Chapitre 19

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Les minutes me semblèrent être des heures. J'avais le front appuyé contre la fenêtre de cuisine, à observer le jardin enneigé, le regard perdu dans le vide. Je m'envisageais le scénario le plus pire qu'il soit concernant Vic, mais une part de moi commençait à accepter cette idée. 

Ses parents n'étaient même pas au courant de ce qu'il se passait. On arrivait pas à joindre leur ligne, sans doute à cause du temps, et cela me rendait folle. Tout me rendait folle. Je n'étais plus qu'un zombie. J'errais comme un zombie. J'avais perdu le sens de la vie, comme un zombie. 

Un raclement de gorge se fit entendre. Je me retournai, et aperçus mon père, qui m'observait de ses grands yeux fatigués. Il semblait avoir pris dix ans en une soirée. 

Son regard me fit comprendre des centaines de choses. Je compris tout ce qu'il n'osa pas dire avec sa bouche. La vérité s'imposa à moi, comme si je me retrouvais face à un boss de jeux vidéos que je  me devais d'affronter. 

J'avais l'impression de flotter sur un nuage, mon esprit était tout embrumée. Je vivais dans une réalité que je n'aurais jamais réalisé. 

Même en m'approchant du canapé, où gisais ma meilleure amie, rien ne me sembla réel. Je m'agenouillais près d'elle, caressais ses cheveux et observais sa peau aussi blanche que la neige. Aucune larme ne me vint, mes yeux étaient aussi sec qu'un désert. Aucun mot ne me vint non plus, même quand ma mère s'approcha de moi pour me consoler. 

J'avais juste envie de sortir de cette pièce. Je passais devant les garçons, sans les regarder. Je cru apercevoir du coin de l'œil Robin s'essuyait les yeux, mais impossible d'en être sure. 

Je m'enfuis littéralement dans ma chambre, et je claquais ma porte dans un geste involontaire. Mon regard tomba immédiatement sur mon mur au dessus de mon bureau, où j'avais accroché une mosaïque de photos. 

Des clichés avec des amis à l'école, d'autres lors de sorties en ville... Je trouvais ceux que j'avais fais avec Vic, lorsque nous étions parties avec ses parents en Europe. Elle et moi, rayonnante sous un soleil d'été. Sa peau était hyper bronzé comparé à la mienne, blanche comme le lait (les avantages d'avoir une peau de rousse)...

Les larmes me montèrent aux yeux lorsque je tombais sur la photo de nous lors de sa soirée d'anniversaire de ses 16 ans. Elle était tellement heureuse ce soir là... 

"Enfin passer le cap des 16 ans, je joue dans la cour des grands maintenant", ne cessait-elle de répéter. 

Les larmes jaillirent sans prévenir, m'inondant le visage, et mes genoux me lâchèrent aussitôt. 

Je me retrouvais accroupie dans ma chambre qui me sembla soudainement étouffante, remplie de tout ces souvenirs partagés avec elle.

Je n'entendis même pas ma porte s'ouvrir tellement j'étais accablé par le décès de ma meilleure amie.

C'était Mike qui venait d'entrer, et il ne prononça pas un seul mot en me voyant dans cet état. Il vint à ma rencontre et passa un bras autour de mes épaules. Son geste me fit l'effet d'un baume au coeur et je me laissai aller contre lui, inondant son épaule de mes larmes chaudes.

-Je... je suis pas très doué pour ce genre de chose, mais je suis la, me dit-il en me caressant les cheveux quand je vins à bout de mes pleurs.

Je croisais son regard et je vis les sentiments les plus sincères s'y reflétaient. Je ne sais pas trop ce qu'il m'arriva à cet instant précis, mais je fus subitement prise d'un élan qui me poussa à coller mes lèvres contre les siennes.

Ses lèvres étaient chaudes. C'était un baiser humide, empreint de tristesse, mais ce fut la chose la plus réconfortante que je n'aurais jamais pu espérer.

Il s'écarta doucement de moi:

-Je suis pas sur que ce soit une bonne idée Leni... Tu n'es sûrement pas dans ton état normale et...

-Non. S'il te plaît, ne dis rien, l'interrompis-je en caressant son menton.

A nouveau, mes yeux se remplirent d'eau, et je dus lutté pour garder une voix stable et non tremblante.

Il m'observait attentivement, comme s'il me posait mille et une question à travers un simple regard. Il attendit une réponse que je semblais incapable de lui donner, puis il sembla se résoudre à prendre une décision lui même.

C'est ainsi qu'il se pencha vers moi, la main glissant le long de mon cou, et qu'il m'offrit le baiser qui me fit chavirer le coeur alors que je le pensais détruit à jamais.

BlizzardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant