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Je suis mon schéma à la lettre, même si la majorité du temps, tout ressort par là où c'est entré. Mais après trois semaines, je trouve de moi-même que je m'améliore. Et grande nouvelle : la fois où je me suis coupée il y a trois semaines était la dernière. J'ai brillamment résisté à la tentation, selon Jonas. Je me suis trouvé un pilier qui me supporte dans chaque situation.

Une fois par semaine, je dois aller en consultation chez Jonas. Pour les trois fois où j'ai été, il m'a dit que mon état était stable et que j'étais en parfaite santé.

En ces trois semaines, je me suis rapprochée d'Estelle. Estelle est une amie en or. Nous sommes dans la même classe, mais on ne s'était jamais vraiment parlé avant... Avant tout ça.
Estelle sait écouter. C'est son point le plus fort. On peut lui parler inlassablement pendant des heures sans que cela ne la dérange. Ensuite, elle donne des conseils. Elle connaît toute l'histoire qu'il y a eu entre Louis et moi, et l'a insulté de tous les noms un peu plus tard. Ce que j'aime aussi chez Estelle, c'est qu'elle est remplie d'humour.

Nous sommes un samedi après-midi, plutôt ensoleillé. Estelle et moi nous promenons dans le parc en papotant et en riant. Souvent, l'idée que je trahisse Fiona me parvient, mais je la repousse immédiatement. Fiona aurait voulu que je continue avec ma vie. C'est ce que je fais. Ma vie continue, même si le vide qu'ont laissé Maman, Fiona et Louis ne se rebouche pas. Ils me manquent, surtout Louis. Je ne l'ai connu que deux semaines, mais il me manque atrocement. Techniquement parlant, on se connaît déjà beaucoup plus longtemps, mais on n'en a aucun souvenir.

-Emelyne, tu vas bien ? J'ai comme l'impression que tu n'es pas avec moi.

Estelle est douée pour me percer à jour. Et encore plus pour savoir à quoi je pense.

-Louis, c'est ça ?

-Dans le mille. Estelle, je n'arrive pas à l'oublier.

Nous nous asseyons à l'ombre d'un grand chêne.

-C'est normal. On n'oublie pas facilement quelqu'un qu'on a aimé, ou qu'on aime encore.

-Tu as connu ça ?

Estelle sourit tristement.

-J'ai un ex. On s'aimait terriblement -non, je l'aimais terriblement. Ensuite, j'ai appris qu'il me trompait avec une vraie traînée. Je n'avais pas d'autre choix que de le plaquer. Pourtant, même si je sais qu'il ne m'aime pas, et qu'il n'a jamais fait ça, je ressens toujours quelque chose pour lui. À chaque fois que je le vois avec cette fille, mon coeur se brise un peu plus...

Je prends sa main dans la mienne et la serre.

-Je suis désolée de l'apprendre.

-Ce n'est qu'une histoire débile d'amour qui a mal tourné, comme il y en a tellement. Bref, nous ne sommes pas ici pour nous apitoyer sur notre sort ! Les garçons sont tous des traîtres, point final ! Viens, on va manger une glace.

-Bonne idée !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je prends mon parfum préféré : fruits de la passion. C'est juste exquis ! Le parfum favori d'Estelle est Nutella. Quand j'ai goûté, j'ai dû avouer que c'était délicieux.

Soudain, le portable d'Estelle sonne. Elle le sort de la porte de son short et soupire. Puis, elle raccroche.

-C'est Sophie, ma soeur. Elle a sûrement mit le feu à la maison.

Sophie a quinze ans et est pire que casse-cou.
Je ris.

-Va jouer à l'héroïne, alors !

-Bon plan ! Tu viens m'aider à sauver le monde ?

-Avec plaisir !

On a beau avoir dix-sept (j'ai eu les miens il y a deux semaines), on se comporte encore comme des vraies gamines.
Nous marchons tranquillement vers la maison d'Estelle. J'aime bien leur maison, elle est très confortable. Je suis déjà venue dormir plusieurs fois chez Estelle.

Nous rentrons.

-ESTEEEEEEEEEEELLE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Sophie court vers nous, un air paniqué dans les yeux.

-Quoi ?

-C'est Pistache ! Elle est coincée dans un arbre ! Et l'échelle est trop courte !

-Quelle imbécile, souffle Estelle. Je haïs ce chat.

Nous suivons Sophie dans leur jardin. En effet, Pistache, leur chat brun, est perché en haut du plus grand arbre du jardin. Elle miaule d'un air effrayé.

-Pffff... Je vais chercher l'échelle.

Estelle s'engouffre dans l'abris de jardin et en ressort, tenant une échelle. Elle la pose contre le tronc et monte jusqu'au plus haut échelon, alors que Sophie et moi tenons fermement le bas de l'échelle.
Estelle, étant plus grande que Sophie et que moi, atteint facilement Pistache. Elle prend le félin dans ses bras et grogne, une fois de retour le pied à terre :

-Combien de fois faudra-t-il te le dire, stupide chat ? Tu ne peux pas monter dans cet arbre ! Combien de fois devras-tu encore rester coincé là-haut pour que tu comprennes ça ?

Pistache lui crache dessus. Estelle lâche le chat, qui court se réfugier dans les bras de Sophie. Je ris aux larmes.

-Trop d'amour, je souffle.

-Oh oui, l'amour déborde de partout ! Je déteste cette bête.

Pistache était un chat errant jusqu'à ce que Sophie ne le trouve et décide de lui offrir un chez-soi. Leurs parents étaient d'accord. Pistache adorait tout le monde, sauf Estelle. Cela n'a apparemment toujours pas changé. Même moi, Pistache m'apprécie.

-Ne t'inquiète pas. Ça va s'arranger.

-Tu penses ? se moque Estelle.

-Non, pas du tout.

-C'est bien ce qu'il me semblait. Bon, on fait des crêpes ?

Vous l'avez bien compris : nous venons de dévorer notre glace, voilà qu'Estelle propose de cuire des crêpes.

-Bien sûr !

Dans la cuisine, Estelle allume la radio. Nous chantons faussement à tue-tête.
À tour de rôle, nous faisons sauter les crêpes. On a été obligées d'en jeter trois qui avaient terminé au sol.

Un peu plus tard, nous mangeons nos crêpes devant un film d'action. Estelle étale toujours une couche énorme de Nutella sur ses crêpes. C'est plutôt du Nutella au crêpes que des crêpes au Nutella !

Nous bavardons et rions tellement que nous ne prettons plus d'attention au film.
C'est le bon temps.

Stay, Please ? ||TERMINÉ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant