Bianca. Gareth. Les présentations sont faite, au revoir ?

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- Non. C'est impossible.

La panique de Kenan enflait dans sa poitrine, se répercutant dans la mienne. Effectivement. Ce n'était pas possible. Cela ne pouvait pas être possible. Elle ne pouvait pas se tenir devant nous. Et lui non plus. Je serrai mes doigts sur le manche de mon couteau alors que je ne pus m'empêcher de ressentir le besoin viscéral de l'éloigner. Il m'avait torturé. Il m'avait regardé souffrir en y prenant un plaisir sans fin. Il était l'allié de Geoffrey. Il avait failli tuer Kenan. Non. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas le regarder se poser au sol avec ce calme si flagrant qui ne signifiait qu'une chose : sa certitude qu'on ne bougeraient pas.

Pourtant les grognements se firent menaçant. La meute se déplaçait déjà autour de lui, ne lui laissant aucune échappatoire. Je n'avais pas eu besoin de formuler le moindre ordre, la meute avait senti ma colère et mon inquiétude. Ils n'avaient pas besoin de savoir qui était cet homme, ils savaient juste que je le percevais comme une menace et cela leurs suffisaient largement. Andréa se glissa à côté de moi, son dos tout aussi voûté que le mien, prêt à se jeter sur cet homme s'il osait s'approcher de moi.

Mais je n'arrivais pas à me jeter sur lui. Je n'arrivais pas à me résoudre à le faire. Pour une seule et unique raison : dans ses bras reposait le corps frêle d'une jeune femme. Une jeune femme dont le visage m'était familier bien que je n'ai jamais réellement eu la chance de la connaître. Pas dans le présent du moins. Bianca. Et ses yeux vert, un peu intimidée qui allait de son frère à moi avec indécision. Tamara tangua légèrement en s'avançant, désireuse de participer mais Andrew la retint fermement alors que son état ne permettait pas qu'elle se joigne au cercle que nous formions. Je regardai autour de moi, analysant toute les possibilités. Il n'y avait personne d'autre avec eux, pas la moindre trace de Geoffrey. Et je n'avais pas le temps de chercher plus. Kenan bouillonnait.

- Bonjour, souffla la voix frêle de Bianca, cassant un peu l'atmosphère pesante.

- Bianca, murmura Kenan les mains tremblantes.

La jeune femme vacilla à son tour alors que son frère la contemplait, des larmes embuant ses yeux aussi sombre que la nuit. C'était la deuxième fois que je voyais Kenan dans cet état, la première étant le jour où il m'avait parlé d'elle pour la première fois, et je ne pouvais que l'empêcher de se jeter dans la direction de sa sœur. J'étais bien trop perturbée par celui qui la maintenant dans ses bras. Le démon. Le démon la serrait contre lui avec douceur mais quelque chose me dérangeait profondément. Il n'était pas doux. Il n'avait rien de doux.

- Tu vas bien ? Demandai-je en restant malgré tout imperturbable au moins d'apparence.

- Ça peut aller, murmura Bianca en séchant vivement ses propres larmes. Je sais ce que tu penses Keyli, mais il n'est pas ton ennemi. Pas plus que moi.

- Il m'a torturé, balançai-je. Il m'a fait souffrir jusqu'à me faire perdre la raison. Il m'a brûlé. M'a enfoncé des lames dans l'épaule. Frappé. Tabassé jusqu'à me laisser inconsciente. Il...

- Je sais, me coupa-t-elle en détournant le regard. Et je comprends ta colère. Il a commit des erreurs impardonnables... mais il m'a ramenée à la vie. Il m'a rendu mes ailes.

Doucement, Bianca appuya sur l'épaule du démon et je me reculai légèrement, prête à parer le moindre assaut alors qu'il se retrouvait avec les mains libres. Mais je ne focalisai pas longtemps mon regard sur lui. Tremblante, Bianca se tenait malgré tout sur ses jambes. De grandes ailes vertes translucide se déployèrent et l'aidèrent à se maintenir ainsi face a nous. Un sourire immense s'élargit sur son visage pâle. Cette fois je ne pus retenir Kenan qui fonça sur sa sœur, sans la moindre réflexion. Il l'attrapa par la taille et elle éclata en sanglot dès qu'il commença à la serrer contre lui, murmurant son nom des centaines de fois. Je serrai un peu les poings. Je ne pouvais qu'être envahit par leurs bonheurs. Leurs joies. Kenan osait à peine y croire, comme s'il craignait de se réveiller brutalement d'un rêve trop doux. Sa joie à elle était plus timide, elle était inquiète. Pour celui qui l'avait ramenée au côté de son frère.

Water Lily : la floraison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant