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Chapitre 9: Affaire classée?

Ashley faisait les cent pas dans la pièce, tout en se mordillant nerveusement les ongles, tandis que Sean, assit sur le lit, jouait incessamment avec un stylo quatre couleurs, l'air totalement largué. Quant à moi, je fixais le réveil, adossée contre un des murs de la chambre de mon amie, espérant que cela ferait avancer le temps.
L'heure passa lentement de dix-huit heures et neuf minutes à dix-huit heures et dix minutes.
Je lâchai un soupir d'exaspération. Cela ne faisait que dix minutes que Brad était censé être arrivé, et pourtant j'avais l'impression qu'un siècle entier s'était écoulé. J'avais appelé ma mère avant de venir chez Ashley pour la prévenir que j'allais rester un moment chez elle et elle m'avait simplement dit de ne pas rentrer après vingt-heures.

- Il est en retard! s'exclama soudainement Ashley, brisant le silence pesant. (Elle se massa les tempes.) S'il voulait me faire péter un câble, il a réussi.
- Il ne va pas tarder, déclarai-je, sans avoir la moindre foi en mes paroles.

Le cliquetis rythmé du stylo de Sean, les pas d'Ashley, et l'heure qu'affichait le réveil décoré d'une sorte de house -à oreilles de lapin rose-, et posé sur la table de chevet de cette dernière créait une certaine atmosphère de suspens.
Tic, Tic, Tic.
Pam, pam, pam.
Ding- dong.
Je sursautai à l'entente de la sonnerie et échangeai un regard inquiet avec mes deux amis.

- C'est sûrement lui, affirma Ashley, qui avait déjà traversé le seuil de la porte de sa chambre et commencé à dévaler hâtivement les escaliers.

Je refermai la porte derrière elle, puis lançai un coup d'oeil furtif à Sean, qui se mordillait nerveusement la lèvre inférieure, toujours assis sur le lit. Nous étions à présent seuls dans cette chambre, attendant qu'Ashley remonte avec Brad. Pas que cette simple idée m'inspirait des pensées pas très catholiques, mais depuis quelques jours, sa présence me rendait vraiment, mais alors vraiment très nerveuse.
Et dire que depuis le début, il avait eu des doutes au sujet de la mort de Brad, et que nous ne l'avions pas cru. Maintenant, notre ami sonnait à la porte, comme si de rien était.
Je détournai immédiatement la tête, lorsque je me rendis compte que ce coup d'œil furtif avait duré plus longtemps que prévu, et qu'il m'observait à présent à son tour.

- Ne le dis pas à Ashley, mais...commença-t-il.

Il parut réfléchir un bref instant, puis soupira, l'air sincèrement perdu.

- Jamais je n'aurais pensé dire ça de mon propre meilleur ami, mais je pense qu'on devrait se méfier de Brad tant qu'on n'a pas trouvé une explication plausible à toute cette affaire. À mon avis Ashley est trop heureuse et soulagée pour se soucier de tout cela alors...

Au même moment, la porte s'ouvrit lentement. Ashley entra, suivie de Brad qui la referma derrière lui.
Un long silence s'installa, et l'air semblait devenir de plus en plus lourd.

- Je suis désolé, finit par dire Brad. Je suis allé voir mes parents. Mon frère est rentré à Rosebrooke. Ils ont tous failli faire une crise cardiaque à l'instant même où ils m'ont vu. J'ai dû leur expliquer que je ne me souvenais pas de quoi que ce soit qui puisse les aider à comprendre, et ils n'ont pas voulu me laisser ressortir. En bref, j'ai très peu de temps...
- Nous aussi, le coupa Ashley. Si ma mère revient avant l'heure prévue, je me vois mal lui dire que j'ai invité un cadavre à la maison.

Je fis les gros yeux à Ashley. Elle ne pouvait décidément pas retenir sa langue, même dans les situations les plus graves.
Tout d'un coup, je repensai aux propos de Sean, une minute plus tôt, et me mis à fixer Brad. Il me semblait bien en forme pour quelqu'un qui quelque jours plus tôt s'était fait kidnapper, puis assassiner. Je voulais bien croire à l'histoire de dons surnaturels, et encore, mais la résurrection, c'était trop pour moi.
De plus, un détail me revint en mémoire. Il avait été électrocuté. Et lorsque nous l'avions découvert, son corps était chargé de blessures et d'une espèce de crasse noire, sûrement due aux décharges successives. Puis, il avait été disséqué comme une vulgaire grenouille d'SVT pour l'autopsie. Je ne pouvais pas douter de mon meilleur ami, et pourtant, j'avais l'impression qu'il nous cachait beaucoup de choses.