Texte n°16 : La lune est tellement belle à l'envers, tout comme le monde.

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  Ce soir-là, j'ai regardé les étoiles, et j'ai prononcé ton nom trois fois

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  Ce soir-là, j'ai regardé les étoiles, et j'ai prononcé ton nom trois fois. Ce nom si interdit habituellement, est resté figé trois fois sur mes lèvres. On pourrait croire que la Lune était à l'envers, tout comme le monde qui t'avait ôté la vie.

Tu sais, cette nuit-là, j'ai prié des milliers de fois pour que tu redescendes du Ciel éclairé par la lumière blafarde de la Lune. Celle-ci était à-demi pleine, et elle me donnait l'impression de te voir dans le reflet de l'eau. Sur le ponton où j'étais, l'eau vibrait aux sons des doux mots que tu me murmurais.

Je me rappelle, Mamie, tu me chuchotais à chaque fois que je ne voulais pas dormir :

« Papa va venir, et il va te gronder. C'est ça que tu veux ? Tu souhaite que ton père te punisse juste pour ça ? Allez dors mon ange. »

Après le «mon ange», j'étais en plein rêve éveillé. Tu sais, Mamie, tu as toujours été là pour me défendre. C'est fou comme tu me manque. La Lune s'est retournée, tout comme le monde d'ailleurs, quand tu es morte. Papa est devenu violent avec maman. Moi ? Je ne vis plus chez papa et maman. Ils m'ont mis dehors, Mamie.

Ils ont divorcé, les «deux grands nigauds » comme tu les surnommais à chaque fois qu'ils se disputaient devant moi. Oh ! C'était un surnom qui les représentait ! Aujourd'hui, Papa boit pour oublier, et Maman survit en tant que prostitué.

Le monde change, la roue tourne. Et ça, c'est depuis que tu es morte, Mamie.

Reviens, s'il te plaît. Et fais-le changer une seconde fois.

Ta Camille qui t'aime.   

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