Ne me laisse pas.

39 - Nouvelle vie

Le lendemain

Une douce caresse dans le dos me réveille. J'émerge doucement, encore fatigué de la journée d'hier.

«  - Amour, tu vas mieux  ?  »

J'acquiesce simplement. Après avoir écouté la sentence au tribunal, nous sommes rentrés à la maison et je me suis étalé sur notre lit, en pleure. Alexis a bien tenté de me parler, mais je n'ai pas sorti un mot, le repoussant alors qu'il voulait me réconforter.

Je cligne des yeux pour m'habituer à la lumière éclairant la pièce. Alexis a déjà ouvert les volés alors que je déteste me réveiller avec de la lumière. Je grogne tout en enfonçant mon visage dans l'oreiller. Mon copain rigole, ses lèvres viennent se poser sur ma nuque et il dépose de légers baisers le long de ma colonne vertébrale.

Quand il atteint le haut de mes fesses recouvert par mon boxer, il arrête tout pour revenir s'allonger à mes côtés. Je tourne mon visage vers lui, le découvrant habillé. Il me sourit et je m'en veux aussitôt de l'avoir rejeté hier.

«  - Désolé...  »

Il s'approche de moi et vient déposer ses lèvres sur mon front.

«  - Ce n'est rien, tu ne voulais pas parler. Je comprends.  » Dit-il passant sa main dans ma chevelure.

«  - Mon père a été condamné, il va faire de la prison, et, je, bien, même s'il le mérite, je m'en veux.  » Expliquais-je tristement

Je me tourne sur le dos. Alexis se déplace près de moi, glissant un bras sur mon torse. Sa tête juste au-dessus de la mienne me force à le regarder.

«  - Tu n'as pas à t'en vouloir. C'est de sa faute, non de la tienne. Il était au courant de ce qu'a subi ma sœur, il n'a pas bougé un doigt pour l'aider. Être au courant d'attouchement sexuel et ne rien dire n'est pas acceptable. Il caresse ma joue. Je comprends ta douleur, ce n'est pas facile de voir son père comme ça. Il n'a pas été correct avec toi, ni avec ta mère, ni avec la loi.  »

Je souffle pour retenir mes larmes sur le point de couler à nouveau.

«  - Laissons cette histoire de côté, tu veux bien  ? On ne va pas gâcher nos vies pour deux abrutis. On a des mauvais pères, on ne peut plus rien y faire. Le mien sortira de prison sûrement le jour de sa mort, le tien a encore des chances de sortir plus tôt, et peut-être même de changer, je lui souhaite. J'espère que la prison le fera réfléchir sur le fils formidable qu'il a, sur la chance qu'il avait de voir son fils grandir et devenir un homme. Il a tout perdu, et tout perdre le fera cogiter. Il lui reste plus que ça à faire.  »

«  - Je sais...  » Murmurais-je

«  - Tu me fais un sourire, maintenant  ?  » Me demande-t-il

Je lui souris, un tout petit sourire pour lui faire plaisir. Je glisse ma main sur sa nuque pour le ramener vers moi et pouvoir enfoncer ma tête dans son cou. Il sent bon, j'inspire son odeur le faisant rire.

«  - Tu vas aller voir ta sœur aujourd'hui  ?  »

Je lui demande après lui avoir déposé un baiser sur la peau de son cou.

Il relève son visage suite à ma question.

«  - Non, je l'ai appelé ce matin. Julien m'a répondu, elle dormait encore. Il m'a dit que depuis qu'ils sont ensemble c'est la première nuit qu'elle passe sans se réveiller alors je n'ai pas voulu la déranger. Elle est apaisée, c'est tout ce que j'ai besoin de savoir pour pouvoir passer une excellente journée.  »

Un vrai sourire prend forme sur mon visage. Émilie est une fille fragile qui a énormément souffert, a présent elle va pouvoir recommencer sa vie sans avoir peur.