Chapitre 9

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-Que se passe t-il? m'exclamai-je en observant le groupe qui s'était formé au centre de la pièce. 

Des voix crièrent nos noms, et on reconnut Vic et Robin qui accouraient vers nous.

-On vous cherche depuis 5 bonnes minutes! Vous êtes au courant? nous demanda Robin qui tenait nos affaires à la main. 

Je récupérai ce que j'avais laissé à notre dortoir improvisé plus tôt, tandis que Mike répondait par le négatif. C'était assez difficile de s'entendre à cause de tout le brouhaha qui régnait. 

-Il a arrêté de neiger, nous informa Victorine en sautillant sur place. 

 Je ne comprendrais jamais la résistance des talons, vraiment jamais. Je mis les mains dans les poches en répondant:

-Comment vous le savez? Avec la panne de courant c'est presque impossible d'y voir quelque chose. 

Victorine et Robin échangèrent un regard malicieux, puis ma meilleure amie farfouilla dans son sac avant d'en sortir un objet. En me rapprochant, je distinguais ce qu'il me semblait être...

-Une lampe torche? demanda Mike en en venant à la même conclusion que moi. 

Victorine eu la bonne et merveilleuse idée de l'allumer en plein dans mes yeux, ce qui me fit reculer et hurler de surprise. Ils éclatèrent tous les 3 de rire, tandis que des taches noires envahissaient mon champ de vision. 

-Le personnel a trouvé quelques lampes dans un carton trouvé dans un placard à balai. Seuls les plus rapides et malins ont pu en bénéficier, expliqua Robin en m'adressant un clin d'œil complice. 

-Les 2 officiers rabat-joie de service nous ont interdit de les utiliser sauf en cas "d'extrême besoin", continua Victorine en mimant des guillemets avec ses doigts. Dès qu'on nous les a fourni, des rayons de lumières fusaient dans tout les sens, ce qui mit en rogne les 2 rabat-joie. C'est à ce moment-là qu'on aperçut qu'il ne neigeait plus. Maintenant, un grand débat est lancé sur "qu'est ce qu'on fait maintenant".. D'où ce rassemblement. 

Je regardais Mike, et celui-ci me rendit mon regard, complètement ahuri. 

-Attends, il s'est passé tout ça, en l'espace de quoi... 20 minutes? s'exclama t-il.

-Vous êtes parti au mauvais moment, confirma Robin en lui donnant une tape sur l'épaule. 

Son ton devient plus profond, et il ajouta:

-D'ailleurs, qu'étiez-vous parti faire vous deux hein? 

Je lui lançais un regard noir, et il prit la sage décision de ne pas continuer sur le sujet. Mais à quoi pensait-il? Vraiment n'importe quoi. 

J'étais bien plus intéressé par ce qu'il se passait derrière nous. Je me détournais d'eux pour me mêler à la foule, et je les entendis me suivre. J'avais décidément un instinct de meneuse. 

-En effet la neige s'est arrêté, mais ce n'est pas une raison pour partir. Vous n'imaginez pas le froid qu'il fait, vous ne pourrez jamais faire démarrer vos voitures maintenant, disait un des deux officiers. 

Il avait retiré son bonnet et son gros manteau, si bien que maintenant, j'apercevais ses cheveux noirs de jais, et son petit pull bleu marine à haut col. 

Les gens autour de moi se remirent à se plaindre, ce qui eut pour effet de resserrer l'étreinte que la foule exerçait. 

-Y'a rien d'intéressant ici, grogna Robin par dessus mon épaule. 

Je fus surprise en entendant sa voix si près de mon oreille, je ne l'avais pas du tout senti arrivé. 

-Retournons là où on était tout à l'heure, on était bien, proposa Vic en faisant demi-tour. 

On se retrouva donc de nouveau assis par terre contre le mur, à observer le débat sur la sortie de loin. J'espérais du fond du cœur qu'on pourrait sortir d'ici dans peu de temps, qu'il ne neigerait plus. Il est tout simplement hors de question que je passe ma nuit sur le sol dur de ce maudit cinéma.

J'avais la tête posée sur l'épaule de ma meilleure amie, qui venait de retirer, ENFIN, ses escarpins. 

-C'est que maintenant que tu fais ça? la taquinai-je en baillant. 

Mike, les yeux à demi fermé, ajouta:

-Ouais ben elle aurait pu attendre encore un peu, l'odeur va m'empêcher de dormir maintenant. 

Vic, qui était assise entre lui et moi, lui asséna une petite tape sur la tête, et il fit semblant de s'écrouler sur les genoux de Robin, ce qui eut pour seul effet de faire grogner ce dernier. 

-Je vous préviens, dès que l'occasion se présente de se barrer d'ici, je me casse, grogna t-il entre ses dents. 

-Tope là mon pote, lui répondis-je en tendant la main, signe d'adhésion total à ses paroles. 

Je remarquais qu'il n'arrêtait pas de bailler, et que ses yeux se fermaient tout seul. Il avait l'air exténué. Je frissonnais, ne sachant si c'était par fatigue, ou si c'était par baisse de température dans la salle. 

Quelques secondes après cela, les personnes rassemblaient devant nous s'agitèrent, et un homme, de corpulence moyenne et dans les 25 ans environs, sorti de la foule, l'air déterminé, et s'avança devant les officiers:

-Et bien moi, j'y vais! Il ne neige plus, j'habite à 5 minutes à pied, ce ne sont pas ces malheureux centimètres de neige qui vont me faire peur! 

-Mais il est fou, s'exclamèrent des voix sorties de toute part. 

-C'est pas raisonnable!

-J'habite aussi tout près, je pars aussi! scanda une autre voix d'on ne sait où. 

Ce fut l'incompréhension totale, des paroles retentissaient de tous les cotés, les officiers tentaient de raisonner les personnes désirant partir. 

-C'est moi ou il fait froid? demandai-je, totalement hors du sujet. 

-Non, j'ai l'impression qu'il fait plus frais aussi, me confirma Mike avec un regard inquiet. 

Je sortis mon téléphone. Ma mère avait continué de me parler par message, très inquiète, me demandant régulièrement des nouvelles. Après lui avoir répondu qu'on allait bien, je rangeai mon téléphone, et rabattis la capuche de mon sweat sur la tête, en remontant mon manteau sur moi, qui me servait désormais de couverture. 

-Très bien, partez! s'écria Officier-Noir-De-Jais en désignant la porte du doigt. Mais une fois dehors, on ne sera plus responsable de ce qui vous arrive, et vous ne pourrez pas dire qu'on vous a pas averti. 

Ce fut le chaos: certains, déterminés comme l'autre monsieur, coururent vers la porte en premier, tandis que des groupes se criaient dessus, la moitié voulant rester, l'autre partir. Seules quelques personnes eurent le courage de s'élancer dans ce manteau neigeux. 

-On est à combien de temps à pied de la maison déjà? demandai-je à Vic, le regard penseur. 

Elle m'adressa un regard on ne peut plus sérieux, et marmonna: 

-N'y penses même pas... 

BlizzardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant