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Sauf qu'il n'est pas venu. Ni le lendemain. Ni le surlendemain. Que s'est-il passé ?

De : Moi
À : Louis 💯
Hey, ça va ? Je m'inquiète pour toi !

[Il y a un problème : votre message n'a pas su être envoyé.]

Quoi ? Je réessaye.

[Il y a un problème : votre message n'a pas su être envoyé.]

D'accord... Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Emelyne !

Comme papa m'appelle, je descends au rez-de-chaussée. Il est assis à la table de la cuisine, un air grave dans les yeux.

-Tu ferais mieux de t'asseoir.

Inquiète, je fais ce qu'il me demande.

-Papa, qu'est-ce qu'il se trame ? C'est à propos de Louis ?

-Tu dois savoir certaines choses à son propos.

Je m'attends au pire. Papa inspire et expire un bon coup avant de débuter son récit.

-Il y a quelques semaines de cela, juste avant le début des vacances, j'ai appelé un vieil ami à moi : Troy. On est des bons amis depuis quelques années déjà . Un jour, je l'ai sauvé de la noyade. On devait avoir quinze ans. Ce jour-là, Troy m'a dit qu'il me serait éternellement redevable. Plusieurs années plus tard, nos chemins se sont quelques peu séparés. Nous avons tous les deux rencontré le grand amour. Mais la femme de Troy l'a quitté quelques années plus tard. Elle est partie, et il est resté en ville. Pendant la période où ils étaient mariés, ils ont eu un fils. Il l'ont appelé Louis. Troy a gardé Louis avec lui.
Louis et toi passiez beaucoup de temps ensemble, quand vous étiez petits. Mais un jour, l'ex de Troy a exigé la garde sur Louis. Le gamin a donc été forcé à déménager. Vous en étiez tous deux brisés. Tu avais à peine quatre ans, lui donc presque sept. Pourtant, vous étiez inséparables. Mais ça, c'était avant.
Bref, Louis est donc parti. Vous avez continué vos vies séparément. Vous vous en êtes remis, avec le temps.
On peut même dire que vous vous étiez oubliés. Mais ensuite, ta chère mère est montèe aux cieux, suivie par Fiona. On dit toujours que les meilleurs partent en premier.
Quand ta mère est partie, ton état a commencé à être critique, encore plus quand ta meilleure amie nous a quittée. Je ne pouvais pas simplement rester là à te regarder te détruire physiquement et mentalement. Je devais agir.
J'ai donc pensé à Louis. J'ai téléphoné à Troy, qui m'a dit que Louis serait de passage chez lui durant les deux semaines de vacances. Autant en profiter, non ? Troy, qui m'en devait encore une, a immédiatement accepté. Il allait en parler à Louis, qui lui aussi était d'accord à te faire passer les meilleures vacances depuis quelques années. Apparemment, il a réussi. Trop, même. Selon moi, parce que tu avais l'air d'aimer...
Mais les vacances se sont malheureusement écoulées. Louis devait rentrer chez lui. Il a quitté la ville dès lundi, avec ses trois potes qui étaient venus avec lui. Ils devaient tous rentrer chez eux. Troy m'a téléphoné pour me l'annoncer. Louis est désolé qu'il te ne l'a pas dit de son propre gré.
Tout ça pour te dire que Louis est reparti chez lui.

J'étais tellement suspendue à ses lèvres que j'en avais presque oublié de respirer. Papa n'a jamais parlé autant, en une fois. Je reprends de l'oxygène.

-Emelyne ? Tout va bien ? s'inquiète papa.

Non, rien ne va ! Il est parti ! Louis est parti, sans même me dire au revoir ! Comme ça !

-Oui, tout va bien.

L'un des plus grands mensonges de ma piètre existence.

-Tu en es sûre ?

-Oui. Je suis juste un peu fâchée qu'il ne m'en ait pas parlé.

Papa me jette un regarder rempli de pitié et prend ma main. Il me dit en la serrant :

-Ne t'inquiète pas. Je suis là pour toi.

J'esquisse un sourire.

-Je le sais, papa. Je le sais. Je peux partir ?

-Oui.

Je sors de la maison et marche lentement vers le pont. L'endroit où nous nous sommes rencontrés. Je laisse mon regard dériver sur le fleuve qui s'écoule sous moi. Qu'est-ce que je suis venue faire ici ? Les souvenirs reviennent en masse, et ce n'est pas ce que je souhaite.
Je repars aussi rapidement que je suis venue.

Quand je passe dans le couloir afin de monter dans ma chambre, je vois papa travailler à son bureau. Je change de direction, vers la salle de bain. Je m'y enferme à double tour.

J'ouvre l'étagère au-dessus du lavabo. Est-ce que je vais vraiment le faire ?
Oui, je me sentirais bien mieux après.
Tremblante, je sors un rasoir de ma trousse de toilette. À l'intérieur de moi, un combat à lieu. Je le fais ? Ou je ne le fais pas ?
Je mordille ma lèvre inférieure. Je me sentirais libérée, ensuite...

Je le fais.

Je laisse doucement mais sûrement glisser la lame sur mon poignet. Un petit filet de sang commence à couler. Mais la douleur ne s'efface pas. Pourquoi ?
Je décide de passer une deuxième fois. Là, ça, ça fait du bien !

Trop tard, je me réalise que je perds bien trop de sang. Je tombe au sol. Le sang, mon sang, continue à couler. Je hurle après papa, avant de sombrer dans l'inconscience.

Stay, Please ? ||TERMINÉ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant