Ne me laisse pas.

25 - Lettre mystèrieuse

"Ne me laisse pas brûler d'impatience, ne m'abandonne pas à cet atroce silence, car j'ai besoin de ton affection, de tes sourires, de toi."

Assis sur le sol, dos posé contre le mur, regard dans le vide. Le souvenir de notre rencontre me revient en tête, ce moment qui a bouleversé ma vie à jamais. Il me permettait de sortir de ma routine mais ils en ont décidé autrement.

Depuis ce jour, Mercredi 17 avril, jusqu'à aujourd'hui, j'avais retrouvé gout à la vie.

Je n'arrive pas à croire ce qui vient de se passer. Je me sens trahi et humilié. Je ne sais pas quelle est la personne la plus ignoble entre mon père et Alexis. Je n'aurais jamais pensé ça de lui, c'était devenu la personne la plus proche de moi, physiquement. Mon premier amour. On dit toujours qu'il est rare de finir sa vie avec son premier amoureux, je ne manque pas à la règle seulement j'aurais préféré ne pas être pris autant pour un imbécile. J'ai beau réfléchir depuis déjà un bon moment, je ne comprends pourquoi. Est-ce vraiment pour de l'argent ? J'ai encore cet espoir d'avoir mal compris mais je ne peux ignorer le fait qu'il est parti avec le chèque en main sans m'adresser un mot ou même un regard m'indiquant le contraire. Je sers mon téléphone dans ma main droite de toutes mes forces attendant un appel ou un message de sa part mais rien ne se passe, l'écran reste noir.

La tête appuyée en arrière sur le mur, je laisse mes larmes couler. J'ai que ça à faire, je vais retourner dans ma vie, continuer à vivre comme un esclave jusqu'à atteindre mes dix-huit ans. J'ai vécu ainsi durant dix-sept ans alors je peux encore tenir, je vais juste devoir vivre avec ce goût amer de la trahison.

« - Chéri ... »

J'ouvre un œil apercevant ma mère à genoux à côté de moi, le regard brillant. Je ne sais même pas comment réagir avec elle. Cette situation est trop complexe pour moi. Je suis des yeux son bras se soulever jusqu'à poser sa main contre ma joue humide, essuyant mes larmes.

« - Je suis désolée » souffle-t-elle

« - Etre désolé ne va rien changer » murmurais-je déviant mon regard sur le sol, à l'endroit où se trouve le journal.

« - Je sais. Je veux simplement que tu saches que je suis présente pour toi. Je ne suis pas du même avis que ton père. Je n'ai rien contre toi ni contre le fait que tu aimes les hommes, j'ai toujours eu des doutes lorsque je te voyais plus regarder les garçons que les filles. » m'explique-t-elle

« - Pourquoi ne t'opposes-tu pas à papa ? Pourquoi avoir rempli et signé ce chèque ? Pourquoi le laisser me traiter ainsi ? Pourquoi maman ? » lui demandais-je gardant le regard rivé sur le journal alors qu'elle continue de caresser ma joue.

« - M'opposer à ton père ne servirait à rien, il ne m'écoutera jamais, il n'écoutera personne. J'ai rempli ce chèque parce que je n'avais pas le choix mon chéri. Je ne veux et ne voulais pas te faire du mal, tu es mon unique fils Thomas. Je ferais tout, absolument tout pour te protéger. » répond-elle laissant à son tour tomber quelques larmes

« - De quoi veux-tu me protéger ? »

Suite à ma question, sa main se fige sur ma joue quelques instants avant qu'elle ne la retire.

« - Écoute mon chéri, peut-être que ton père a finalement raison, ce jeune homme a simplement voulu te piéger pour avoir de l'argent ... tu sais, la plupart des personnes de cette île connaissent ton père et sa richesse. » dit-elle déviant volontairement ma question.

« - Mais, il m'a avoué ressentir des sentiments pour moi. On a passé des moments ensemble, des moments inoubliables pour moi. C'était mon premier petit copain ... » j'ai besoin de parler, je me confie rarement à ma mère mais cette fois-ci j'en ai besoin.