Chapitre 3

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Je regardais de nouveau la neige qui continuait de tomber juste devant nos pieds. Le vent était glacial, il parvenait à hérisser mes poils malgré mes vêtements chauds. Je fis reculais Vic avec moi, pour que les portes automatiques cessent de capter notre présence et puissent se refermer. 

-C'est quoi ce bordel, fis Mike derrière nous. 

-Il y avait à peine 3 flocons en arrivant! enrichit Robin d'un air consterné. 

Je ne comprenais pas pourquoi personne ne réagissait autrement que par la panique. 

-Ho c'est bon, c'est pas pour ça qu'on va rester ici! On a déjà marché dans la neige, faites pas vos chochottes, m'exclamais-je avec un sourire de défi. 

Après tout, il n'y avait pas tant que ça. Je préférais affronter un peu l'hiver afin de rentrer chez moi au lieu de rester ici avec ces 2 idiots qui nous collait aux baskets (ou plutôt aux escarpins de ma meilleure amie). 

Je m'avançais vers la sortie, en serrant les bras contre ma poitrine. 

-Vic, tu viens? lui demandai-je en observant l'extérieur.

Elle regarda d'un air inquiet les deux garçons, puis baissa les yeux vers ses chaussures. En effet, -mauvais jour pour porter des talons. Finalement, elle hocha la tête et s'avança à son tour. 

-Vous ne devriez pas... commença Robin.

-On se passera de ta bénédiction, merci! le coupai-je alors que les portes s'ouvraient. 

J'entendis le rire de Mike derrière moi, un son très agréable aux oreilles qui me hanta pendant les secondes qui suivirent. 

-T'abuses quand même Léni. Je n'ai même pas eu le temps de demander le numéro de Robin! Et, maintenant, j'ai de la neige partout dans mes souliers! se plaignit mon amie tandis qu'on avançait, difficilement mais surement, vers le parking. 

Je sentais aussi mes chaussettes qui étaient désormais mouillé, résultat d'enfoncer autant les pieds dans cette neige. On arriva sur le parking, et c'est une dépression nerveuse que je frôlai. 

La voiture, garée parmi d'autres, était déjà bien enseveli sous la neige. Les roues semblaient bloquées, et il nous faudrait des heures pour faire chauffer le moteur. 

-Non. Non, non, non, non, NON! me lamentai-je en grelottant, les yeux grands écarquillés. 

J'entendais ma meilleure amie claquer des dents derrière moi. 

-Léni... Viens, on y retourne. On y arrivera pas, il fait trop froid, et il neige de trop pour risquer de prendre la route, intervint t-elle en posant ses mains sur mes épaules. 

-Vic, laisse moi essayer, juste essayer. On a eu une journée pourri à l'école avec tout ces contrôles, le film n'était pas si bien que ça, et j'ai un mal de crane incroyable. Je veux rentrer à la maison et faire cette soirée pyjama qu'on avait prévu à 2, pas rester ici à attendre que ça cesse, la suppliai-je avec une moue boudeuse qui la faisait craquer à chaque fois. 

Elle m'adressa son fameux regard de dur à cuire, avant de céder à ma demande. Je poussai un petit cri de joie, et sacrifiai ma main dans la neige afin de trouver la poignée de la voiture. Je m'installai derrière le volant et mis la clé dans le contact. 

La voiture s'ébranla, et le temps que le moteur puisse chauffer, je sortis avec le racleur trouvé dans la boite à gants afin de repousser la neige. 

Vic m'aida un peu grâce à ses mains, mais abandonna rapidement. Je retournais ensuite m'asseoir, et tentais de la faire démarrer. Rien. Elle ne bougea même pas d'un pouce. 

-Allez ma jolie, allez, murmurai-je en recommençant d'appuyer sur les pédales. 

La fois suivante, elle cala. Une fois, puis encore une autre. Je réussis enfin à la faire reculer un peu, mais elle se rebloqua aussitôt dans le tas de neige. 

Je commençais à geler sur place, et je n'imaginais pas l'état de Victorine, qui n'avait pas bougé d'un orteil face à mes tentatives vaines. Je fus forcé de déclarer forfait, et éteignis le moteur en claquant avec la rage la portière. 

-C'est pas grave, me consola Vic. On la reportera cette soirée. 

J'acquiesçai avec un petit sourire triste, et on retourna ensemble à l'entrée du cinéma. Les garçons étaient toujours là, et sourirent en nous voyant arrivées:

-Bah alors, on vous manque déjà? lança Mike avec un sourire ringard à notre attention. 

Je ne répondis pas, mais ma meilleure amie, elle, ne manqua pas l'occasion pour entamer une conversation. 

Je m'éloignais un peu, et sortis mon téléphone, avant de composer le numéro de ma mère. Il y eut 2 sonneries avant qu'elle ne décroche:

-Léni? C'est toi? me demanda ma mère à l'autre bout du téléphone. 

Je levais les yeux au ciel et me retins de rire face à cette question:

-Evidemment que c'est moi, qui veux-tu que ce soit d'autre. Maman, impossible de démarrer la voiture, j'ai essayé encore et encore mais pas moyen, papa ne peut pas venir nous chercher? demandai-je ensuite, la main pressée contre mon autre oreille à cause de tout ce bruit. 

La réponse de ma mère ne se fit pas attendre:

-Oh ma chérie, personne ne peut rouler, la route est totalement bouchée, ça ne va pas être possible pour l'instant de sortir la voiture du garage.  

-Je vois... répondis-je d'un ton sans joie en me tournant vers les 3 autres. 

-On va attendre qu'il arrête de neiger. A ce moment-là, les routes seront moins dangereuses, et je vous enverrais ton père, me promit ma mère. 

On échangea encore quelques mots, parmi lesquels des "fais bien attention" incessants de la part de ma mère, avant de raccrocher. 

J'informai Victorine de la situation, et, malgré ma réticence, on alla se trouver des places assises en compagnie de nos deux nouveaux acolytes. J'allais devoir me faire à leur présence. 

Un agent de sécurité était posté près de nous, et j'en profitais pour attirer son attention:

-Excusez-moi, monsieur. Auriez-vous des détails à me fournir sur les événements actuels? 

Celui-ci m'adressa un sourire poli. C'était un grand homme, métisse, le crane chauve, et baraqué. Après tout, en tant qu'agent de sécurité, il se devait de l'être. Il était habillé en noir des pieds à la tête, et ses bras étaient fermement croisé contre son torse. 

-Je suis désolé, mademoiselle. Je n'en sais pas plus que vous, et je pense que personne ici ne peut savoir. Je sais que ce que je vois. 

Je baissais les yeux, un peu déçue de ne pas en apprendre plus. Je remerciais cet homme, avant de me tourner vers mes 3 compagnons:

-Bon, puisqu'on est ici à attendre, quelqu'un est partant pour un petit jeu? improvisai-je, dans l'espoir de faire passer plus rapidement le temps.

Ils acceptèrent tous, et on partit pour un jeu basé sur l'alphabet. On commençait avec la lettre A, et chaque personne, à tour de rôle, avait 10 secondes pour trouver un mot débutant par cette lettre. Une fois tout le monde ayant dit un mot, on passait à la lettre suivante, puis la suivante, et la suivante... 

Je dois avouer que je m'amusais bien, que les 2 jeunes hommes n'étaient pas si idiots et désagréables que ça. Souvent, je sentais le regard de Mike se poser sur moi, et j'évitais de croiser ses yeux. 

J'étais mal à l'aise d'être ainsi dévisagée, mais dès que je levais la tête, je tombais dans son regard, et je voyais son sourire malicieux se dessinait sur ses lèvres, me faisant, malgré moi, sourire aussi. 

BlizzardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant