Les Derniers Veilleurs

Chapitre 25

La première réaction qui me vient est de fuir. La deuxième est que je ne peux pas laisser Caleb et la troisième est que je vais mourir. Je frôle la mort un peu trop souvent à mon goût. Une waraän se tient à deux mètres à peine. Je tente le tout pour le tout. J'éteins l'orbe lumineuse et nous sommes plongés dans le noir total. Je reviendrais chercher mon partenaire plus tard en espérant qu'il ne soit pas mort. Comme je suis égoïste ! Tant pis, il n'avait qu'à pas se faire avoir et tomber dans les vapes. Je cours à toute vitesse à travers les bois. Je marche au radar, manquant de tomber à la renverse en me prenant un arbre plusieurs fois. Tout en courant, j'essaie de me rappeler les paroles d'Erian. Elle avait les yeux dorés, ce qui signifie qu'elle contrôle les animaux. Voilà qui explique tout. Il s'agit d'une espionne qui nous traque depuis le début. C'est elle qui a révélé notre existence à Nhaundar. Si j'avais l'impression d'être observée par les animaux, c'est parce que je l'étais. Pourtant, plusieurs questions me viennent à l'esprit. Pourquoi n'a-t-elle pas attaqué avant, lorsque nous étions plus vulnérable ? Pourquoi n'a-t-elle pas attaqué Enoria et Chris ? Ou Lydia et Will ? Et enfin, pourquoi Nhaundar nous cherche-t-il toujours si elle sait où nous sommes ? Je n'ai aucune idée de la direction que je prends. Aucune chance d'arriver au camp où sont mes amis. J'entends quelqu'un qui court derrière moi, donc j'accélère le rythme. Je n'ai jamais aimé courir, mais j'avoue que lorsque ma vie est en jeu, je trouve facilement la motivation. Au loin, j'entends des hurlements de loup. Je m'arrête d'un coup et je regarde autour de moi. Je ne vois absolument rien. Je n'ai aucune chance contre quelqu'un qui a des yeux partout. Aussi, je me dois de venir en aide à Caleb. Je dois me rendre. Ma tentative de fuite aurait pu marcher, si j'avais su comment m'en sortir. Je tape des mains et une nouvelle sphère de lumière apparaît au-dessus de ma tête. Mauvaise idée. Je suis encerclée par une meute complète de loup. Leurs yeux rouges ressortent dans le noir. Ils grognent, tout en s'approchant de moi. J'avale difficilement ma salive et j'essaie de les calmer. Je mets les mains devant moi.

-Gentils petits loups... On peut peut-être s'entendre.. ?

Plus de grognements. Visiblement, on ne peut pas s'entendre. C'est vexant. Des pas derrière eux attirent mon attention. Je lève la tête et les loups détournent leur attention vers leur maîtresse, qui en caresse un sans me quitter des yeux. Elle n'est pas effrayante mais majestueuse, imposante.

-Que voulez-vous ? Je demande, sur la défensive.

-Je veux simplement te parler, Hayleen.

-Comment connaissez-vous mon prénom ?

-Tu le sais.

-Vous nous avez suivi... Depuis le début.

-Oui.

-Je ne vous parlerais que si vous me ramenez auprès du garçon que vous avez assommé.

-Désolé pour ça. Je ne veux parler qu'à toi. Mais il serait parti à ta recherche. Suis-moi.

-Euh... Si vous pouviez rappeler vos chiens...

Elle me lance un regard noir mais s'exécute tandis que je marche dans ses pas. Comme elle ne dit rien, je décide de laisser la lumière, ce qui me rassure un peu. Quelques hiboux, chouettes, écureuils viennent chuchoter à l'oreille de mon agresseur. Je me retiens une nouvelle fois de rire. Je me sens comme dans un dessin animé. Sauf que moi, je risque réellement ma vie. Après quelques minutes, nous retrouvons la clairière où se trouve Caleb, toujours inconscient. Il est désormais surveillé par toutes sortes de petites bêtes à poils. La waraän les chasse d'un geste de la main. Je m'élance vers lui et le détache. Cette fois-ci, elle ne m'en empêche pas. Elle attend patiemment à côté de nous. Une fois détaché, Caleb ne m'est toujours d'aucune aide. Quelle idée idiote. Attaché ou non, il est toujours inconscient. Je me lève et me tourne vers la femme aux yeux dorés.