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23:48

Je soupire et ouvre la porte vitrée du balcon. J'entre et la referme derrière moi.

Moi: Mo'..

Il ne se retourne toujours pas et se contente de recracher la fumée de sa clope dans l'air.

Moi: Depuis quand tu fume toi?

Il ne bouge toujours pas.

Sneaz: Depuis que t'es partie.

Son ton est ironique, il m'énerve quand il fait ça. En plus il a bien insisté sur le "partie".

Moi: Arrêtes de faire le gamin.

Il me lance un regard noir.

Moi: Je comprends pas pourquoi tu m'en veux encore. Je t'ai dit que c'est mon père qui m'y as envoyée. J'avais 15 piges tu voulais que je fasse quoi?

Il souffle et remet la visière de sa casquette Ralph Lauren.

Sneaz: T'aurais pu nous prévenir et on t'aurais hébergée, on t'aurais cachée tu le sais très bien. Tu venais tous les week ends chez moi, ma mère te considérait comme sa fille.

Ses mots me fendent le cœur, tellement de souvenirs remontent, c'est horrible.

Moi: Tu t'entends parler? C'est insensé ce que tu me dit, j'allais pas fuguer.

Un silence s'installe.

Moi: Tout ça est partit de mon histoire avec Ken de toute façon.

Il me regarde fixement.

Sneaz: T'insinue que c'est de sa faute?

Je fronce les sourcils.

Moi: Nan.. Je regrette pas d'avoir vécu ça avec lui tu le sais très bien.

Il soupire et pose sa tête entre ses bras. J'hésite un petit moment avant de caler ma tête sur son épaule. J'suis sûre qu'il est entrain de sourire.

Sneaz: Ces 3 dernières années ont été horribles pour lui et pour nous en même temps. Il passait son temps à fumer et boire pour t'oublier, t'étais omniprésente dans sa tête. On a tout fait pour lui remonter le moral, mais rien ne fonctionnait. Il répétait h24 "Tant qu'elle est pas là je peux pas vivre."

Les larmes me montent aux yeux, je déteste pleurer mais juste le fait d'imaginer sa souffrance me tue. Je comprend tout à fait parce que j'ai ressenti la même.

Sneaz: Et puis il y'a un an, Framal lui a présenté Inès. Au début ils étaient juste sex friend et puis petit à petit ils se sont mit ensemble. On sait tous que c'est parce qu'elle lui rappelle toi. Vous avez le même caractère et ça s'est vu dès la première rencontre.

Je renifle et sors le paquet de mouchoirs de la veste Nike que Mekra m'a prêté.

Moi: C'est du passé, il m'as complètement remplacée.

Sneaz: J'en serais pas si sûr à ta place.

Il me sourit légèrement et se lève. Je saisis le spliff qui traînait sur la table en bois et l'allume. Je ne fume pas mais là c'est vraiment urgent.

Je ne sais pas quoi faire. Si je dois l'appeler ou l'oublier. Si je dois penser à mon bonheur ou au sien. Si je dois être égoïste ou altruiste.

Après une très longue réflexion, je sors mon portable et compose son numéro que je connais par cœur. Espérons qu'il ait pas changé de numéro. Ça sonne mais il ne décroche pas. A la dernière sonnerie, j'allais abandonner mais sa voix résonne. Mon cœur s'accélère alors que mon pouls s'emballe.

Ken: Allo?

J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort.

Ken: C'est qui putain? C'est une blague?

Mon cœur se fend, il a supprimé mon numéro. Je n'aurais pas dû me faire de faux espoirs comme ça.

Moi: Désolée.

Je raccroche directement. Je me mord la lèvre et me fou une petite gifle.

Moi: Putain t'es trop conne, t'aurais pas dû.

Je m'acharnais sur mon sort jusqu'à ce mon portable se mette à sonner. C'est lui. J'inspire profondément et décroche.

Ken: A-Alya?
Moi: Oui.
Ken: Tu veux quoi?
Moi: Te parler.

J'entends un soupir.

Ken: Quand?
Moi: Maintenant?
Ken: Ok. Dans 20 minutes à notre endroit.
Moi: Ok.

Il raccroche. Il vient de dire "notre" endroit, je souris inconsciemment.
Je me ressaisis et me dépêche de retourner à l'intérieur pour me changer. Je troque ma robe moulante pour un jogging du PSG avec un pull Nike et mes huaraches blanches. Je met ma caquette noir et pars voir Aténa.

Moi: Je sors 3 secondes, je reviens.

Elle éclate de rire et tombe au sol. Elle est bourrée cette conne. Je me tourne vers le seul mec sobre, Sneaz.

Moi: Je sors, fais attention à l'appart.

Il me fait un clin d'œil et je lui souris. J'enfonce mes écouteurs et commence à marcher dans le noir. Sur le chemin, je me fais une tonne de scénarios dans ma tête. Va- t- il me repousser? M'insulter? Me rabaisser? Me pardonner dans le meilleur des cas?

Une quinzaine de minutes plus tard, j'arrive au petit square près de mon ancien collège. Il est déjà là, assit sur notre banc. Allez Alya. J'inspire une bouffée d'air et m'avance vers lui. À cause de mes pas sur les petits graviers il se tourne en ma direction. Je m'assois assez loin de lui.

Ken: Fais vite, Inès m'attends.

Je le fusille du regard et me lève.

Moi: Vasy laisse tomber, ne la fait pas attendre.

Je souffle et fais demi tour. Ça a à peine commencer que c'est finit. J'ai une boule dans la gorge c'est horrible. J'entends des pas derrière moi.

Ken: Arrêtes toi putain. J'ai bougé pour venir jusque ici donc t'as intérêt à parler maintenant.

Moi: C'est bon oublies Nek. J'aurais jamais dû reprendre contact avec toi. Ce qu'il y'a eu entre nous c'est du passé, maintenant je vais refaire ma vie de mon côté.

Il m'attrape par le bras et me met face à lui.

Ken: Comment ça refaire ta vie? Tu l'as pas déjà refaite?

Moi: NAN PUTAIN, JE PENSAIS TOUT LE TEMPS À TOI MAIS T'ARRIVE PAS À COMPRENDRE ÇA.

Je baisse ma visière et fais demi tour. Il court et se place devant moi.

Ken: T'es revenu cette après midi et pourtant t'as quand même foutu le bordel dans ma vie. Je sais plus où j'en suis Alya, je savais quand j'étais avec Ines mais avec toi je suis perdu putain. Je continue à te détester, je veux que tu meurs mais que tu m'aime en même temps.

Toi sur moi // NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant