Chapitre 2

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Je n'arrivais pas du tout à me concentrer sur le film. Il était d'un ennui pitoyable, moi qui attendait ce film depuis longtemps, je suis bien déçu. 

-Tu peux le finir, je n'en veux plus, me chuchota Vic en me tendant le pot de pop-corn. 

Je l'accueillis avec grand plaisir sur mes genoux et me mit grain après grain dans la bouche. Je vis quelque chose se mouvoir sous mes yeux, et en baissant le regard, je distinguais la main de mon voisin, le mec "sympa" d'après mon amie,  plongée dans MON pot. Je l'écartais vivement, faisant ainsi tomber quelques grains:

-Non mais tu te prends pour qui? C'est pas à toi et on se connait pas! m'exclamai-je un peu trop fort, m'attirant ainsi des râles de la part des spectateurs les plus proches.

Il émit un petit rire tout en mettant dans sa bouche ceux qu'il avait réussi à piquer.

-Non, mais ta copine elle, a fait connaissance avec moi, répliqua t-il avec un regard charmeur en sa direction. 

J'aperçus Mike par dessus l'épaule de mon voisin, dont j'ignorai toujours le nom. Il était totalement fasciné par l'écran, absolument imperturbable. Je ne répondis plus, et me hâtai de finir mon pot, pour ne pas que mon voisin est la merveilleuse idée de tenter d'y remettre la main. 

La fin du film arriva peu de temps après cet échange, et les lumières de la salle se rallumèrent progressivement, permettant à mes yeux de s'y habituer. 

Je m'étirai les jambes et me tournai vers Vic:

-Alors, qu'est ce que t'en as pensé? Perso, je me suis bien ennuyé. 

Elle se leva pour enfiler son manteau, et me répondis, avec un sourire malicieux:

-Ça va, il était bien je trouve. En plus, les acteurs étaient plutôt bien agréable à voir.

-Et moi, je ne suis pas agréable à voir peut-être? intervint la voix de mon satané voisin. 

Je me retournais vers lui, réprimant l'envie de lui sauter dessus pour l'assommer, afin qu'il se taise enfin. Grace à la lumière, j'aperçus enfin le visage de celui qui m'avait énervé dès le début du film et qui avait mangé MON pop-corn. 

Il était grand et musclé exactement comme l'autre garçon, Mike, mais lui était blanc de peau et avait des cheveux châtains clairs, assortis à ses yeux marrons. Il avait déjà enfilé son manteau, et avait mis un bonnet vert foncé qui lui donnait, je dois l'avoué, un air mignon de petit garçon. Mais il avait aussi une belle tête à claque de mon point de vu...

-En effet, plutôt pas mal, susurra Victorine derrière moi en le dévorant des pieds à la tête. 

Je levais les yeux au ciel, alors que Mike intervenait au même moment:

-Prends pas trop la confiance Robin. 

Ce dernier donna un petit coup de poing dans l'épaule de son ami pour rire, et je secouai la tête en avançant pour sortir de la rangée de fauteuil. J'attendis ma meilleure amie, qui passa devant les deux garçons comme une mannequin. Non mais c'était pas fini ce jeu de séduction ? 

Je l'attrapai par le bras et l'emmener vers la sortie de la salle en accélérant le pas.

-Hé mais ralentis un peu, ils vont pas nous courir après! s'exclama Victorine en riant et en se dégageant de ma poigne. 

-C'est déjà ce qu'ils font en quelques sortes, dis-je alors qu'elle s'arrêtait sur le coté pour bien replacer ses cheveux. 

Elle ouvrit son beau sac à main noir sur lequel je lorgnais dessus à chaque fois (alors que je sors toujours sans sac, je met toujours tout dans mes poches) et vérifia qu'elle n'avait pas laissé son téléphone dans la salle de projection. Instinctivement, je portais la main à ma poche de jean, et fus rassuré en touchant la forme familière de mon portable. 

On se remit en route, se mêlant ainsi à la foule de personnes sortant de la salle, et je sortis mon téléphone. Une dizaine de messages et d'appels manqués de ma mère s'affichèrent. 

-Quand tes parents sont dans l'excès, dis-je à Victorine en lui mettant mon écran sous les yeux. 

Elle gloussa en sortant aussi le sien, avant de me le tendre à son tour:

-Nos mères se sont trop côtoyées je pense. 

Je ris avec elle tout en lisant ce que ma mère m'avait envoyé. La moitié me disait de ne pas quitter la salle, l'autre me suppliait de répondre à ses appels. 

Je relevais la tête de mon téléphone au moment où l'on arrivait dans le hall d'entrée. Il y avait une foule monstre. J'échangeais un regard étonné avec Vic. On avait beau être dans une grande ville, le cinéma était rarement autant bondé. On se fraya un chemin parmi les gens, et au fur et à mesure, je compris qu'ils n'étaient pas là pour regarder un film. Les conversations étaient très animés, voir paniqués. Je sentais mon cœur s'accélérait dans ma poitrine, incapable de comprendre quoi que ce soit. Je repensais à l'avertissement de ma mère, un peu plus tôt dans la soirée. 

Je rentrais subitement dans quelqu'un, ce qui me sortit de mes pensées. J'étais rentré dans le dos de Vic, qui s'était arrêté juste devant la porte de sortie automatique, qui s'ouvrit au même moment. Un vent d'air glacial nous heurta, relevant nos cheveux et faisant aussitôt baissé notre température corporelle. Je me mis à frisonner, et ouvris les yeux pour affronter la réalité. 

Ce n'était pas croyable. C'était tout simplement irréel, cela semblait tout droit sorti d'une scène de film apocalyptique. J'avais bien compris grâce à la météo que l'hiver serait rude à Philadelphie, mais je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'attendais pas à sortir et à me retrouver face à une ville ensevelie sous la neige. Je me tournais vers ma meilleure amie, et les deux garçons qui venaient de nous rejoindre. Leurs visages étaient aussi horrifiés que le mien.

BlizzardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant