The End

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    Je fixais l'écran lumineux sans ciller. Incapable de le lâcher des yeux alors que mes mains tremblaient. Seul trois mots trônaient en noir sur le fond blanc. Trois mots qui se détachaient nettement, trois mots qui se répétaient en boucle dans mon esprit... parmi d'autres. Trois mots qui sonnaient presque comme une sentence. Une libération d'une part. Mais une libération bien fade, bien éphémère...

Je le savais.

Malgré tout, j'en étais arrivé à les fixer avec soulagement et hésitation. Je voulais en finir. Cela avait assez duré. Nous nous étions assez blessés. Et pourtant, je n'arrivais pas à les exécuter. Je n'arrivais pas à les presser. Je ne souhaitais pas que cela se finisse comme ça. Je n'avais jamais souhaité que cela s'arrête ainsi. Même les rares fois où j'avais cru bon de m'éloigner, de cesser tout contact, je n'avais jamais voulu que ce soit définitif. L'espoir est un poison. Un poison qui me rongeait à présent. Je fixais ces lettres en me disant ''Et si...?'' Je ne voulais pas tout rompre d'un coup. Je ne voulais pas que cela s'arrête là. Pas sur ces paroles.

L'amour n'est qu'à un pas de la haine.

Pas sur ces mots qui me déchiraient le cœur. Pas sur ce sentiment de haine, de colère. Je n'avais jamais voulu ça. Je ne l'avais pas voulu mais je n'en étais pas moins responsable d'une part. Je ne pouvais pas t'accuser de tout les tords. Plus j'y pensais, plus l'évidence me sautait au visage. Nous étions deux.

Il faut être deux pour se quereller, deux pour se haïr... Deux pour s'aimer.

C'était ce que je n'avais pas voulu...

Mon portable vibra une nouvelle fois dans mes mains. J'arrachais mon regard à ces mots pour le river à d'autres. A d'autres douloureusement blessants. Je parcourus les quelques lignes du message. Les larmes dévalèrent mes joues sur des tracés déjà humides. J'avais mal. Mon cœur me pesait des tonnes. J'avais envie de hurler! De balancer ce téléphone, de ne plus jamais le tenir entre mes paumes, de ne plus lire ces lignes, de ne plus entendre ses mots dans ma tête! J'armais mon bras. Je voulais tellement que tout cela cesse. Je voulais tellement ne plus avoir mal! Ne plus souffrir pour toi! J'avais fait un choix. J'en avais choisi un autre. Alors pourquoi est ce que tout cela m'était si douloureux? Pourquoi ne pouvais-je pas juste te tourner le dos? Ne plus penser à toi? Ne plus souffrir pour toi? Je fixais avec hargne un point en face de moi et serrais l'objet métallique de toutes mes forces dans ma main. C'était tellement simple. Je n'avais qu'un geste à faire. Je n'avais qu'à le souhaiter. Les dents serrées à l'extrême, je visualisais parfaitement mon geste. Je visualisais le portable volant à travers la pièce pour se fracasser contre le mur. Cela aurait été si simple...

C'était ce que j'aurais dû faire lorsque j'avais reçu ton premier message. C'est ce que j'aurais dû faire il y a quelques heures. J'avais eu la même envie vengeresse. J'avais regardé ton premier message sans comprendre. Le premier que je recevais depuis longtemps. Je pensais à ce moment-là que la situation s'était un peu apaisée. J'abordais ces vacances comme la fin de plusieurs choses et le début d'autres. La fin du collège. La fin des cachoteries. Le début d'une relation sans doute possible avec lui. Le début de ma vie de lycéenne. Je pensais que les histoires du collège resteraient derrière moi. Je pensais que nous nous reverrions peut être et que cette histoire serait passée, oubliée.

C'était sans compté sur toi...

Toi qui me rattrapait après deux semaines calmes. Toi qui avais besoin de vider ton sac, de me dire tout ce que tu n'avais pas pu me dire en face. Toi qui avais besoin de ça pour tourner définitivement la page. Je t'ai haïs! J'avais eu envie à mon tour de te retourner tes quatre vérités. J'avais voulu te faire mal autant que tu m'avais fait mal avec ce simple petit message. J'avais hésité pendant plus d'une heure à te répondre. Une part de moi me soufflait qu'il y avait eu assez de souffrance, assez de coups bas pour chacun, que nous devions tous les deux passer à autre chose. Cette voix-là, je souhaitais l'écouter. Je savais que ça ne changerait rien à la situation de répondre, que ça ne rajouterait que de l'huile sur le feu.

Écrits en vracOù les histoires vivent. Découvrez maintenant