Chapitre 16

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Je marchais désormais à la gauche de Robin, Mike étant à sa droite. On avait les bras en visière de nos yeux, tellement le vent soufflait fort. Robin, qui portait Vic, marchait tête baissé, en lutte constante contre le temps, comme nous. 

Je lançais sans cesse des regards à ma meilleure amie, qui semblait être à des années lumières de nous. Par moment, je touchais sa peau qui semblait congelé, et je murmurais son nom pour tenter de la faire revenir, mais je n'obtenais que de léger frémissement ou rien du tout. 

Rien ne m'inquiétait plus que sa santé. Son corps ne tremblait même plus, il ne réagissait plus au froid, il ne semblait réagir à plus rien. 

-Elle va s'en sortir.

-Elle va aller mieux dès qu'on sera au chaud, c'est certain, cria Robin à travers le vent.

J'ai parlé à voix haute? Je ne m'en étais même pas rendu compte.  

-Et si elle avait besoin de soins plus grave? Genre hôpital? Elle ne pourra jamais être soigné avec ce temps! m'affolai-je, le regard fixé sur la neige.

-Elle ne devra pas être transporté à l'hôpital Leni. Des qu'on sera chez toi, il suffira de la réchauffer par tout les moyens possible, me dit Mike d'une voix tremblante.

On essayait tous de se rassurer sur l'état de Vic, mais dans le fond, je doute que nous étions convaincu par nos arguments. On se donnait de l'espoir pour ne pas culpabiliser de l'avoir traîné ici. JE me donnais cet espoir.

Je frissonnai, mes vêtements mouillés comme s'ils sortaient du lavage. Je détestais cette sensation d'humidité, j'avais toujours détesté cela.

Quand j'étais petite et que je rentrais chez moi après une grosse pluie ou un orage, je me souvenais très bien de ce que je faisais. Je me débarrassé des habits trempés à peine le seuil de la porte passé, et je hurlais après le sèche-cheveux afin d'arranger ma tignasse.

Finalement, j'avais pas tant changé. En ce moment, mon seul souhait (en dehors de Vic) c'était de rentrer au plus vite et de me débarrasser de tout cela.

Ma maison me fit penser à mes parents, qui devaient juste être mort d'inquiétude que je ne réponde plus au téléphone. Ce dernier s'était déchargé il y a maintenant un bout de temps, je ne saurais même pas dire quelle heure il est.

-Les gars, vous avez l'heure? demandai-je d'une petite voix.

Ce temps, c'était horrible. On tremblait tous, la neige tombait de plus en plus vite et de plus en plus fort. Sans parler de ce vent, glacial, qui vous transperçait la peau. Mais comment avons-nous fais pour survivre jusque là?

-2h du mat', me répondit Mike qui avait sorti une montre sur son poignet d'on ne sait où.

2h du mat... Ça faisait déjà autant de temps qu'on était coincé à cause de cette neige... J'étais à bout de souffle, je n'en pouvais plus, j'avais mal partout, je crevais de froid, et il était 2h du mat...

Mon ventre se mit à grogner en guise de réponse à mes lamentations, ce qui faillit me faire pleurer de désespoir. C'est pas maintenant que j'allais manger.

-J'en peux plus les gars sérieux... me plaignai-je encore une fois.

Je savais très bien que je les exaspérais à force de geindre, surtout Robin qui devait en plus porter mon amie, mais c'était dans ma nature : j'étais une râleuse et je devais le faire savoir.

-On n'en a tous marre, me répondit Robin d'un air pas si mauvais que ça.

J'aurais même dis compatissant. C'était vraiment un mec sympa, mais depuis que les choses s'étaient corsé avec Victorine, il s'était transformé en boule de mauvaise humeur immortelle.

Je sentis une présence à ma gauche, et en relevant rapidement la tête, je vis Mike qui s'était approché de moi.

-Regarde et dis... commença t-il avant de crier mon nom.

Je venais de m'effondrer dans la neige, mes jambes ayant totalement lâchés. Elles avaient abandonnés toute responsabilité de mon corps en me laissant tomber comme une crotte d'oiseau.

Mike s'agenouilla aussitôt pour m'aider à me relever, et je saisis ses mains avec reconnaissance.

-Ça va? me demanda t-il le regard inquiet.

J'hochais la tête, un peu secouée, mais me remis vite de cet instant de faiblesse.

-C'est sûrement la fatigue, je suis exténuée, expliquai-je en luttant contre le vent qui me faisait manger des mèches de cheveux.

-Ne fais pas comme Vic, une malade ça suffit, plaisanta Robin qui venait de se remettre à marcher.

Alors que je voulais le suivre, je constatais que Mike n'avait toujours pas lâché l'une de mes mains. Je lui lançais un regard interrogateur, auquel il répondit par un petit sourire:

-Je ne voudrais pas que tu retombes.

-Si je tombe, je t'entraîne dans ma chute.

-Tu amortiras le choc alors, répliqua t-il avec une voix mielleuse qui me fit fondre.

On se remit alors en route, main dans la main, ce qui me faisait autant plaisir que rougir. Je ne savais pas ce qu'il lui prenait, et même si le vent me brûlait la peau de la main, je refusais de lâcher la sienne.

-Je disais donc, dis nous où on est, reprit-il quelques instants plus tard.

Je relevais la tête pour observer où nous étions. C'était difficile de voir à travers toute cette neige épaisse qui tombait du ciel. Les 2 garçons attendaient près de moi, comme suspendu à mes lèvres pour savoir où on est.

Je savais qu'ils attendaient une bonne nouvelle de ma part, disant qu'on était arrivé. Je savais que ça paraissait dingue que je leur annonce cette nouvelle.

Mais quand mes yeux reconnurent la rue dans laquelle nous étions, quand mon regard se posa sur la petite maison de rangée qui faisait le coin, quand mon regard reconnut le buisson que mon père avait tenté de sculpter en forme de lapin (mais qui ressemblait à... rien du tout) et qui était maintenant recouvert d'un manteau blanc...

-C'est ma maison... c'est MA maison! me mis-je à crier en sautant (oui bizarrement mes jambes avaient retrouvé la forme).

Rien ne me paraissait plus beau que cette maison totalement banale.

Les garçons eurent du mal à y croire, peut-être même crurent-ils que je faisais une blague.

Mais quand ils me virent commencer à courir, ils n'hésiterent pas une seconde à me suivre.

Plus rien n'avait d'importance, le temps, la neige, le froid, rien n'était plus important que ma maison qui se trouvait face à moi.

Malheureusement, je ne savais pas que le pire était encore à venir.

BlizzardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant