Chapitre 38

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Les paroles d'Alaïne tournent en boucle dans ma tête. Si je suis vraiment une meneuse, alors je dois agir en tant que telle et arrêter de faire des histoires stupides dignes d'une mauvaise télé réalité. Tandis que nous avançons dans Ninaem, nous nous confrontons finalement au problème évident qui se pose à nous. Nous sommes arrivés à Ninaem en sautant d'une falaise. Falaise qui nous empêche de remonter. Nous passons un certain temps à chercher une faille avant de nous rendre à l'évidence. Nous allons devoir escalader la façade. Comment ? Un loup ? C'est un problème, en effet. En plus, nous devons d'abord traverser la rivière, ce qui fait que nous serions trempés pour escalader. Il s'agit de la seule issue qui semble exister. Nous nous arrêtons sur la berge et attendons comme cela pendant plusieurs minutes interminables.

-Qui y va en premier ? Demande finalement Will.

Personne ne répond, alors je me dévoue pour tenter le coup. Au pire si je tombe, ce sera dans la rivière. Je plonge dans l'eau et, en quelques mouvements de brasse, je me retrouve au pied du mur. J'attrape tout d'abord une branche et me hisse un peu. Je parviens laborieusement à m'élever à un ou deux mètres de la surface de l'eau jusqu'au moment où je me déconcentre un peu pour lancer une blague à mon partenaire.

-Eh, Mayork ! C'est presque aussi facile que dans le gymnase, sauf que cette fois-ci je sais que je vais pas tout dégobiller !

Mon pied mouillé glisse sur la paroi rocheuse et je replonge dans l'eau froide. Lorsque je ressors la tête de l'eau, j'entends les rires de mes gentils camarades. Je me rapproche de la berge et je recrache l'eau que j'avais dans la bouche.

-J'ai parlé trop vite.

-Regardez ! S'écrie Enoria après avoir fini de rire.

Je suis toujours dans l'eau et je dois me retourner pour voir ce que la jumelle de mon partenaire montre du doigt. Une espèce de grotte voit le jour à deux mètres environ sous la surface de l'eau, juste à l'endroit où je suis tombée. Je me redresse sur le sol à côté de mes amis et j'observe le trou dans la roche.

-Vous croyez que c'est un tunnel ? Demande Lydia.

-Aucune idée, répond Enoria. Hayleen, va voir.

-Quoi ?

-Bah oui, t'es déjà mouillée et tout..

-T'as peur, en fait.

-Vas-y je te dis.

-D'accord !

Pour la deuxième fois, je plonge et me retrouve au pied du mur. Je remplis mes poumons d'air et je descends dans l'eau jusqu'à l'ouverture. Il s'agit bien d'un tunnel. Le sol de celui-ci est en pente. L'air se fait de plus en plus rare, mais je persiste à aller jusqu'au bout. Lorsque le niveau de l'eau diminue enfin, je reprends une grande inspiration et je fais quelques pas jusqu'à avoir de l'eau au niveau des chevilles seulement. J'avance un peu et je comprends que ce tunnel mène tout droit au Mosrack. Bien, alors il semblerait que nous ayons trouvé une solution. Mes yeux mettent un certain temps à s'habituer à l'obscurité. Je m'apprête à repartir pour prévenir les autres lorsqu'un vent froid frôle ma nuque. De plus, le vent froid est accompagné de voix angoissantes. Des silhouettes noires se détachent des murs et s'approchent lentement de moi. Pas le temps de réfléchir, je replonge dans l'eau et je rejoins le groupe.

-Pas de doutes, c'est un tunnel, et il mène au Mosrack.

-Cool, répond Will.

-Pas tant que ça.

Je leur raconte ce que j'ai vu. C'est pourquoi nous décidons de nous préparer à toutes éventualités. Après avoir essayé d'expliquer à Elias ce que nous allions faire, nous avons tous sauté dans l'eau et nous nous sommes retrouvés dans la grotte en un rien de temps. Une fois tous arrivés, nous reprenons notre chemin pendant un certain temps sans croiser de silhouettes. Après une bonne heure de marche sur la petite pente, nous sommes finalement confrontés au problème. Sans nous en apercevoir, nous nous étions faits encerclés par les personnages sinistres. Nous sommes contraints de nous arrêter. Nous sommes dos à dos et formons un cercle pour ne pas être surpris par une attaque de leur part. L'individu en face de moi ressemble à tous les autres. Il n'est pas vraiment humain. Il s'agit plutôt d'une sorte de spectre recouvert de bandages noirs.

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