Avec mon sweat-shirt vert et mon jean slim gris, je ressemblais plus à la fille fainéante qui avait attrapé les premières fringues de sa garde-robe qu'à Victorine, la magnifique brune pulpeuse et sexy, qui est aussi ma meilleure amie. Escarpins noir, jupe noire, chemisier en soie bleu électrique, oui, la différence n'était pas inexistante.
-On peut passer aux toilettes avant la séance? me demanda l'intéressée en question.
Je consultai l'heure sur mon téléphone, avant de lui lancer un regard interrogateur.
-T'es pas constipé?
Elle me lança un regard de prude en riant:
-Noon.
-Alors ça devrait aller, conclus-je en l'entraînant dans la bonne direction.
Dans les toilettes pour femme du CinéCity, je me perdis dans la contemplation de mon visage en l'attendant. Mes longues boucles rousses encadraient mon visage, qui lui-même était peuplé de tâches de rousseur. Mes yeux verts-orangés-marrons, autrement dit couleur vomi, étaient soulignés d'un trait d'eye-liner et mes cils paraissaient dix fois plus long grâce à mon cher ami le mascara. En comparaison de Vic, je n'avais rien de beau.
Celle-ci sortit d'ailleurs de sa cabine et vint se planter à coté de moi en faisant couler l'eau du robinet sur ses mains. Elle croisa mon regard dans le miroir:
-Qu'y a t-il?
-J'envie ta beauté, déclarai-je de but en blanc en détournant les yeux.
Elle alla jusqu'au sèche-main puis m'attrapa les poignets même pas une minute après.
-Léni...
Elle se décala derrière moi et me tourna vers le miroir, un sourire rassurant aux lèvres:
-Tu sais ce que je vois? Je vois les deux plus belles filles de ce ciné, même de cette ville entière.
Les femmes les plus proches de nous nous regardèrent avec dédain en entendant ces paroles.
-Dis, tu voudrais pas le crier plus fort, je suis pas sure que les deux là-bas t'aient entendu, lui marmonnai-je entre les dents en rougissant par gêne.
Elle me lança un regard complice, et je devinai d'avance ce qu'elle comptait faire.
-NOUS SOMMES LES PLUS BELLES FILLES DE CETTE VILLE! cria t-elle fièrement en levant les bras en l'air.
J'éclatai de rire et la suivit en dehors des toilettes.
-Qu'est ce qui a, t'as un problème? lançai-je à une adolescente d'un ou deux ans de moins que nous qui nous regardait d'un air mauvais.
Vic m'entraîna à sa suite en gloussant et cinq minutes plus tard, nous étions assise dans la salle de diffusion, avec nos boissons et une énorme boite de pop-corn. Arrivées tout pile pour le début des bandes annonces.
Environ dix minutes après le commencement du film, deux garçons arrivèrent et s'installèrent à coté de nous. Beaucoup trop bruyamment pour que je puisse rester concentré sur le film.
-Eh, de nombreux humoristes seraient ravis de vous avoir dans leurs publics, mais pour ma part, j'aimerais que vous arrêtiez de glousser comme des dindes.
Mon voisin ne fit que rire de plus belle:
-Glousser comme des dindes? Hé Mike, t'as entendu ça?
Son ami se pencha vers moi à son tour. Je ne le voyais pas très bien, mais il ne me fallut pas longtemps pour remarquer qu'il souriait de toute ses dents.
-Que se passe t-il? vint se mêler à son tour Victorine.
-Rien, répondis-je, maintenant agacée. Plus de pop-corn? Je vais en rechercher.
En effet, les trois-quarts du pot avaient été mangé durant les bandes annonces. Ces deux-là m'avaient énervé et sortir de cette salle me ferait du bien.
Après avoir repris une énorme ration, à un prix exorbitant, je me rendis à la caisse où une file monstre m'attendait. Je n'étais pas prête d'y retourner.
-Comme on se retrouve, fit une voix grave derrière moi.
Je me retournai et me retrouvai face à un garçon, grand et brun, la peau légèrement bronzé, habillé d'un blouson noir sur un t-shirt gris qui laisse deviner une belle musculation, avec un jean tout simple et des converses de la même couleur que le maillot. Et ses yeux... Des yeux bleu-gris, ni trop clair ni trop foncé, mais entre les deux, juste assez foncé pour croire qu'on y avait mis des paillettes argentés, mais juste assez clair pour les confondre avec un bleu de ciel d'été.
J'ai du rester trop longtemps à le dévisager car il s'est mis à sourire, dévoilant une dentition parfaite.
-On se connait? ripostai-je une fois que j'eus retrouvé ma voix.
-Je suis le mec qui glousse comme une dinde. Enfin, son ami.
-Ha, oui, je me souviens! L'imbécile qui souriait...
Son sourire ne fit que s'agrandir.
-Tu me suis ou quoi? demandai-je subitement en lui tournant le dos.
-Non, je prenais juste l'air.
Il se foutait de moi, c'était évident. Je percevais l'ironie dans sa voix. Son arrivée théâtrale dans la salle n'avait donc pas suffit?
-Dans la boutique du cinéma, plus précisément dans la file, juste derrière moi?
-Ne crois pas que le monde tourne autour de toi ma belle, me répondit-il avec un clin d'œil tout en me dépassant alors que mon tour était enfin arrivé.
-Hé, je suis censé être avant toi!
Mais il avait déjà payé et il s'éloignait dans un éclat de rire.
Je comprenais mieux en revenant pourquoi ce gars était sorti de la salle aussi. Mon voisin avait piqué ma place quand j'étais partie et était en pleine discussion avec une Victorine totalement charmée.
-Ça te dérangerait de me rendre ma place?
Mais il lui fallut une ou deux minutes de plus pour qu'il se décide à bouger. On était au cinéma, pas dans un café quand même!
-Il est plutôt sympas, me chuchota Vic lorsque je m'assis.
Je me tournai vers elle. J'étais vraiment sur les nerfs ce soir, sans raison apparente.
-Si tu le dis.
Elle dut me répondre mais je n'y prêta plus attention. Je me replongeais dans le film, grignotant des grains de pop-corn.
Victorine et moi étions meilleures amies depuis belle lurette, bien avant l'entrée au collège. On avait tout vécu ensemble. Premier amour, première règles, premier chagrin... Maintenant, on était deux adolescentes de 18 ans en première année de fac, où nous partagions un logement étudiant ensemble.
On était au début des vacances de Noel, les meilleurs selon moi (les pires selon Vic). La neige, qui recouvrait le monde d'un manteau blanc, donnait des apparences magiques à de simples villes, les décorations de noël, l'esprit de fête... Oui, les meilleurs, et je comptais en profiter.
En plein milieu d'une scène d'action, ce ne sont plus les 2 garçons d'à coté mais mon portable qui me dérangea. Un texto de ma mère. Comme quoi... Comme quoi la pire tempête de neige que l'état n'ait jamais connu venait d'arrivée sur la ville. Les vieux et leurs infos aggravées beaucoup plus que ce qu'il était vraiment... Il doit sans doute y avoir 5cm tout au plus.
Je fis montré le message à ma meilleure amie qui éclata de rire, confirmant ainsi mes pensées sur l'exagération de la phrase.
-Chuuut, vous dérangez tout le monde, fit le garçon à coté de moi.
Dommage qu'il ne put voir mon regard assassin.
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Blizzard
Mystery / Thriller"Ce n'était pas croyable. C'était tout simplement irréel, cela semblait tout droit sorti d'une scène de film apocalyptique. J'avais bien compris grâce à la météo que l'hiver serait rude à Philadelphie, mais je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'attend...