Chapitre 23

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Caleb me rattrape en petites foulées et nous nous dirigeons vers le pont. Nous sommes en début d'après midi et il fait une chaleur de plomb. Mes vêtements mouillés pendent sur mon bras gauche, tenu par l'écharpe. Mon partenaire tient lui aussi les siens dans ses bras. L'échange que nous venons d'avoir était très étrange. Alors qu'il est habituellement très froid, Caleb m'est apparu sous un nouveau jour, et cela me perturbe énormément. Je ne sais pas comment réagir face à son comportement. Dois-je m'en réjouir ou avoir peur qu'il ne s'agisse du calme avant la tempête ? Je me rapproche de Will car cela fait longtemps qu'on ne s'est pas réellement parlé. Mon ami ne perd jamais une occasion de me taquiner, même si cela me met extrêmement mal à l'aise.

-Alors, on joue les bourreaux des cœurs ? Rigole-t-il.

Je me retourne vers Caleb qui, heureusement, n'a pas l'air d'avoir entendu. Quant à Chris, il fusille Will du regard, ce qui fait rire celui-ci de plus belle. Je le tire un peu à part.

-Arrête ! Qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y a rien entre Chris et moi.

-Par contre, avec Caleb...

-Non !

-Évidemment, sourit-il. Mais tu aimerais bien.

C'est fou comme mon ami me cerne facilement. Je sens mes joues chauffer.

-Nous ne sommes pas là pour ça, je réplique.

-Bien entendu.

Il me sourit et je continue de marcher à ses côtés jusqu'à ce que nous décidions de nous arrêter avant qu'il ne fasse nuit. J'étale mes vêtements encore humides sur une pierre au soleil, avec mes chaussures et ceux de Caleb puis je m'assois sur un tronc d'arbre au sol, avec les autres, pieds nus.

-Vous avez des choses à manger ? Demande Lydia. Parce que moi je n'ai presque plus rien.

-Tiens, il me reste des barres de céréales, je lui réponds en lui tendant.

-Merci, mais je ne suis pas sûre que ça va suffire.

-On devrait se partager ce qu'il nous reste et demain, nous pourrons faire un feu, réplique Enoria. Nous serons assez loin pour ne pas être repérés. Nous pourrons chasser.

-Quand arriverons-nous dans le Mosrack ? Interroge Will.

-J'espère demain soir, justement. Nous pourrons faire notre dernière nuit à la lisière de la zone.

Nous nous partageons tous les restes de nourriture que nous avons et, à la fin du repas, la nuit commence à tomber lentement. Enoria propose de prendre le premier quart de garde alors je me prépare à dormir. Je suis déjà allongée lorsque Caleb vient se coucher juste à côté de moi.

-Bonne nuit, Teriss.

-Bonne nuit, Mayork.

Je ferme les yeux et je m'endors presque tout de suite. Pendant mon sommeil, je perçois vaguement que quelque chose cloche. Je ne m'en formalise pas et retombe dans les bras de Morphée. Au bout d'un certain moment, je me réveille dans une chambre que je ne connais pas. Le lit est à baldaquin, tel un lit de princesse. Toute la pièce est décorée de bleu et de gris clair. Je m'étends dans mes draps et je me lève. Je ne ressens plus aucune douleur à l'épaule. Je ne sais pas ce que je fais ici, mais mes pensées sont complètement apaisées. Je fais le tour de la chambre et je remarque que le mur devant le bureau est recouvert de photo. Je m'approche un peu pour voir plus précisément. Je me reconnais sur la plupart des images. J'y vois aussi Caleb, tout souriant à mes côtés. Sur l'un des clichés, nous sommes même enlacés. Sur un autre, je vois mes parents en compagnie de deux personnes que je ne reconnais pas. Ils sont très souriants et cela me fait chaud au cœur. On dirait des amis de longue date, avec qui ils discutent. Une photo attire mon attention. Une autre de Caleb et moi, seulement cette fois, il pose ses lèvres sur les miennes, comme si c'était un geste banal. De plus, Enoria est présente à l'arrière plan et nous regarde en souriant. Enoria sourire, c'est déjà bizarre, mais Enoria qui sourit en nous voyant ensemble, c'est impossible. Ces photos commencent à m'embrouiller l'esprit. Quelque chose sonne faux. Mais quoi ? Je sais aussi que je ne devrais pas être ici, mais alors où ? Je suis totalement perdue. Je me dirige vers la porte et je sors. Je me déplace presque mécaniquement, comme si je faisais cela tous les jours. J'entends du bruit dans ce qui semble être le salon. Je m'y rends et je reste clouée sur place. Ce ne sont pas mes parents devant moi, mais le couple que j'ai vu sur le cliché, avec mes parents justement. Ils ont l'air totalement détendus.

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