33 - Éloignement nécessaire

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"Il est plus facile pour un père d'avoir un fils que pour un enfant d'avoir un bon père."

Vendredi

« - Monsieur Soriani, Madame Soriani. »

Nous relevons simultanément nos visages vers la femme debout près de la porte de son bureau.

« - Je suis Maître Barrel, nous allons discuter dans mon bureau, veuillez prendre place. »

Ma mère s'installe sur le siège gauche, je prends donc place sur son opposé.

« - Après avoir parlé plusieurs fois avec chacun d'entre vous, j'ai commencé à travailler sur le dossier. Comme vous, jeune homme, êtes encore mineur, votre mère va prendre tout en main. Rien ne vous empêche d'intervenir. »

Nous acquiesçons.

« - Bien. Avez-vous le dossier dont vous m'avez parlé ? »

« - Oui » répond ma mère, sortant le dossier de son sac.

L'avocate le prend en main, le feuillette un moment avant de relever les yeux vers nous.

« - Le mandat de perquisition va servir à fouiller son bureau mais surtout son ordinateur pour trouver une preuve du détournement d'argent. Grâce à ce dossier, je vais pouvoir l'obtenir, seulement, pour que Monsieur ne fasse aucune démarche de suppression, vous devez absolument ne rien lui dire sur vos doutes. Ne discutez pas de ça, et, si vous le pouvez, vous devriez quitter votre domicile en trouvant une excuse valable. Elle se tourne vers ma mère. Votre fils m'a confié la violence de votre mari à votre égard, il serait plus raisonnable de ne pas être proche de lui quand la police viendra faire la fouille. »

Je tourne le visage pour ne pas affronter le regard de ma mère, je n'aurais peut-être pas dû en parler à l'avocate, mais j'ai peur de ce qu'il serait capable de faire.

« - Que risque mon mari, exactement ? »

L'avocate fronce les sourcils suite au changement de sujet de ma mère.

« - Tout dépend de ce que nous allons trouver. L'abus de biens sociaux est puni par une peine de cinq ans d'emprisonnement et de 375.000 euros d'amende. »

Ma mère ne réagit pas, son regard fixe le cadre posé sur le bureau de l'avocate où on la retrouve accompagnée d'un homme et d'une fille d'environ quinze ans.

« - J'ai quelques papiers à vous faire signer, Madame. »

Ma mère revient à la réalité, se penche sur le bureau pour lire et signer quelques papiers. Une fois cela fait, elle se redresse sur son siège.

« - Au téléphone, je vous avais demandé d'être l'avocate des enfants Munoz. Concernant les attouchements sexuels et les coups sur sa fille, mineure à cette époque, et, sur viol de mon amie. Acceptez-vous ? »

Je ne savais pas qu'elle avait pris cette initiative.

« - J'ai fait des démarches à ce sujet, je me suis présenté au commissariat comme avocate de Mademoiselle Hammer, ou plutôt Munoz, son véritable nom de famille. J'ai examiné le dossier, aucune preuve n'approuve les dires de cette jeune fille. Il est spécifié dans le dossier, qu'elle a gardé des cicatrices des coups, encore une fois, rien ne prouve la responsabilité de son paternel. Cette affaire ne va pas être simple ... son avocat n'aura pas besoin de grand-chose pour le disculper.»

« - Nous en avons conscience, c'est pour cela que j'ai contacté mon amie, la femme qu'il a violée y a des années en arrière. Elle a refait sa vie en Floride, mariée et maman de deux enfants. J'ai passé des heures au téléphone avec, pour essayer de la convaincre d'aider cette jeune fille à passer à autre chose, à ne pas avoir peur de le croiser à chaque interception. Après réflexion, elle m'a recontacté hier, acceptant de venir témoigner contre son violeur, à une condition ... »

Ne me laisse pas.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant