Chapitre 9: Twin

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Comme d'habitude. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, hantée par le regard noir parsemé de jugement de Raphaël. Il me regardait comme lorsqu'il m'en voulait. Nous étions dans une petite pièce close extrêmement éclairée et complètement vide, assis l'un en face de l'autre. Comme d'habitude.
Mais cette fois, alors qu'il me regardait fixement, un sentiment proche de la déception était limpide dans ses billes brunes. Sans dire un mot, il m'imposait ce regard pesant et le poids de son silence m'oppressait. Puis une larme s'est mise à couler de son œil gauche et bientôt une autre de son autre œil. Le consoler, bien-sûr que je voulais. Mais il m'était impossible de bouger le moindre muscle. Comme d'habitude. Comme si mon corps n'était pas réellement à cet endroit et que seuls mes yeux y étaient conviés pour assister à la détresse de l'amour de ma vie.

— Maggie !

Je sursaute. Qui est-ce ? Deux lourds coups contre ma porte s'ensuivent. Je fais alors taire Bill Whiters qui me berçait avec Ain't no su sunshine histoire de m'assurer que je n'ai pas halluciné. Je n'ai pas halluciné: ça toque encore. Mes sourcils se froncent, je n'attends personne. Ça doit être Milo. Sans plus tarder je quitte mon lit et enfile ma robe de chambre en satin mauve. Et me voilà déjà devant ma porte d'entrée. J'ai à peine le temps de m'enquérir de la personne qui frappe si fort de beau matin un dimanche qu'une voix grave bien trop enthousiaste me fait à nouveau sursauter:

— Maggie ? Ne m'oblige pas à casser cette foutue porte.

Si proche de ma porte, je la reconnais finalement cette voix. Je la reconnaîtrais parmi un million de voix. C'est alors avec toute l'euphorie du monde canalisée dans mon petit corps que j'ouvre cette foutue porte et saute dans les bras de Marley. Il me rattrape et me serre si fort contre lui que nous ne faisons plus qu'un, comme dans le ventre de maman. Marley est la personne que j'affectionne le plus en ce monde, même lorsque Raphaël en faisait parti. Il est celui pour qui je me jetterais du haut d'une falaise sans la moindre seconde de réflexion. Il est celui pour qui je tuerais sans hésitation. Il est mon sang.

— Mon Dieu que tu es légère ! s'exclame-t-il

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— Mon Dieu que tu es légère ! s'exclame-t-il.

J'ignore sa remarque et me contente de profiter de cette étreinte qui fortifie chaque cellule de mon âme brisée. Et je ne peux retenir les larmes chaudes qui maculent mes pommettes. Silencieusement, je pleurs. En émoi.
Marley m'entend et me caresse les cheveux en me baisant le cou. Il accède à mon appartement avec mes cinquante deux kilos dans les bras et pousse la porte derrière lui.

— Qu'est-ce tu fais là ? Je ne t'attendais pas avant au moins Juillet.

Il me pose finalement sur le canapé et m'embrasse. Il balaie mon salon des yeux.

— Je suis venu veiller sur ma soeur. Papa m'a dit que ça n'allait pas super bien.

Je me passe une braids derrière l'oreille, évitant son regard scruteur en attrapant la télécommande pour allumer ma télé.

Le garçon solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant