Je marchai lentement. Savourant l'air qui commençait doucement à fraîchir. L'automne ? L'hiver ? Je n'avais plus réellement eu conscience du temps, ni même de la date. J'aurai été incapable de dire qu'elle jour nous étions. Je savais juste que c'était un jour sombre. Le soleil brillait à peine, perçant difficilement derrière d'épais nuages. Il ne pleuvait pas encore mais j'étais persuadée que cela ne tarderait pas. Je levai un peu la tête, fixant ce ciel gris et uniforme. Étaient-ils tous là-haut ? Je n'avais jamais eu la curiosité de demander à Dana comment se passait l'après. L'idée ne m'avait même pas effleurée quand j'avais été avec Nana ou encore Nathan. De toute façon, je doutai qu'aucun ne m'aient offert une réponse. C'était un monde qui devait rester mystérieux pour nous, les vivants.
Enfant, j'étais persuadée que les nuages abritaient les morts, qu'au-dessus des cotons duveteux s'étendaient de grande bâtisses, des parcs, des forêts. Un second monde, identique à celui dans bas. Il y aurait eu des hôpitaux, des commerces, des écoles. En somme, quelque chose de rassurant, quelque chose de connue. Mais aujourd'hui j'espérai que ce n'était pas le cas. Que l'univers qui les attendait serait radieux. Magique. Enivrant. Qu'ils pourraient y réaliser leur plus grand rêve, leur plus grands projets. Qu'ils n'y auraient plus aucune frontières, plus aucune barrières.
Je reposai mon attention sur ce qui m'entourait. La forêt dense était d'un calme parfait. Les bruissements léger des arbres, portés par le vent ; quelques craquements résonnaient au loin, témoignant que la vie avait reprit son cours. Comme si rien ne c'était passé. Je soupirai en m'immobilisant. Je me laissais bercer par le silence. Par le calme. Plus de tumulte. Plus de question. Plus de sanglot. Plus de larme qu'on retiens difficilement.
Je me mordais l'intérieur de la lèvre. Je n'avais plus mon médaillon à mordiller, je me vengeais donc largement sur ma pauvre lèvre qui subissait sans se plaindre. Enfin. Presque. Le goût métallique du sang me signalait qu'elle protestait quelque peu. Je repris mon chemin, marchant sans savoir réellement vers où. Mais mes jambes, elles, savaient parfaitement où elles me guidaient. Dans un lieu que j'avais aimé, un lieu rassurant. Un lieu emplit de sentiment radicalement différent de ceux que j'éprouvai aujourd'hui.
Je venais d'enterrer mes proches. Je venais d'enterrer un trop grand nombres de proches. Je n'avais pas pleuré. Pas que je n'avais pas eu envie. Pas que je n'aurai pas pu. J'en aurai eu le droit, mes amis me l'avaient répété en constatant qu'aucune larmes ne venaient couler sur mes joues. Mais je ne l'avais pas fait. J'étais restée droite. J'étais restée au-devant d'une foule de personne, qui eux, se laissaient aller. Les sanglots. Les crises d'angoisses. La souffrance. Je n'avais pas pleuré. Mais j'avais le sentiment de l'avoir fait. J'avais pris toutes leurs tristesses, toutes leurs émotions. Ils avaient exprimés tous ce qui résonnaient en moi, je n'avais simplement pas eu à le faire. Mon rôle avait été d'être l'épaule sur laquelle s'effondrer. C'était à mon tour de les réconforter.
Bianca, entre ses deux frères, n'avaient pas réellement eu besoin de ma présence. Maël veillait à ce qu'elle ne s'effondre pas au sol, tentant au mieux de l'apaiser quand elle n'avait eu de cesse de pleurer depuis la mort de Gareth. Elle était épuisée. Son corps. Son esprit. Tout était vide en elle. Elle ne parvenait qu'à pleurer. Mais petit à petit, une pensée émergeait : elle avait un enfant. Un enfant qu'elle devait élever. Un enfant qui était aussi celui de Gareth. Elle serait forte. Juste encore quelques temps, juste encore quelques larmes et elle le deviendrait.
Akina, elle, n'avait pas sa chance. Rien à quoi s'accrocher. Pas d'enfant. Pas de frère. La solitude la rendait folle. Elle n'avait plus Daichi. Elle n'avait plus Keona. Elle était seule. Seule. Seule. Seule. Ses sanglots avaient résonné durant tout l'enterrement. Une femme que j'avais déjà vue pour être toujours rester dans l'ombre de Daichi, la maintenait debout alors qu'elle sombrait à chaque seconde dans la douleur. La femme forte, pleine d'assurance avait volée en éclat, laissant place à une femme ravagée. Le cœur en lambeau. Et surtout incapable de se relever, incapable de croire en un quelconque avenir. Pas sans eux.
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Water Lily : la floraison.
Fantasy- Maman, murmurai-je. - Bonjour ma chérie, sourit-elle en m'ouvrant ses bras. Je m'y ruais aussitôt, enfouissant mon visage dans sa nuque alors que sa douce odeur me rappelait à qu'elle point le foyer qu'elle m'avait toujours offert me manquait. J...