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[Flash-back]

Quand nous étions plus jeunes, dans les environs de douze ans, Fiona et moi avions l'habitude de, tous les vendredi, acheter une glace. Notre marchand de glace habituel vendait alors deux glaces pour le prix d'une. Mais seulement le vendredi. Fiona et moi en profitions énormément !
Ensuite, étant donné que nous étions un vendredi, Fiona et moi allions soit dans le centre commercial, soit sous notre pont. Ce pont avait reçu le surnom "Fiolyne", l'assemblage de nos prénoms. Avec Fiolyne, on n'avait pas peur de raconter nos secrets les plus enfouis en nous : elle ne pouvait et ne pourrait jamais rien répéter. On se sentait libre d'insulter qui nous voulions.

En été, seulement quand il faisait assez chaud, Fiona et moi enfilions nos bikinis sous nos robes et allions nous amuser dans le fleuve. Le courant était toujours très calme, ce qui nous laissait hors du danger.
Nous disions toujours à nos parents qu'on allait s'amuser avec des copains. Ils le gobaient sans aucun doute à propos de nos activités.

C'était avant. C'était le bon temps.

[Fin du flash-back]

Mes lourdes paupières s'ouvrent difficilement. Je dois cligner plusieurs fois des yeux afin de m'habituer à la forte luminosité de la pièce. Les murs de cette dernière sont complètement tapissés en blanc. C'est trop de blanc pour mes yeux.

-Emelyne ? Tu es réveillée !

Je tourne ma tête vers la source de cette voix, qui s'avère être mon père. Je lui souris légèrement.

-On dirait bien.

-Reste ici le temps que j'appelle un médecin.

Où veut-il que j'aille ?
Je hoche simplement la tête et il sort de la chambre.
Je suis allongée sur un lit aussi blanc que les murs, et les vêtements que je portent semblent également l'être.
Un câble enfoncé dans mon bras est relié à une machine qui lâche un "bib" toutes les cinq secondes. C'est très horripilant.

Papa revient, un docteur sur les talons. Pourquoi tout le monde est-il habillé en blanc, ici ?!

-Bonjour Emelyne. Mon prénom est docteur Derfo, mais tu peux m'appeler Jonas.

Docteur Jonas Derfo à l'air plutôt jeune : je miserais dans la trentaine. Je le laisse parler.

-Tu as perdu beaucoup de sang. Heureusement pour toi, nous avons réussi à arranger ça. Par contre, nous avons aussi découvert que tu souffres d'anorexie. C'est une maladie grave, qui peut mal tourner. Voilà pourquoi nous allons faire de notre mieux pour t'aider à traverser cette dure épreuve !

"Nous"? Qui est ce "Nous"? Je suppose lui et les autres médecins, non ?

-Elle va en guérir ? demande papa à Jonas.

-Oui, bien sûr. Mais seulement si elle suit bien le programme que je lui ai préparé.

-Elle le fera. Pas vrai, Emelyne ?

-Hmm, je marmonne.

-Bien ! Je reviens dans quelques minutes, je dois chercher le programme !

Jonas s'en va d'un pas léger. Cet homme me semble bien trop optimiste.
Papa se saisit de ma main et en frotte le dos avec son pouce.

-Ma puce, tu m'as fait une de ces peurs ! Je t'ai entendu crier, et j'ai accouru. Quand j'ai vu que la porte était fermée à clé, je l'ai tout bonnement défoncée. Puis, je t'ai vue, dans une flaque de sang. De ton propre sang. J'ai paniqué, et j'ai directement appelé une ambulance. Promets-moi de ne plus jamais me faire une telle frayeur ! Promets-moi de ne plus jamais te couper !

Je souris tristement.

-Je te le promets.

Je vois à son regard qu'il ne me croit pas, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Jonas revient. Il tient un papier dans la main droite, un dossier dans la gauche.

-Tiens, Emelyne !

Il me donne le papier. J'ai découvre un tableau. Quand je le lis, je découvre qu'il s'agit d'un schéma. Il me montre ce que je dois manger, quand (heure) et la quantité.
Jonas ouvre le dossier et le feuillette rapidement.

-Alors, ici, il y a la prescription pour les pilules de fer contre la fatigue qui se fera sentir et pour un antibiotique ! Donnez-ça à votre pharmacien, il sera quoi faire !

Jonas sort un papier du dossier -de mon dossier- et le donne à papa, cette fois.

-Bien. Merci, docteur.

-Tout le plaisir est pour moi. Emelyne, tu devras impérativement te tenir à ton schéma, si tu veux espérer guérir !

-Je sais.

-Je te garde encore une petite nuit, juste pour vérifier si ton état est stable ! Mais normalement, tu pourras sortir dès demain ! Et encore une chose : ne te coupe plus jamais. Tu n'en gardes que des cicatrices ineffaçable et des mauvais souvenirs de douleur intense.

-D'accord.

-Dans ce cas, je vous laisse !

Nous saluons Jonas qui sort de la chambre.

-Bon... Je file à la pharmacie avec ça, m'informe papa. Repose-toi bien. Je reviendrais demain !

-À demain !

-À demain, ma chérie.

Papa pose un baiser sur mon front et suit la trace de Jonas. Je me tourne sur le coté et m'endors. Je ne savais pas que tomber dans les pommes après s'être coupé était aussi fatiguant. Une chose est sûre : c'était la dernière fois que j'aurais fait ça ! D'une manière ou d'une autre, j'ai hâte de commencer mon traitement, même si je l'anticipe quelques peu...

Stay, Please ? ||TERMINÉ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant