-T'es sûre que c'est chez toi? me demanda Robin d'un air sceptique une fois au pied du bâtiment.
Je levais les yeux au ciel, commençant peu à peu à me faire à son humour pourri.
-Oui je suis sûre et on va tout de suite prouvé cela en rentrant.
Rien ne me faisait plus plaisir que de voir cette porte d'un rouge brique que je voyais pourtant chaque jour de ma vie et qui me semblait si banale.
-Qu'est ce que t'attends alors tu sais plus comment on fait pour sonner? ajouta Mike en se grattant la nuque.
Je sortis de mon état de statue et m'avançais vers le seuil. Pas besoin de rester plus longtemps dans ce froid, on l'avait assez vécu.
Je levai le bras afin d'atteindre la sonnette qui marchait une fois tout les 3 mois.
-T'es au courant que y'a plus d'électricité? me lança Mike en se foutant de moi.
On était vraiment dans une phase "Moquons nous de la petite Leni" là... mais après tout, j'étais légèrement idiote sur les bords.
-C'est vrai, marmonnai-je. Il reste plus qu'à taper à la porte en priant qu'ils entendent...
-Pourquoi t'appelles pas? me demanda Mike tandis que je m'apprêtais à taper.
-Parce que je n'ai plus de batterie et que même si l'un d'entre vous en a, je ne connais pas les numéros de mes parents.
Voilà, au moins là c'était clair, net et précis. Je frappait à la porte, impatiente de revoir un des membres de ma famille. Je grelotais de plus en plus violemment et j'entendais même les dents de mes compagnons claquaient.
Personne ne vint ouvrir. Je toquai de nouveau, cette fois plus fort.
Je me retournais rapidement pour observer Victorine, qui semblait dormir mais qui était dans un état pitoyable. Cette vue me brisa le coeur et me fit monter les larmes aux yeux, que je m'empressais de cacher en me mordant la lèvre.
Au même instant, la porte s'entreouvris, et les yeux de mon père apparurent parmis l'entrebâillement.
-Leni?
Il ouvrit aussitôt la porte, à une vitesse incroyable, et il nous attira tous à l'intérieur, sans même poser de question.
-Mais qu'est ce que tu fais ici? Et qui sont ces deux gens? interrogea t-il en désignant d'un mouvement de tête les garçons.
Puis, il aperçus Victorine dans les bras de Robin, et il perdit de ses couleurs, devenant soudain livide.
-Que lui est-il arrivé? Il faut la soigner tout de suite, la mettre au chaud, allons voir ta mère, et il faudra que tu racontes tout, me dit mon père d'un air affolé en nous entraînant dans le salon.
A la seconde même où je posai le pied à l'intérieur, je me sentis comme dans une fournaise. La température était tellement plus élevé ici! En Amérique, l'été, en fonction des régions, il fait très chaud. Et il y a une anecdote bien connue: On rentre dans les magasins où il y a les climatisations à fond, on a l'impression qu'il fait 12°, et quand on en resort on se prend les 40° de l'été en plein figure.
Et bien j'eus le même sentiment ici, mais cette fois, c'était totalement bénéfique.
On le suivit à travers la maison pour arriver jusqu'au salon où ma mère somnolait doucement dans le fauteuil avec mon plaid bleu ciel.
Mon père lui secoua doucement l'épaule afin de la réveiller, ce qui lui provoqua un sursaut.
Elle sursauta d'autant plus en nous apercevant, tous trois (4 en comptant Vic dans les bras de Robin) devant elle.
-Mais... Ho! Vicky! s'écria t-elle avec un visage effrayé qui reflétait toute son inquiétude.
"Vicky" était le surnom que ma mère donnait à ma meilleure amie depuis toujours. "Vicky et Leni", c'est ainsi qu'on nous appelait ici.
Elle se précipita vers Robin sans même lui prêtait attention, bien trop concentré sur Vic. Elle fit pour l'allonger sur le fauteuil, et courut chercher on ne sait quoi.
J'attrapais mon plaid pour le mettre sur mon amie, même si je doute que ça l'aide beaucoup pour l'instant.
Mon père nous regarda tour à tour, puis reposa sa question:
-Qui êtes-vous?
Mike se présenta le premier, d'un air calme et paisible, puis Robin prit la parole, la voix basse, le regard fouillant les alentours.
Il ne semblait plus aussi confiant que lorsque je l'ai rencontré au ciné, bien plus tôt dans la soirée. Et je pense que l'état de Victorine devait y être pour quelque chose...
-On s'est rencontré au cinéma, c'étaient nos voisines, expliqua Mike à mon père qui hocha la tête.
-Merci d'avoir veillé sur les filles alors, remercia mon père avec un sourire.
Ma mère revint, avec des tasses et une sorte de bouilloire rempli de chocolat chaud vu l'odeur qui flottait dans l'air.
-Chéri, va chercher des couvertures si tu le veux bien, cette petite va en avoir besoin, lança t-elle à mon père tout en disposant les tasses sur la table basse du salon.
-Et prends en quelques unes supplémentaires pour eux aussi, ajouta t-elle.
Ma mère avait totalement endossé le rôle de chef là. Elle semblait quoi faire et maîtrisait totalement la situation.
Elle nous versa du chocolat chaud avant de nous tendre chacun une tasse. Mes doigts étaient tellement froid que je sentais à peine la chaleur de la tasse. Je restais ainsi quelques instants, les mains serrées contre cette petite tasse pour tenter de me réchauffer.
-La pauvre petite, elle est congelé, chuchota ma mère en regardant Vic.
Mon père revint, nous donna une couverture avant d'aider ma mère a envelopper Victorine dans une sorte de cocon.
-Faisons la boire pour lui réchauffer le sang, proposa mon père en servant une autre tasse de chocolat chaud.
Ils luis ouvrirent la bouche et réussirent à lui verser quelques gouttes dedans. Surement mieux que rien.
-Tu penses que tes parents vont réussir à la réchauffer? me demanda Robin tout en buvant.
J'hochais la tête, serrant ma couverture le plus fort possible contre moi:
-Oui, ils réussiront.
Mais une part de moi ne pouvait s'empêcher d'imaginer le contraire.
VOUS LISEZ
Blizzard
Mystery / Thriller"Ce n'était pas croyable. C'était tout simplement irréel, cela semblait tout droit sorti d'une scène de film apocalyptique. J'avais bien compris grâce à la météo que l'hiver serait rude à Philadelphie, mais je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'attend...