Chapitre 10

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Je referme doucement la porte et me tourne vers Caleb.

-On est mal, me dit-il.

-C'est clair.

Nous nous dirigeons tous les deux vers la rue, le regard perdu dans le vide. Je commence à partir de mon côté, sans adresser un mot à mon partenaire, quand il me rattrape en courant.

-Je vais te raccompagner.

-Tu ne sais même pas où j'habite, ça n'a pas l'air d'être sur ton chemin, je proteste.

-J'ai besoin de marcher. Et puis, personne ne m'attend.

Je hoche la tête avec un sourire triste. Nous marchons en silence pendant quelques minutes, puis je me décide à briser la glace.

-Si Nhaundar trouve le moyen de passer dans notre monde, on est foutus.

-Keydjin n'a pas dit qu'il l'avait trouvé, il a seulement dit qu'il était sur la voie. Même si je ne fais pas confiance au fils de notre cher professeur, je me raccroche à cela. On a encore un peu de temps... Et puis, vu ce qu'on a réussi à faire tout à l'heure, on est plus près que ce que l'on pourrait croire d'avoir la force nécessaire.

-Tu crois ?

-Bien sûr, Teriss. On déchire tout.

-Ouais, si tu le dis.

Caleb me stoppe en prenant mon bras et nous nous retrouvons face à face.

-Arrête un peu. Je sais très bien que tu as compris qu'on est bien plus puissants que Will et Lydia. Tu l'as vu comme moi dans les yeux d'Erian. Aies confiance en nous à la fin !

-J'ai confiance en moi, Mayork. Pour ça, en tout cas. Le problème, c'est que je n'ai jamais été douée pour faire confiance aux autres. Et, d'après nos aventures, j'ai encore plus de mal avec toi. Je ne peux pas te faire confiance. Je suis désolée, mais je suis obligée de me méfier de tout ce qui pourrait possiblement mal tourner si tu réagissais mal.

Caleb serre les mâchoires, me lâche le bras et s'en va dans la direction opposée. Ce que je viens de lui dire est un peu exagéré, mais je n'ai pas le choix. Lui et moi ne pouvons pas devenir amis. Ce serait trop dur. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration, pour ne pas être tentée de le rattraper. C'est fou, je ne le connais que depuis trois jours et il arrive déjà à me mettre dans un état pas possible. J'enfonce mes mains dans mes poches et baisse la tête. Je continue mon chemin, perdue dans mes pensées jusqu'à ce que j'arrive enfin chez moi. Je monte dans ma chambre et je pose mes affaires. Je regarde l'heure. Il est déjà seize heures. Je prends une douche rapide pour retirer l'odeur de fumée qui me suit partout et je descends dans le salon. L'énergie de Caleb me traverse toujours, pourtant, après cette journée mouvementée, je n'ai rien envie de faire. Je sors mon carnet de dessin et j'entreprends de dessiner le manoir d'Erian. Lorsque mes parents rentrent, j'ai terminé ce croquis et j'ai même commencé de représenter Caleb. Je referme mon carnet d'un seul coup et allume la télévision.

-Tu es déjà rentrée, Hayleen ? Me demande ma mère.

-Non, je suis son hologramme.

-Eh bien, hologramme d'Hayleen, comment s'est passé ta journée ?

Ils posent tous les deux leurs affaires et viennent s'asseoir près de moi. Je leur raconte tout ce qu'il s'est passé, en omettant soigneusement de mentionner les sentiments envers Caleb. Ils ne semblent pas si surpris que cela.

-Vous avez bien fait, de désobéir et d'aller à Faelhon, conclut ma mère.

Ils se lèvent tous les deux et vont préparer le repas. Quoi ? C'est tout ? J'ai failli mourir trois fois et voilà leur réaction ? Je ne les comprendrais jamais.

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