LE DIEU DU STADE Le lycée a vu naître la femme que je suis aujourd'hui. J'ai commencé à me maquiller, à mettre du vernis, à m'apprêter. Les premières bluettes de cour de récré n'ont pas tardé. La situation financière du foyer s'améliorait, ma mère complétant ses revenus d'institutrice en donnant des cours du soir. L'annéedemesseizeans,nousavonspu acheter une télévision, l'une des rares du quartier, devant laquelle s'agglutinaient nos voisins émerveillés. Les matchs des Lions étaient toujours prétextes à de grands rassemblements festifs autour du petit écran. Je n'en manquais pas une miette, haranguant les joueurs depuis le canapé familial, vêtue de mon maillot fétiche. Samuel Eto'o, jeune recrue de Majorque, était devenu le chouchou de l'équipe nationale en participant à la victoire en 2000 de la Coupe d'Afrique des nations, puis décrochant la médaille d'or aux jeux olympiques de Sydney.Mais même si le quotidien s'améliorait, nous étions loin de l'opulence. Je poursuivais ma scolarité au lycée Général Leclerc, le plus réputé de Yaoundé, le plus cher aussi. Ma mère ne plaisantait pas avec les études et n'hésitait pas à sacrifier confort et loisirs pour nous offrir la meilleure éducation possible. Mes copains et copines de classe étaient tous des enfants de riches hommes d'affaires, de hauts fonctionnaires, ou de membres du gouvernement. Malgré mes efforts, je ne pouvais pas m'aligner devant ce parterre de vêtements de marques et de bijoux clinquants. Ce décalage me frustrait. Ce n'était pas simplement de la jalousie, mais un sentiment d'injustice; celui d'être différente des autres parce que moins bien née. L'adulte que je suis devenue voit leschosesautrement,maislajeunefilledeseizeansque j'étais souffrait profondément de ce mauvais coup du destin. Je n'avais pas l'argent, mais j'ai vite compris au regard que les hommes portaient sur moi que je possédais un autre atout pour me mettre au niveau de mes camarades: mabeauté. En Afrique peut-être plus qu'ailleurs, donner de l'argent ou offrir des cadeaux à sa bien-aimée est une pratique courante et acceptée de tous. Il ne faut pas y voir une version arriérée des relations homme-femme mais le poids encore prégnant des traditions. Dans les villages, le versement d'une dot par la famille du mari à celle de son épouse est encore très répandu. Cette coutume scelle l'allianceentre les clans, mais témoigne aussi de la stabilité financière de l'époux. La générosité des hommes envers leurs prétendantes est également le reflet du couple tel qu'il fonctionne encore majoritairement dans les sociétés africaines: le mari travaille et apporte le confort matériel, tandis que l'épouse s'occupe du bon fonctionnement du foyer et de l'éducation des enfants. Au stade du flirt, offrir des cadeaux à sa petite amie s'inscrit dans une logique assez similaire, même si l'intention est un peu différente. Il s'agit plus simplement de faire plaisir à celle qu'on aime tout en donnant des gages du sérieux de la relation. Àl'heure de mes premiers émois, ce genre de considérations m'importait peu. J'étais à un âge où l'attirance pour l'autre était la seule donnée qui comptait. Mon premier petit ami s'appelait Yannick. C'était un garçon du lycée. Il avait un an de plus que moi. J'étais dingue de lui. Il venait d'une famille aisée. Son père était directeur de la caisse de prévoyance sociale. Il me traitait comme une princesse, même s'il n'avait pas suffisamment d'argent de poche pour me combler: il me répétait à longueur de journées que j'étais la plus belle, m'offrait parfois des chocolats, et ça me suffisait. Et puis du jour au lendemain il m'a quitté pour une autre, sans explications. J'étais dévastée. Ma peur panique de l'abandon a refait surface. J'étais belle mais pauvre. Aucun homme ne voudrait sérieusement d'une fille commemoi. Bout d'chou est venue à la maison pour me réconforter. « Tu ne devrais pas sortir avec ce genre de garçons. Ils ne sont pas matures, ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils ont. Tu es magnifique, tu peux te trouver quelqu'un déjà installé dans la vie, quelqu'un qui saura vraiment prendre soin de toi.» Ces paroles ont résonné en profondeur. Pourquoi se tourmenter? Pourquoi laisser des hommes me faire du mal? Je ne veux plus souffrir, je ne veux plus m'attacher. C'est moi qui vais maîtriser le jeu. Profiter de ma beauté pour profiter de leur argent. Et devenir la grande dame enviable, désirable, à laquelle je veux ressembler. Cette volonté de m'affranchir de ma condition sociale a entraîné une série de réactions en chaîne. Mes résultats scolaires ont chuté au point de me faire rater l'examen d'entrée en terminale. Je ne pensais qu'à sortir, m'amuser, séduire. Je passais mes soirées en boîte de nuit à danser et boire de l'alcool. J'avais encore du mal à m'imaginer sortir avec un homme plus âgé, même si les opportunités commençaient à se présenter. En attendant de franchir le pas, je suis sortie avec un camarade de classe, Bollah, un garçon de famille modeste comme moi. Mais, contrairement à Yannick, il multipliait les attentions, n'hésitant pas à partager son argent de poche en deux pour mes beaux yeux. Il m'offrait mon déjeuner, me payait le taxi pour rentrer chez moi le soir. Mes nouvelles aspirations créaient des tensionsavec ma mère. Je ne voulais plus rien faire à la maison. Mes bulletins de notes catastrophiques l'inquiétaient, mais au-delà, elle sentait bien que je tentais de m'extraire à tout prix de mon milieu. Un soir, j'ai eu droit à un long sermon. «Je me plie en quatre pour toi, mais apparemment ça ne te suffit pas. On dirait que tu as honte de ta famille. Quand tes amis viennent te chercher, tu ne les fais pas rentrer à la maison.» Elle n'avait pas tort. Un soir, alors que Bollah me ramenait chez moi, je lui avais ostensiblement refusé l'entrée de mon domicile. «Je n'ai pas envie que tu t'aperçoives que mon quotidien n'est pas si rose. J'ai peur que ça t'effraie et que tu me quittes.» Sa réponse m'a prise de court. «Je viens du même milieu que toi. De quoi as-tu peur? On s'en fiche de tout ça.» Bollah et ma mère avaient raison. Mais mon logiciel avait déjà changé. Je voulais mener grand train, envers et contre tout. Ma relation avec Bollah s'est poursuivie au gré de ses attentions, toujours plus nombreuses. À la rentrée de terminale, il m'a donné la moitié de l'argent que ses parents lui avaient confié pour s'acheter des fournitures. J'ai aussi profité des largesses d'un oncle éloigné, qui m'a acheté un téléphone portable tout neuf, et m'a donné en plus cinquante ou cent euros. J'ai utilisé cet argent pour étoffer ma garde-robe, m'acheter ma première paire de tennis neuve, et un sac à main rutilant. En arrivant au lycée, parée de mesplus beaux effets, je me suis sentie au-dessus du lot, fière, confiante. Je n'étais plus la gamine des quartiers, mais une femme du monde. Je n'ai pas tardé à être suivie par une petite cour d'admirateurs, à l'intérieur et à l'extérieur du bahut. Conscient lui aussi de mon pouvoir grandissant sur les hommes, mon cousin Dadou avait mis en place une véritable stratégie d'extorsion pour prétendants naïfs. Il me présentait à ses amis fortunés, nous laissait bavarder cinq minutes, puis les prenait à part pour recueillir leurs compliments sur ma plastique. Évidemment, le pigeon en profitait pour demander mes coordonnées. «Tu veux son numéro? D'accord, mais ce n'est pas gratuit.» Nous nous partagions ensuite le butin. Ce qui était d'abord un jeu est devenu une véritable petite entreprise familiale. Inutile pour moi d'embrasser, encore moins de coucher: la seule perspective de pouvoir un jour me parler au téléphone suffisait à faire passer le client à la caisse. Les prétendants se bousculaient, dont certains affichaient une belle situation et des revenus confortables. Les voir venir me chercher à la sortie des cours avec leur grosse berline rendait mes copines de classe vertes de jalousie. Et m'emplissait d'une fierté infinie. Sans surprises, ma relation avec Bollah n'a pas survécu à ce rôle d'appât permanent que je m'étais créé. Les sollicitations ne manquaient pas, mais je n'avais ni l'envie ni le courage, au fond, de sauter le pas vers une relation avec unhomme plus âgé. J'avais beau me prendre pour une grande dame, je restais une lycéenne de dix-huit ans. Je voulais juste jouer avec la crédulité des hommes et en profiter pour me faire plaisir. L'une de mes camarades de classe, Yolande, n'avait pas ces réticences: elle était déjà passée à l'étape supérieure. Nous nous sommes rapprochées au fil de l'année scolaire. C'était sans aucun doute l'une des filles les plus élégantes de l'établissement. Certaines de ses paires de chaussures valaient à elles seules un mois de salaire de ma mère. Je me prenais déjà pour une femme fatale, mais à côté de Yolande, je passais pour une diva de carton. Elle m'a vite remise à ma place. «Tu pourrais avoir beaucoup plus de choses si tu sortais avec ces garçons au lieu de les faire tourner en bourrique. Ils vont se lasser de tes promesses, et tu n'auras bientôt plus rien.» J'en étais consciente. Mais j'avais besoin de quelqu'un pour me faire entrer dans la vraie cour des grands. Yolande l'a senti, et a accepté de remplir cette mission. Mon initiation débute quelques jours plus tard. Yolande m'invite à une après-midi shopping en vue de l'arrivée le soir même d'un de ses amis, un Camerounais qui vit en Suisse, et a flashé sur une photo de moi. Nous prévoyons de nous retrouver en boîte plus tard dans la soirée. Après nos emplettes au carrefour Bastos, un quartier chic de Yaoundé, nous cherchons un bar pour papoter autour d'unverre. Une grosse Mercedes s'arrête à notre hauteur alors que nous nous apprêtons à traverser la rue. À son bord, deux hommes bien mis, la trentaine, nous adressent la parole. «Ça va les filles? Vous vous appelez comment?» Je reste muette, interdite. Yolande prend la situation en main et sympathise tout naturellement avec le conducteur. Elle m'impressionne. Je n'arrive pas à ouvrir la bouche. Mes yeux sont fixés sur le passager, un très beau garçon, grand, au teint clair. Les deux compères expliquent être cousins et nous proposent de nous retrouver dans un bar du quartier le temps de garer leur bolide. J'ai envie de m'enfuir mais Yolande me convainc d'accepter, assurant que nous avons du temps avant de rejoindre son ami plus tard dans la soirée. En entrant dans le bar, les deux cousins sont déjà là. Ils jouent au billard et n'ont pas l'air très habiles. On sent qu'ils veulent nous impressionner. C'est raté. Yolande et moi prenons une table, et commençons à nous plonger dans la carte des cocktails. Nous n'en connaissons aucun, et finissons par choisir un breuvage inconnu à base de lait. La serveuse nous apporte une boisson tiède au goût amer infect. Je lui demande des glaçons pour tenter de rafraîchir la potion et la rendre buvable. La scène n'échappe pas aux cousins, qui nous rejoignent hilares. Celui au teint clair dit s'appeler Frédéric. «Le cocktail vous plaît?» demande-t‑il.Je tente une moue blasée. «Oui ça va.» «Ah bon? Tu es costaud. Parce que moi, je trouve ça dégueulasse. Quand je vous ai entendues commander, je me suis dit que vous alliez le regretter. Et je ne crois pas m'être trompé.» Frédéric est plié en deux. Son rire est communicatif. Yolande et moi n'arrivons pas à nous retenir longtemps. L'anecdote brise instantanément la glace. Frédéric me demandemonâge.J'annonce vingt-trois ans. «Mais ton véritable âge, c'est quoi?» Je suis morte de honte. Il n'a pas cru une seconde à mon mensonge. «Dix-huit.» Je suis démasquée en un clin d'œil. Inutile de vouloir «pipoter» davantage. Frédéric nous propose de venir dîner chez lui. Sa bonne, dit-il, s'occupera du repas. Je comprends qu'il vit seul. Je me vois déjà chez lui, en épouse accomplie, en train de m'occuper de la maisonnée pendant qu'il travaille. Je me vois déjà en femme. En vrai. Le dîner est parfait, l'appartement magnifique. J'apprends qu'il appartient à sa sœur, car lui vit et travaille essentiellement en France. Je suis sous le charme. À vingt-neuf ans, Frédéric a tout de l'homme posé, qui s'assume seul. Il parle un français parfait. À la fin du repas, il propose de nousdéposer à la boîte de nuit. Je n'ai plus aucune envie de rencontrer l'ami suisse de Yolande. Au bout d'une heure sur place, je rappelle Frédéric qui vient me chercher et suggère de me déposer chez moi. Je n'ai pas envie qu'il voit la maison de ma mère, mais je souhaite encore moins qu'il pense que je le rejette. La vision de mon quartier ne paraît pas lui déplaire. Notre histoire d'amour commence. C'était la relation dont je rêvais. Même si Frédéric travaille en France, il revient souvent au Cameroun. Il m'apporte tout ce dont j'ai besoin. Il m'amène au lycée en voiture, et vient me chercher le soir. Toutes mes copines sont vertes. J'ai l'impression d'être une adulte. Je suis folle amoureuse. Je le présente à ma mère et à mes frères, il meprésente à sa sœur, Léonie. Une mère célibataire à la tête de sa société d'événementiel et de communication. Une femme forte, belle et autonome. Je l'admire. En l'absence de son frère, je me rapproche beaucoup d'elle, à tel point que j'emménage dans son appartement au bout de quelques semaines. Frédéric n'yvoitpasd'inconvénient, bien au contraire. Nous sommes ensemble depuis trois ou quatre mois, et déjà il répète à l'envi qu'il me demandera en mariage lors de son prochain séjour à Yaoundé. C'est rapide, certes, mais l'osmose est parfaite. Pourquoi refuser? Le mois de juin 2008 marque la fin de l'année scolaire. Le bac approche alors à grands pas, mais les études nem'intéressent plus, au grand dam de ma mère. Tandis que Frédéric passe l'essentiel de son temps en France, Léonie et moi devenons plus complices que jamais. Elle met alors un point final à son grand projet du moment: l'organisation de la Nuit des stars. Ce grand gala prévoit de réunir la crème des people d'Afrique de l'Ouest pour lever des fonds au profit de la lutte contre le cancer. Pour cette troisième édition, qui doit se dérouler à Abidjan, la liste des invités est déjà prestigieuse : le footballeur Didier Drogba, le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, le chanteur congolais Fally Ipupa. Mais Léonie voit plus loin, et veut s'offrir la nouvelle star du foot camerounais: Samuel Eto'o. Le jeune prodige est devenu une star du ballon rond, signant quatre ans plus tôt un contrat de 24 millions d'euros avec le FC Barcelone. Sa saison 2008 avec le club catalan est en demi-teinte, l'équipe ne parvenant à décrocher aucun titre. En revanche, il a brillé plus tôt dans l'annéeaucôtédes Lions lors de la Coupe d'Afrique des nations. L'équipe nationale du Cameroun termine deuxième de la compétition, Eto'o devenant au passage le meilleur buteur de l'histoire de la CAN avec seize buts. Eto'on'est plus une star camerounaise mais une superstar mondiale. Avec le Barça, il a déjà remporté deux championnats d'Espagne et, surtout, la Ligue des champions en 2006 contre Arsenal. Tout le Cameroun l'adule, et au-delà, c'estl'Afrique entière qui célèbre l'avènement du prodige. Son parcours rend le personnage encore plus attachant. Enfant des rues, Samuel a atteint le sommet du football planétaire à la force de son seul talent. Passé par une académie pour sportifs de haut niveau à Douala, la deuxième ville du Cameroun, il tente sa chance à l'adolescence dans les centres de formation de grands clubs français, comme Cannes et Saint-Étienne, mais n'est pas retenu. C'est finalement le Real Madrid qui va flairer le bon coup, et lui offrir son premier contrat à l'âge de quinze ans. Il faut attendre son passage au club de Majorque, entre 2000 et 2004, pour voir éclore le champion qu'il va devenir. Lors de sa dernière saison avant son transfert à Barcelone, Eto'opermetàMajorque d'atteindre les huitièmes de finale de la coupe de l'UEFA, terminant meilleur marqueur de l'histoire du club avec soixante-dix buts inscrits durant la saison. Depuis, et malgré quelques pépins de santé, Eto'o est, avec son camarade du Barça, Ronaldinho, célébré comme l'undesplusgrands avants-centres de sa génération. Sa stature internationale rend toute tentative d'approche difficile, même pour Léonie. Pourtant, la jeune femme ne démarre pas de zéro. Elle peut compter sur un réseau solide, àcommencerparlepetitfrèredeSamuel,David,qu'elle fréquente depuis quelques mois déjà. Mais la superstar reste insaisissable. Nous sommes à une dizaine de jours del'événement, prévu pour le 27 juin, et Léonie n'a toujours pas réussi à caler une rencontre formelle avec celui qu'elle entend désigner comme le parrain de la soirée. En attendant le rendez-vous providentiel, l'organisatrice décide de se rendre au stade pour distribuer quelques invitations de dernière minute aux joueurs de l'équipe B des Lions indomptables, présents ce jour-là pour une séance d'entraînement. Connaissant ma passion du foot, elle me propose de l'accompagner, ce que j'accepte. Nous entrons dans le stade Ahmadou-Ahidjo deYaoundé, vide de tout spectateur, avant de gagner la tribune présidentielle, tout aussi déserte. Sur la pelouse, l'équipe des cadets divisée en deux joue contre elle-même. Rien de bien passionnant, même pour une mordue comme moi. À mes côtés, Léonie et David, le cadet de Samuel, observent la rencontre sans plus de passion. Le match touche à sa fin, lorsque j'aperçois Alexandre Song surgir de nulle part et se diriger vers nous. Le milieu défensif d'Arsenal vient tailler le bout de gras avec David comme un vieux copain. Sa présence me surprend autant qu'elle m'intimide. Mon cœur s'emballe. Des joueurs de l'équipe A seraient-ils présents dans le stade? Je n'ose pas y croire. David sait, forcément. Je lui pose la question sans détour. «Oui, oui, Achille Emana est là. Et mon frère aussi.» Les battements frénétiques de mon cœur se transforment en galop. Samuel Eto'o. La star des stars. L'emblème d'unpays. Le héros de mon adolescence. Je n'ai pas le temps de réaliser qu'il apparaît déjà, grimpant les escaliers dans notre direction. Lui et ses coéquipiers ont regardé le match quelques mètres plus bas, dans les tribunes spectateurs, hors de notre vue. Je le dévisage comme on scrute un tableau de maître. Il est habillé du survêtement jaune et vert des Lions. Moins sexy tu meurs. À cet instant, je suis d'ailleurs loin de porter sur lui le regard d'une femme séduite. Je suis juste une gamine émerveillée par la vision d'une légende vivante. Léonie, qui espérait secrètement croiser son chemin, se jette sur l'occasion et lui fait signe de s'approcher de nous. «Léonie? Comment vas-tu?» J'ai le souffle coupé. Je veux à tout prix garder mon sang-froid. Ne surtout pas montrer que je suis en train de défaillir. Je rassemble toutes mes forces pour contenir l'état de surexcitation qui est le mien. Non, ne fais pas ta groupie, ce serait ridicule. Je reste assise là, faussement indifférente, le regard vide, tenant le sac de Léonie en attendant qu'elle termine sa conversation. Cinq secondes plus tard, je l'entends m'appeler. Je me retourne. Ils sont là, à deux mètres de moi. Léonie veut sûrement récupérer son sac pour en sortir l'invitation destinée à Samuel. Je le lui tends en évitant soigneusement le regard du numéro 9. Rien n'y fait : j'aperçois sa main qui se dirige vers la mienne. Impossible d'y couper. Je la lui serre en fixant mes chaussures. Jesens ses doigts se refermer sur les miens. J'ai envie de courir me cacher sous un siège. Il ne veut rien lâcher, et continue de me tenir la main comme pour me forcer à plonger mon regard dans le sien. Mon flegme apparent va devenir suspect. Je cède. Son visage s'illumine. Pas un «bonjour», pas un «ça va». Juste deux mots qui résonnent encore en moi. «Très belle. » Dites moi si sa vous a plue mes amours 💋💋💋💋....
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REVENGE PORN. Foot, sexe, argent: mon témoignage ex de Samuel Eto'o
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