Chapitre 11: Menace

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chapitre particulièrement long

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— Qu'est-ce que tu fais ici ? je peine à prononcer.

Ma question détourne l'attention de Simon portée à Giulian. Tous deux me regardent surpris. Moi, je m'attarde sur Simon. Évidemment. Une beauté troublante. Impossible de quitter des yeux son superbe visage, j'en suis comme aimantée. Comme invitée à traduire ce profond regard qu'il me lance. Il me regarde comme si j'étais un précieux trésor fragile qu'il fallait à tout prix protéger. Oui, en sa présence je me sens toujours précieuse. Toujours utile. Importante. Et la simple idée qu'il fasse parti de l'entourage de Raphaël — aux dernières nouvelles —m'angoisse. Ce vif intérêt qu'il me porte depuis le début prendrait alors sens et tout en moi refuse d'envisager cette hypothèse.  S'il est bien vrai que Simon connaissait Raphaël, alors l'attention qu'il m'accorde serait motivée, non pas par ma personne, mais par un sentiment de pitié.

— Je crois que la demoiselle t'a posée une question, s'interfère Giulian.

Je déglutis et croise les bras, attendant la réponse de Simon. La testostérone fuse dans l'air lorsqu'il pose les yeux sur Giulian d'un air ferme. Il se permet d'entrer et avance doucement vers moi en m'expliquant:

— J'étais dans le coin et j'ai repensé au DM que nous devons vous remettre demain. Certains points du cours ne sont pas très clairs pour moi alors je me suis dit que j'allais passer vous voir directement.

J'ai à peine le temps de traiter cette information qu'une fois près de moi il me tend un coffret de chocolat signé "Mademoiselle de Margaux". Surprise, je lui lance un regard interrogateur. À quel moment avons-nous franchi une telle proximité pour s'offrir des présents ? Il dépose le coffret dans mes mains et sourit.

— Je sais ce que vous pensez et vous avez raison. Mais je n'ai pas pu m'en empêcher. La marque porte votre prénom et ils sont exquis. Quand vous les aurez gouté, vous me remercierez.

Giulian est interloqué. Le malaise s'installe dès lors et je me mords la lèvre inférieure. L'inquiétude naît dans le regard du solitaire lorsqu'il s'attarde au mien. Je présume que c'est dû à mes orbites enflés. Il est l'heure de faire diversion.

— Tu t'y prends un peu tard pour des explications supplémentaires.

Il acquiesce mollement. Je peux lire dans ses yeux qu'il a saisi ce que je viens de faire.

— C'est le seul problème selon toi ? ajoute Giulian.

Nous lui prêtons tous deux attention.

— Le fait que ton élève débarque chez toi, sans prévenir... non déjà le fait même que ton élève sache exactement où tu vis, qu'il débarque chez toi avec des chocolats en main et s'invite seul à entrer n'est pas...bizarre ?

Je me racle la gorge, sur le point de balbutier mais Simon me devance. D'un ton dédaigneux, il prend la parole.

— Excusez-moi, nous n'avons pas été présentés. Je suis Simon, élève au cours de philo de Mademoiselle Jaspaerd et vous, vous êtes ?

La main tendue, Simon défit Giulian du regard. Ce dernier lui rit au nez en posant les mains sur ses larges épaules.

— Ravi de faire votre connaissance monsieur Levi mais sans vouloir être impoli, et je refuse de savoir comment c'est possible, je trouve ça très inapproprié de débarquer comme ça chez ta prof. Et pour être honnête, tu as interrompu une passionnante discussion.

Simon hoche la tête en ma direction. Comme pour obtenir mon accord quant à son départ précipité de mon appart.

— Je mettrai le cours sur le drive de la classe ce soir.

Le garçon solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant