Lorsque j'ai été appelée hier par le lycée Molière qui m'annonçait que la place de Louis Dubrac, l'enseignant de la philosophie venait de se libérer car il aurait trouvé le même poste mieux rémunéré dans le sud de la France, j'ai sauté de joie. Je réalise la chance que j'ai car dans une dizaine de minutes, ce sera la toute première fois que j'enseigne.
Je suis anxieuse. J'ai gagné le concours des professeurs il y a à peine trois mois et ce grâce à un ami de mon père qui est hautement placé à l'académie de Versailles. J'ai donc conscience que je n'ai pas vraiment ma place ici... Je ne saurais dénombrer combien de fois je me suis demandée si, âgée seulement du quart d'un siècle, et aussi peu expérimentée, je suis à la hauteur d'un poste aussi important. Je vais enseigner à des terminales ainsi qu'à des premières littéraire une matière qui a un coefficient non négligeable au baccalauréat. Autrement dit, je n'ai pas le droit à l'erreur. Si je foire, je fais foirer le bac à presque 200 élèves. Tu parles d'une pression.
La sonnerie annonçant le début du cours retentit et une vague de chaleur m'envahit. Et ce malgré la violente pluie qui s'abat sur Paris depuis hier soir. Je me demande d'ailleurs si tous mes nouveaux élèves seront présents mais avant cela, je vérifie l'état de mon visage à l'aide de la caméra frontale de mon smartphone.
Il faut dire que je n'ai pas vraiment fait d'effort. La simplicité était le mot d'ordre ce matin. J'ai donc simplement très légèrement maquillé mes petits yeux noirs avec un petit coup de liner, brossé mes sourcils épais et laissé mes lèvres charnues nues. Je n'ai même pas appliqué de fond de teint, je ne le fais jamais. J'aime que mes quelques taches de rousseur parcourant mon petit nez droit ne soient pas camouflées. Et quant à mes cheveux, j'avais opté pour une queue de cheval avec mes tresses mais puisqu'elles ont été sévèrement mouillées par la pluie, j'ai pris la décision de les lâcher afin de sécher mes braids. L'unique touche spéciale que je me suis permise c'est une paire de boucles d'oreilles pendantes offertes par mon père pour me féliciter d'avoir décroché ce job. Je pense être fin prête et présentable pour recevoir mes tout premiers élèves, les terminales S 1. Je les verrai quatre fois par semaine, le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi en dernière heure, je crois.
Lorsque j'ouvre la porte de la salle pour les accueillir, je suis grandement étonnée d'avoir une vingtaine d'élèves sous mes yeux. Je m'attendais franchement à en voir beaucoup moins à cause de la tempête de pluie.
— T'es nouvelle ? me demande un jeune homme blond en me souriant lorsque je les invite à entrer.
Je lève les yeux au ciel une centaine de fois dans ma tête mais extérieurement, je laisse un sourire neutre dessiner mon visage. Le jeune homme gagne sa place et je crois qu'il a du mal à songer à la possibilité que je puisse être sa professeure. Quoi, je fais si jeune que ça ? Je ne sais pas si ce fait devrait me flatter.
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Le garçon solitaire
Misterio / SuspensoPersonne ne connaît vraiment Simon Levi, et pour cause, il veut qu'il en soit ainsi. En fait, personne ne cherche vraiment à le connaître. Personne, excepté Margaux Jaspaerd, sa nouvelle professeure de philosophie. Elle, Simon la fascine. Elle, admi...