Chapitre 1

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C'est l'été, il fait une chaleur étouffante. Emma lit tranquillement sur son balcon. Cléo miaule à l'intérieur de l'appartement. Il a sûrement soif lui aussi. Elle rentrera dans une minute. La chaleur l'empêche de se lever. Elle s'affale de tout son long, et repose son livre. Elle se met à rêvasser et son regard se perd dans le vide. Soudain, elle aperçoit en bas de son immeuble, dans la ruelle, un homme masqué qui se jette sur un vieillard. Il se déplace gracieusement, en se collant à lui discrètement, et lui enfonce quelque chose dans le dos. Le vieil homme laisse échapper un son roque de sa bouche et s'écroule. Le tueur masqué s'apprêtant à ramasser le vieillard pour s'en débarrasser, s'essuie le front avec son avant – bras. Son masque qui couvrait alors sa bouche, tombe. Ses yeux se posent sur un immeuble. On l'observe de là-haut. Une jeune fille ne peut s'empêcher de le fixer. Emma qui a alors essayé de se glisser discrètement dans son appartement, s'arrête dans son mouvement, et croise le regard du tueur. Ils se fixent tout deux pendant une bonne seconde, puis elle s'arrache brusquement de la fenêtre, et se colle contre le mur se son appartement.

- Merde ! Quelle conne il t'a vu maintenant ! se dit-elle.

Elle attend plusieurs secondes et rejette un œil par la fenêtre, restée ouverte. En bas il n'y a plus personne. Pas de trace du tueur ni du vieil homme. Elle a peut-être rêvé après tout !

- Il fait si chaud ! Je dois délirer !

Elle enlève par précaution toutes ses affaires qui trainent sur le balcon.

-Je ne peux pas prendre le risque qu'il devine où j'habite grâce à mes affaires. Et si meurtre il y a eu, alors la police va sûrement rappliquer ici. Non, elle ne peut pas prendre le risque d'avoir affaire à la police !

Quelques minutes plus tard, Emma entend des bruits de pas dans le couloir. Les murs de son appartement étant fins comme du papier à cigarette, elle entend tout à travers. Mais cela ne la dérange pas. En temps normal, elle ne passe pas beaucoup de temps dans son appartement. Avec ses deux boulots, elle rentre pour dormir et nourrir Cléo. Les bruits de pas s'intensifient. « Pourquoi suis-je aller sur ce maudit balcon ? » Qui n'en ait pas un à proprement parler, c'est en fait une sortie de secours qu'elle à aménager comme un coin lecture. C'est lui dans le couloir, le tueur masqué, elle le sent. Ses pas se rapprochent de la porte.

-Il va entrer de force et me tuer se dit-elle.

-A quoi peut-il bien penser ? A quoi peut bien penser un tueur ?

Peut-être ne va-t-il rien lui faire. Après tout ce n'est qu'une pauvre femme innocente et sans défense. Mais elle repense au fait qu'il y a à peine une minute, il vient de tuer une personne âgée. Elle ne peut s'empêcher de se faufiler près de la porte. Elle se glisse sur la pointe des pieds vers le judas, mais ne voit personne. Elle entend sa respiration. Il l'entend aussi. Il reste silencieusement contre la porte. Elle se laisse glisser contre et s'assoie par terre. Deux centimètres de béton les séparent. Elle attend. Quoi ? Elle ne sait pas. Elle a peur, son cœur s'emballe. Elle ferme les yeux. Va-t-il entrer ? Hésite-t-il ? Elle se demande bien pourquoi il a tué cet homme en bas et en plein jour ? Elle a une envie irrésistible de lui demander là comme ça, à travers la porte. Mais elle se retient, quand elle l'entend bouger, puis s'éloigner de la porte. Ses pas résonnent sur le ciment puis s'estompent. Emma les entend encore en murmure. « Mon dieu qu'il fait chaud, mais qu'est ce qui vient de se passer ? » Elle n'arrive plus à réfléchir. Elle se relève et prend Cléo dans ses bras. Cela fait un moment qu'il a cessé de miauler. A-t-il senti le danger lui aussi ? Elle lui verse à boire dans sa coupelle, puis regarde par la fenêtre. Elle aperçoit un homme de dos qui se dirige d'un pas rapide vers la ville. Elle n'a pas rêvé ?! Ou est-ce encore un mirage ? Tel un courant d'air, Emma claque la porte de son appartement et descend quatre à quatre les escaliers pour rejoindre à grandes foulées l'extérieur. Elle prend la même direction que lui. Elle se retrouve sur l'avenue principale, et regarde à travers la masse de gens. Elle l'aperçoit, mêlé à la foule. Elle le suit. Il entre dans un café. Elle est sorti si précipitamment de chez elle qu'elle n'a rien pour payer ne serais- ce qu'une consommation. Elle fouille dans son jean, par chance, il lui reste son pourboire de cette nuit.

- Laisser trainer ma monnaie, auras finalement eu du bon ! ».

Elle entre à son tour dans le café d'un pas décidé.

J & EmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant