, regardant mon amie avec de grands yeux choqués.
— Tu n'es pas sérieuse ?
— Mais si ! J'étais focalisée sur ton cadeau et du coup, j'ai oublié...
Dès que Nihale finit sa phrase, elle porta ses mains à sa bouche.
— Oups, grillée.
— Puis-je savoir de quel cadeau tu parles ? Demandais-je, intéressée.
— Un cadeau ? Quel cadeau ? »
Je n'en demandais pas plus. Nihale pouvait être aussi butée qu'un strangulon quand elle s'y mettait. Elle se téléporta, à l'aide de son familier, jusqu'à sa chambre et quelques minutes plus tard, nous courrions vers le lieu de rendez-vous, à l'autre bout des jardins.
— Vous êtes enfin là toutes les deux. On se demandait quand vous arriveriez, s'exclama mon père, quand il nous vit arriver.
— Pardon papa, répondis-je en baissant la tête.
Spy comprit ce qu'il devait faire avant même que je ne lui demande. Il reprit sa taille adulte et laissa les gardiens monter docilement. Sans un mot, Nihale se contenta de prendre place sur le maldra, Mélodie dans les bras.
— Tu ne devrais pas les disputer, papa. Tu sais bien que les filles sont toujours en retard, dit Natsu en s'approchant de nous.
Je soupirai à la remarque de mon frère. Des fois, je ne savais s'il voulait juste se moquer de moi ou non. Alors que les derniers bagages étaient placés sur Spy, deux gardes royaux montèrent sur leurs pégases et mon père, mon frère et moi déplièrent nos ailes. Le but était de donner le moins de charge possible à mon familier. Nous décollâmes dès que tout le monde fut installé. Je jetai un coup d'œil en arrière, histoire de voir si tout allait bien. Nihale et Silel étaient assis à l'avant suivis des trois chefs de garde et des gardiens royaux. Je souris en voyant qu'Ezarel envoyait des coups d'œil réguliers à mon amie. C'était vraiment adorable. Elle avait de la chance, même si elle ne s'en rendait pas compte. Juste à côté de l'elfe, Valkyon et Nevra discutaient quand ce dernier tourna la tête dans ma direction. Je détournais immédiatement les yeux, me sentant rougir.
Après trois longues heures de vol, la fatigue commença à se faire sentir. Mon frère, volant à côté de moi, avait l'air de pouvoir encore tenir le coup mais je savais qu'il fatiguait aussi. Notre père devait l'avoir remarqué car il déclara d'une voix forte afin qu'on puisse tous l'entendre :
— Nous allons faire une pause ! Ayane, dit à Spy de nous suivre !
J'hochais la tête d'un air entendu et fit signe à Spy de descendre. Mon familier et les pégases atterrirent à l'orée d'une forêt. Je ne savais pas si nous avions des ennemis directs mais mon père cherchait clairement à ce que nous soyons le plus discret possible. Nous fîmes un rapide tour du périmètre en volant. Comme nous n'avions rien à signaler nous finîmes par atterrir à côté des autres.
Nihale tenait Mélodie, endormie dans ses bras. Certains gardiens semblaient sortir d'un sommeil profond alors qu'ils descendaient du Maldra.
— Alors ce voyage ? Pas trop secoués ? Demandais-je à Nihale qui m'avait rejointe.
— Ça va. Silel est un très bon oreiller ! Me répondit-elle en riant.
Je souris en tournant la tête vers le vampire aux yeux rouges. Il avait l'air, lui aussi, d'avoir terminé sa nuit.
— Je me suis endormi..., dit-il.
Cette phrase, prononcée comme une véritable révélation, nous fit éclater de rire. Natsu nous rejoignit et, après avoir donné à manger à nos familiers, nous nous dégourdîmes un peu les jambes tout en discutant de cette fameuse mission.
Malheureusement, mon père nous rappela à l'ordre en nous faisant signe qu'on levait le camp. De retour à plus de trois mille mètres de hauteur, certains se remirent à ronfler alors que je m'approchais de Spy. Natsu me suivit et nous reprîmes la discussion que nous avions avec nos amis. J'essayais de voler le moins à l'horizontal possible. J'avais déjà vu que certains gardiens s'amusaient à regarder sous ma jupe. Mais quelle idée j'avais eu de mettre ça... J'aurais du mettre un short.
Les conversations allaient bon train quand Ezarel déclara haut et fort qu'il avait faim. Il n'en fallut pas plus pour donner le top départ. Tout le monde se mit à sortir sa nourriture et un véritable pique-nique se mit en place sur le dos de Spy. Nihale me donna un casse-croûte que je mangeai en volant. Je me posai quelques instants avec mes amis pour boire tout en restant à bonne distance de Nevra. J'avais un mauvais souvenir de la dernière fois où il avait eut faim.
Quand, finalement, nous arrivâmes à Andor, la nuit tombait. J'avais déjà eu l'occasion d'avoir cette vue quand je venais rendre visite à mes parents mais c'était toujours aussi impressionnant. La ville faisait au moins dix fois la taille de Laria. Digne d'une capitale, les rues s'entremêlaient un peu dans tous les sens à n'en plus finir. Mais le plus impressionnant, surtout de nuit, était sans conteste le château. Il surmontait la ville de sa hauteur et ses lumières illuminaient la nuit. Installé au centre de la ville, le château royal était de style médiéval avec un petit air contemporain. J'avais beau y avoir passé beaucoup de temps, je ne connaissais même pas la moitié des pièces. Les tours de guet étaient surmontés de flambeaux qui nous permirent d'atterrir sans risque dans la cour.
Un gardien courut vers nous alors que les passagers descendaient.
— Heureux que vous soyez arrivé sain et sauf mon général, dit-il en s'adressant à mon père.
Je ne l'avais jamais vu mais, après tout, je ne connaissais pas tout le monde. Il s'inclina légèrement vers mon frère et moi et nous incita à le suivre. Ce que nous fîmes, une fois que tout le monde eut mit pieds à terre. Je pris Spy dans mes bras alors qu'il retrouvait sa taille infantile. Il s'endormit presque instantanément. Il devait être exténué. Les jambes endormies, nous rejoignirent tant bien que mal la salle du trône.
Le gardien qui nous guidait ouvrit la lourde porte d'un claquement de doigts et s'inclina, nous laissant entrer. A l'intérieur, une grande table pleine de nourriture nous attendait. Bizarrement, cela ne m'étonna pas de voir mon frère se précipiter dessus. Silel le suivit, plus hésitant, mais trouva son bonheur tant les mets étaient divers. Après un coup d'œil à Nihale, je vis qu'elle aussi se retenait de rire. Cependant, je n'eus pas à me retenir longtemps car un gardien venait d'entrer dans la salle par une porte opposée.
— Sa majesté, le roi Soundrus, la reine Elisa et la princesse Yuri.
Sur ce, le gardien s'inclina et sortit de la salle alors que les trois personnes annoncées entraient, suivit par une femme que je reconnus aussitôt. Les membres de la famille royale s'installèrent sur leurs trônes dans le plus grand silence. Le roi, âgé d'une cinquantaine d'années était aussi grand et fier que dans mes souvenirs. Ses cheveux poivre et sel lui donnaient un air sévère qui n'était absolument pas justifié car, malgré ses vêtements militaires, il était d'une grande gentillesse et gouvernait avec sagesse. La reine Elisa, vêtue d'une robe somptueuse, souriait comme si elle se trouvait à une réunion de famille très attendue. Plus petite que son mari, elle était cependant élancée et fine et avait l'air majestueux que je lui avais toujours connu. La princesse Yuri, âgée d'une vingtaine d'années, ressemblait énormément à sa mère et ses longs cheveux blancs tombaient élégamment sur ses épaules. Son sang de dryade lui donnait une grâce peu commune qui allait parfaitement avec son tempérament... royal.
Quand à la femme qui avait suivit le trio, elle se tenait debout à côté de la reine. Ses vêtements n'étaient clairement pas de la même catégorie. Elle portait une longue robe aux légers reflets rouges. Ses longs cheveux bruns entouraient un magnifique visage qui me regardait avec une joie sans nom. Elle était la meilleure amie de la reine, sa dame de compagnie, ma mère, Leila Dragneel.
Mon père et ses soldats saluèrent, vite suivis par les chefs de garde et mes amis et moi. J'étais tellement heureuse de pouvoir voir ma mère que j'étais prête à oublier le protocole et courir dans ses bras. C'est ce moment que le roi choisit pour prendre la parole.
— Bienvenue à tous. J'espère que le voyage n'a pas été trop éprouvant. Avez-vous tous les combattants que vous vouliez, général Dragneel ?
Mon père acquiesça et, après une petite discussion avec le roi, il fut convenu qu'une réunion se tiendrait demain matin afin d'expliquer les détails de la mission. Ce n'était pas aujourd'hui que j'allais savoir de quoi il en retournait. Après que les gardiens soient retournés à leur poste, ma mère s'approcha de moi et me prit dans ses bras.
— Tu m'as manqué ma chérie. Comme vas-tu ?
— Je vais bien, maman, lui répondis-je, au bord des larmes.
Ma mère prit aussi Natsu dans ses bras, bien que celui-ci ne soit pas trop d'accord. Jugeant que cet acte d'affection ne devait pas être montré en public. Ce qui me fit bien rire d'ailleurs. Ma mère finit dans les bras de mon père avant de rejoindre la reine qui lui souriait gentiment. Mes parents n'avaient pas été séparés longtemps mais, pour eux, deux jours semblaient être une éternité. J'enviais un amour si fort.
— Venez, tous les quatre. Vous êtes encore sous notre responsabilité, dit Valkyon derrière nous.
Mon père allait nous laisser partir quand une voix nous arrêta.
VOUS LISEZ
« Je t'ai toujours regardé... » [Fanfiction Eldarya]
FanficEldarya ! Ce monde principalement connu pour sa garde si unique. Moi, Ayane, rêve de pouvoir y entrer afin de combattre les monstres et les bandits qui peuplent le royaume d'Eel. Avec mon amie, Nihale, je m'apprête à passer l'examen qui nous permett...