Ne me laisse pas.

37 - Altercation

"On ne peut rien changer à son destin."

Nos doigts entrelacés face au grand portail noir de ma maison, je me mords nerveusement la lèvre inférieure.

« - Tout va bien se passer, prend ça comme un nouveau départ. »

Je tourne légèrement mon visage pour regarder Alexis, mes yeux remplis d'anxiété rencontrent les siens remplis de tendresse. Un ridicule sourire prend place sur mon visage alors que mon copain ressert sa prise sur ma main pour me montrer qu'il me soutient.

Un petit bruit me fait à nouveau regarder le portail qui coulisse quelques secondes avant de s'arrêter, juste au moment où Carolina apparaît. Je libère aussitôt ma main pour sauter dans ses bras. J'enroule mes bras autour de son cou et y enfonce mon visage comme un petit enfant. Rien de mieux que de sentir l'amour qu'une personne nous porte.

Je finis par me détacher le sourire aux lèvres.

« - Alexis, mon garçon. Je suis contente de te voir. »

Carolina lui embrasse les joues. Alexis la regarde en souriant avec une pointe de timidité.

« - Ton père est dans son bureau, tu sais très bien que le week-end, il part plus tard de la maison. » M'annonce-t-elle

« - Mh, j'acquiesce, je sais. Rester dans son hôtel ou venir ici reviendrais à la même chose au final. Il sait très bien où je me trouve alors me voici, je suis prêt à l'affronter. »

« - Ne penses-tu pas qu'emmener Alexis avec toi, chez lui, n'est pas dangereux ? Il risque de le prendre comme une attaque, tu sais qu'il n'accepte pas que tu aimes les hommes. »

Je ne sais quoi lui répondre, effectivement, venir avec Alexis ne va rien arranger, je le sais.

« - Je suis présent pour éviter un acharnement inutile. Je ne laisserais personne insulter Thomas, bien qu'il ait son pouvoir de père, j'ai celui de petit ami protecteur. » Répond Alexis

« - Bien, jeune homme. Dit-elle à l'attention Alexis avant d'ancrer son regard au mien. Ta mère est aussi à la maison, elle m'a dit de t'ouvrir le temps de terminer ta valise. Tu vas quitter la maison pour un moment, je suppose, mais j'espère que tu viendras me voir chez moi. Vous êtes les bienvenus. »

« Bien sûr ! Je quitte cette maison, mais tu resteras toujours ma deuxième maman. »

Je m'avance d'un pas pour déposer un long bisou sur son front. Cette femme représente beaucoup pour moi, je l'aime tellement.

« - Euh, comment, comment on fait maintenant ? » Me demande-t-elle

« - On n'a... »

Je ne termine pas ma phrase, coupé par cette voix grave qui me glace le sang. Je sens Alexis faire quelques pas vers moi jusqu'à sentir sa main glisser de mon bras jusqu'à ma main qu'il sert fortement.

« - N'avais-je pas dit la dernière fois que je ne voulais plus te voir mettre un pied chez moi ? » Demande-t-il durement à Alexis.

« - Le chèque n'a jamais été encaissé comme vous avez dû le constater. Je ne respecte donc pas cette condition. Je ne veux pas de votre argent, je ne veux rien de vous. Il me regarde un instant avant de se concentrer à nouveau sur mon père. Enfin, si, je veux quelque chose de vous, votre fils. »

L'homme posté devant la porte d'entrée, main dans les poches, nous examine chacun notre tour avant de sortir son rire grinçant.

« - Cessons cette discussion qui nous mènera nulle part, jeune homme. Il descend la marche, avançant doucement vers nous. Je sais qui tu es, je sais ce que tu veux et je sais pourquoi tu es avec lui, il fait un geste de la tête vers moi en souriant. Je suis bien plus puissant que ce que tu, non, ce que vous croyez. Comment savoir que je suis accusé de détourner l'argent de mon entreprise, comment savoir que mon propre fils et ma propre femme s'allient contre moi, comment, oh, oui, ne fais pas cette tête Thomas. Il rigole à gorge déployée. Je n'ai pas besoin d'attendre une lettre de convocation, ne pense pas me piéger, dommage pour vous les documents compromettants sont déjà déplacés et gardés en sécurité dans un endroit bien caché. »