Ces dernières années furent les pires de mon existence.
Il y a cinq ans, trois mois, treize jours et dix-huit minutes exactement, ma mère est décédée. Comme ça. Elle est partie sans nous prévenir. Tout d'un coup, elle n'était plus là. Tout est arrivé d'un coup.
Ma mère était en excellent état, du moins, c'est ce qu'elle faisait paraître. D'après les docteurs, elle souffrait d'une maladie respiratoire depuis quelques mois déjà. Elle ne nous avait rien dit.
Puis, un jour de pluie, elle s'est effondrée sous nos yeux. On regardait la télévision, son programme préféré. Soudainement, elle s'est mise à trembler et à suffoquer. J'étais clouée sur place, je ne savais pas quoi faire. Maman s'est effondrée. Papa a commencé à essayer de la réanimer, sans succès.
Quand les ambulanciers sont arrivés, ils nous ont annoncé la pire nouvelle qui puisse exister.-Elle est décédée.
Ces mots ne se sont jamais évaporés, ce qui n'arrivera sans doute jamais. J'ai commencé à manger de moins en moins, avec comme résultat : je suis devenue anorexique. Et cette fichue maladie n'a fait qu'augmenter avec les évènements qui se sont déroulés il y a quelques semaines.
Les grandes vacances, rien de meilleur ! Le soleil brille, pas de pluie, que de la bonne humeur. En mon cas, ce cliché est détruit.
Fiona, ma meilleure amie depuis la maternelle, devait partir en France les deux dernières semaines. Elle n'arrêtait pas de me parler de la plage et l'hôtel où elle, sa petite soeur et ses parents séjourneront. Leur avion partirait dans quelques heures était ses derniers mots à mon attention, suivis d'un "Au revoir, je t'aime ma crevette". Je lui avais répondu qu'elle allait me manquer.
Si j'aurais su qu'elle n'allait jamais revenir de ce voyage, je l'aurais serré dans mes bras jusqu'à ce que nous n'en pourrions plus.
C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à me couper. Ça a commencé petit à petit, mais maintenant, ça s'aggrave vraiment. J'ai des cicatrices le long de mon avant-bras, qui ne risquent pas de s'effacer. Le problème, c'est que je n'arrive plus à m'en passer. Quand je n'arrive plus à résister à toute la pression autour de moi, je prends le petit rasoir. La sensation au moment même me fait tant de bien que je recommence à chaque fois. Après, je souffre encore plus. Mais ça fait tellement de bien...Au lycée, ce n'est pas beaucoup mieux. Au début, les autres élèves me soutenaient à cause des deux énormes pertes que j'avais subi. Mais maintenant, je n'ai plus personne qui me soutient. Les autres élèves m'évitent plus que tout.
Même ceux de ma classe. Je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout à ce retournement de situation. D'un jour à l'autre, plus personne ne me parlais.Qu'avais-je fait de mal ? J'avais perdu les deux personnes que je tenais le plus dans mon coeur. C'est de cette manière qu'ils me consolent ? Parce que je risque de ne jamais m'en remettre.
~
Je pousse la porte d'entrée.
-Emelyne, c'est toi ?
Non, c'est la Mère Noël.
-Oui, je suis rentrée.
Je rentre dans le salon et vois papa raccrocher.
-C'était qui ?
-Un vieil ami d'enfance.
Je n'aurais pas de nom, c'est clair.
-Tu as faim ? me demande papa, une lueur d'espoir dans les yeux.
-Non, merci.
Chaque jour, quand je rentre, papa me pose la même question : "Tu as faim ?". Et à chaque fois, je réponds : "Non, merci.". Il fait de son mieux pour m'aider, alors que lui-même est toujours en deuil, pour maman.
-Je... Tu as des devoirs, ou quoi que ce soit ?
-De un, nous sommes vendredi, et de deux, les vacances d'automne ont commencées. Nous n'avons pas cours pendant deux semaines.
-Bien. Ça a été, aujourd'hui, en cours ?
-Comme d'habitude... Je suis restée seule, dans mon coin.
Je souris tristement.
-J'ai fait quelques recherches..., m'annonce papa. Tu devrais voir ça.
Je le suis dans son bureau, intriguée. Papa sort une boîte à chaussures d'un tiroir de son bureau et me la donne.
-Regarde-les à ton aise.
J'hoche la tête et monte dans ma chambre.
Je jette mon sac quelque part et me laisse tomber sur mon lit. J'ôte le couvercle de la boîte pour laisser apparaître un tas de photos. Je les sors avec précaution et les regarde. Mes larmes (je suis étonnée qu'il m'en reste) coulent directement.Les photos montrent soit maman et moi, soit Fiona et moi. Tous des moments passés ensemble. Fiona et moi, endormies dans les bras l'une de l'autre, dans le jardin d'enfants. Maman et moi, marchant sur la plage. Je devais avoir sept ans.
Je n'ai pas le courage d'en regarder plus. Je sors dans le couloir et vérifie que papa est occupé dans son bureau, ce qui est bel et bien le cas. Avant, papa travaillait dans un bureau au milieu de la ville, mais maintenant, il travail depuis la maison. Pour pouvoir s'occuper de moi.
Je descends discrètement au rez-de-chaussée et glisse mon portable que je n'utilise presque jamais dans la poche de mon jeans (au cas où il m'appellerait). J'ouvre la porte d'entrée et la referme silencieusement.
Je remonte notre rue et marche pendant quelques minutes tout droit. Je traverse le pont qui mène à la forêt, mais m'arrête à sa lisière.
J'empreinte le petit chemin que je connais tellement bien qui mène à la rivière qui coule sous le pont.
Avec Fiona, on venait très souvent ici, pour se raconter des secrets, mais aussi nos problèmes, tout comme les derniers potins. Personne d'autre ne venait jamais ici, mis à part nous deux.
Je m'assois sur un tronc d'arbre tombé qui borde la rivière. Mes larmes reviennent aussi vite qu'elles sont reparties - si elles étaient parties.Après un quart d'heure de pleurs, je décide de retourner à la maison. Je ne voudrais pas l'inquiéter plus qu'il ne l'est déjà.
Je m'arrête au milieu du pont et regarde la rivière couler paisiblement sous moi encore quelques instants.
-Tu ne comptes pas sauter, dis-moi ?
VOUS LISEZ
Stay, Please ? ||TERMINÉ||
FanfictionEmelyne est une adolescente anorexique et dépressive. En quelques années, elle a vu sa meilleure amie et sa mère mourir. Son père désespéré, ne sait plus quoi faire pour rendre le sourire à sa fille unique. Mais il connaît peut-être la solution...