J & Emma

Chapitre 5

La journée s'achève, c'est le crépuscule, et il commence à faire plus frai. Emma commence légèrement à frissonner. Jay la regarde et lui annonce :

-Je n'ai rien de plus chaud à te donner que cette veste, gamine.

-C'est pas ça...enfin si..., hum, j'aurais besoin d'un pantalon en fait.

Elle croise les jambes en plaçant ses mains entre ses cuisses, tout en se ratatinant dans son siège et en faisant la grimace.

-Désolé, mais là où on va tu n'en auras pas besoin de toute façon.

Emma le regarde éberlué.

-Je vous demande pardon ?!

Il a l'air concentré, et un tantinet énervé. Emma se demande si c'est le moment de lui reposer la fameuse question du 'où va-t-on ?'. Cela n'ayant pas donné grand-chose jusqu'à présent.

-Ils vont lui faire du mal ? Chuchote-t-elle au bout d'un moment.

-A qui ?

-A mon chat ? Ils vont le tuer vous croyez?

Jay se met à souffler et lève les yeux au ciel.

-Arrête de te tracasser avec ça. Tu ferais mieux de t'inquiéter pour toi.

-Mais je m'inquiète....le rassure-t-elle d'une voix lointaine.

Il ne répond rien et fixe le paysage de la ville éclairé, qui défile sous leurs yeux. Emma ne peut s'empêcher de le dévisager. Cet homme mystérieux, grand, brun aux yeux bleu, la peau claire, ferait presque peur, mais Emma est attirée comme un papillon vers la flamme. Elle perçoit dans son regard un certain charme qui la fait vaciller à chaque fois qu'il la regarde. Ils descendent au prochain arrêt. Jay tient toujours Emma collé contre lui sans menace d'arme cette fois. Il marche vite, Emma a du mal à suivre et manque de trébucher plusieurs fois. Heureusement Jay la maintient solidement. Il souffle plusieurs fois d'exaspération quand Emma manque de s'étaler, comme s'il tenait une enfant apprenant à marcher, mais celle-ci aperçoit un semblant de sourire sur son visage.

-Tout ceci l'amuse ou quoi ?! se demande-t-elle.

-Eh doucement !! J'ai des talons je vous le rappelle !

-On est bientôt arrivés.

-Où ça ? Ne peut-elle s'empêcher de demander.

Emma n'obtient pour réponse qu'un nouveau souffle d'agacement. Après plusieurs minutes et plusieurs faux pas, il finit par ralentir la cadence, arrivant près d'une file d'attente devant ce qui semble être un night-club. Il lâche soudainement Emma, et va se planter devant le videur.

-Ces deux-là ont l'air de se connaître, pense –t-elle.

Elle n'est franchement pas rassurée immobilisé dans la rue, vêtue seulement d'une petite culotte sous son manteau, le vent laisse apparaitre ses jambes nues. Les gens dans la file la regardent d'un drôle d'air. Elle commence à trembler de froid et aussi de peur. Elle ne sait pas où toute cette histoire va la mener. Mais d'une certaine façon, elle s'en fiche. Elle n'a plus vraiment la force de se débattre, et commence à se dire qu'elle devrait le suivre n'importe où. Premièrement, il ne veut pas la tuer, il lui avait clairement fait comprendre ou presque. Deuxièmement, outre le fait qu'elle le trouve charmant sous ses airs de tueur psychopathe, elle se sent en sécurité avec lui.

-Je dois être complètement cinglée, se dit-elle.

Elle essaie donc de s'éclaircir les idées pendant qu'il discute avec le videur de la lugubre boite de nuit. Elle se dit qu'elle n'a peut-être pas besoin de s'en faire. C'est plus un moyen de se rassurer, et de ne pas céder à la panique qu'autre chose mais bon. Elle aurait pu s'enfuir là, maintenant pendant qu'il lui tournait le dos, mais, au fond d'elle, et elle ne sait pas pourquoi, elle veut rester, voir ce que le reste de la nuit avec cet inconnu, cet homme ténébreux et mystérieux, allait lui apporter. Le videur qui ne faisait plus trop son travail, étant déranger par Jay, les gens commençaient à s'agglutiner çà et là, de part et d'autres des cordes rouges. Emma se retrouva un peu noyer dans la masse de gens, et se sentait de moins en moins à l'aise. Elle n'arrivait même plus trop à le distingué, il s'était comme rapprocher de plus en plus de l'entrée. Elle se disait qu'il l'avait peut-être déjà oublié ou qu'il désirait se débarrassé d'elle. Car en y réfléchissant bien – ce qu'Emma avait du mal à faire ce soir – elle était un boulet. Muni d'une tenue affriolante, et portant des talons hauts, qui ont peu le dire ne lui servaient pas très bien, étant donné sa maladresse. Elle se sentait ridicule au plus haut point. D'ordinaire, elle n'était déjà pas trop à l'aise dans son club vêtue de la sorte, alors ici en pleine rue ? Et après avoir marché pendant plus d'une heure, en trébuchant plus que de raison, la fatigue commençait à l'assaillir. Elle se demandait bien quelle tête affreuse elle devait avoir. Elle n'avait même pas eu le temps de se débarbouillé après son show calamiteux. Bref, elle commençait à se demander si elle ne devait pas battre en retraite définitivement, et abandonner tout le mystère environnant que le tueur masqué lui avait apporté aujourd'hui. Mais c'est à ce moment-là, alors qu'elle se sentait des plus abandonné, qu'elle vit une main, tendu vers elle. C'était la sienne, il était venu la chercher, écartant la foule. Sans dire un mot, il lui tendit son bras d'un air entendu. Elle le saisit avec un peu trop d'enthousiasme. Elle baissa immédiatement la tête, se sentant stupide une fois de plus. Elle ne savait rien de lui après tout. Elle ne savait pas ce qu'ils allaient faire dans cette boite, et ni ce qu'il voulait d'elle. Bref, elle ne savait rien, ne comprenait rien et se contentait d'avancer en lui tenant la main alors qu'il l'entrainait dans le couloir sombre et inquiétant de la boîte de nuit.