LIONNE INDOMPTABLE

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La Nuit des stars est une réussite. Sur la scène du Palais des congrès d'Abidjan, numéros d'artistes et défilés de mode se succèdent, sous l'œil bienveillant de Léonie. Parrains du gala, Didier Drogba et Samuel font une brève apparition en début et fin de cérémonie. Pendant le reste de la soirée, l'attaquant de Barcelone et moi sommes assis à deux tables différentes. Je repense à l'étrange épisode de l'hôtel, cette conversation impromptue avec le grand Samuel Eto'o habillé d'un simple boxer dans l'encadrement d'une porte. Surréaliste. Et quel embarras! Je me surprends à sourire en merepassant le film. Samuel et moi n'avons pas de contacts durant les festivités. Entre deux tours de chant, je tente d'accrocher son regard sans y parvenir, et sans trop savoir pourquoi. Une fois la soirée terminée, le footballeur s'éclipse. Je reste avec Léonie et ses équipes pour débriefer le déroulement du gala. Pendant les échanges, le téléphone de Léonie semet à sonner. Elle bavarde quelques secondes avec l'interlocuteur puis me tend l'appareil. «Nathalie c'est Samuel. Écoute, je dois prendre un vol pour Barcelone. Je t'appelle plus tard. D'accord ?–D'accord.» Encore une fois, j'ai du mal à saisir le but de notre échange. Mais je dois avouer que je suis heureuse qu'il pense à moi. L'absence de contacts, même téléphoniques, depuis la scène de l'hôtel commençait à me travailler. Avais-je gaffé ? L'intérêt qu'il semblait me porter s'était-il évaporé en quelques heures? Ces interrogations me font réaliser l'ambiguïté dans laquelle je m'enfonce peu à peu. Je n'attends rien de cet homme et, en même temps, j'ai déjà peur qu'il m'échappe. Léonie et moi rentrons au Cameroun le lendemain. Nous profitons des vacances d'été qui débutent pour passer quelques jours chez sa mère à Douala. Je me suis inscrite dans une auto-école de la ville avec le projet de décrocher le permis pour la rentrée. Mes journées sont rythmées par les leçons de conduite et les appels de Frédéric, toujours bloqué par son travail en France. Je lui raconte la Nuit des stars, mon rôle de nounou improvisée, les strass, les paillettes, mon bonheur d'avoir pu approcher de près des célébrités du sport, des médias, de la politique. Je lui répète que j'aurais aimé qu'ilsoitlà,prèsdemoi.Biensûr,jebrûled'enviedeluiracontermarencontreavecSamuelEto'o, nos coups de fil improbables, l'anecdote de l'hôtel. Mais je n'y arrive pas. Chaque fois que je m'apprête à évoquer le sujet, quelque chose m'empêche de prononcer le nom de Samuel. Ce non-dit me met à mal à l'aise. J'ai peur que ces révélations amènent Frédéric à avoir des soupçons infondés. J'ai surtout peur de ne pas arriver à le convaincre qu'il se trompe. Ma conscience, jusqu'ici en paix, commence à me tourmenter. Car au-delà du récit de nos échanges innocents, comment lui expliquer que nous avons échangé nos numéros et que j'attends un nouvel appel de lui d'un jour à l'autre ? Serais-je, au fond de moi, attirée par Samuel Eto'o? J'ose l'envisager pour la première fois. Samuel tarde à me rappeler. Cette attente me frustre terriblement. Ce n'est qu'après cinq jours de silence que le coup de fil tant espéré arrive. «Désolé de ne pas t'avoir rappelée plus tôt, commence-t‑il. Je suis en vacances à Miami. Avec ma famille.–Cettedernièreprécisionmefaitl'effetd'uncoupdemassue.–Tu as une famille? Tu es marié?–Non, non je ne suis pas marié. Mais j'ai des enfants.–Ah bon? Mais tu n'es pas marié avec leur mère?–Non. Mais on s'en reparlera.» Il botte en touche. Cette dérobade trahit son malaise. J'ai envie de tout savoir tout de suite. L'inversion des rôlesest frappante : c'est maintenant moi qui suis en demande. Je ravale ma frustration et remets mes interrogations à plus tard pour ne pas laisser transparaître mon trouble. Il reprend la parole et change de discussion. «Tuesoùlà?–ÀDouala, chez ma belle-mère.–Ta belle-mère? Tu es mariée?–Non, non, chez la mère de mon copain quoi.» Nous partons dans un grand éclat de rire. Ce jeu du chat et de la souris vaut tous les aveux. Nous sommes en train de nous chercher, de nous séduire. Inutile de formaliser ce constat avec des mots. Au fond de nous-mêmes, nous savons. «Tu as des visas pour l'Europe? reprend-il, l'air de ne pas y toucher.–Non. Pourquoi?–Mes enfants vont poursuivre leurs vacances aux États-Unis, mais moi je dois rentrer à Barcelone pour reprendre les entraînements. Et je serai seul. J'aurais bien aimé que tu viennes passer quelques jours là-bas avec moi. C'est dommage.–Oui, c'est bête.» Nous raccrochons avec la promesse de nous rappeler bientôt. Je reste un moment immobile. Sa proposition et ma molle déclinaison pour des raisons purement adminisratives ne constituent pas simplement une étape de franchie dans notre relation naissante. C'est sa première pierre. Le point de départ qui scelle l'attirance mutuelle que nous avons l'un pour l'autre. Les jours suivants confirment que nous sommes passés du tâtonnement puéril à la parade amoureuse. Les appels se font quotidiens. Il me téléphone le matin au réveil, entre deux entraînements, le soir avant de se coucher. Nos discussions durent des heures, et balaient les événements de la journée passée ou à venir. Aucun mot doux, aucune allusion, aucun sous-entendu. On parle de tout et de rien, comme deux vieux camarades de régiment. Seule ma relation avec Frédéric est un sujet tabou. Ce souci mutuel de ne pas franchir lalignerougemepermetde garder la conscience tranquille vis‑à-vis de mon compagnon. Mon cœur a déjà basculé mais ma tête refuse encore d'affronter la vérité. Cette apparente sérénité intérieure fait que je ne vois pas d'inconvénients à confesser l'existence de ces appels répétés à Léonie. Au contraire, j'yvoisl'occasion de me rassurer sur ma probité. Qu'y a-t‑il de mal à téléphoner à un ami, même plusieurs fois par jour? Elle n'y trouve rien à redire sur le fond, mais se vexe que Samuel ne daigne pas répondre à ses appels lorsqu'elle-même lui téléphone. Je décide qu'il est désormais préférable que je garde nos conversations secrètes. Les semaines passent. Les coups deil se font chaque jour plus nombreux, et les sujets abordés toujours aussi futiles. J'aime sa voix douce, son francparler, son humour ravageur. Son patriotisme aussi. Il n'a jamais oublié d'où il venait, et l'actualité du Cameroun le passionne. Le récit de son enfance me touche. Samuel a connu la misère dans une famille nombreuse d'un quartier pauvre de Douala. Il me décrit ces soirs où il se couchait sans manger, ou ces vêtements rafistolés par sa mère à l'infini. Il a très tôt voulu devenir footballeur mais n'avait aucune connaissance de ce milieu ou des moyens de parvenir à percer. Sa mère a tout fait pour l'en dissuader, allant jusqu'à le frapper pour qu'il abandonne ses rêves de sportif de haut niveau. Lui n'avait qu'un seul atout pour s'en sortir, la foi absolue en son talent. Pour s'évader de ce quotidien, il se fabriquait des ballons avec trois bouts de ficelle, et se régalait de beignets haricots lorsqu'il restait de la monnaie après les courses. Ces anecdotes me rappellent ma propre enfance, et contribuent encore un peu à nous rapprocher. Notre relation reste néanmoins parfaitement chaste et virtuelle. Sans doute un peu échaudé par ma prudence, Samuel ne réitère pas son invitation à venir passer du temps chez lui en Espagne. De mon côté, je suis encore trop attachée à Frédéric pour provoquer moi-même la rencontre. Ce statu quo dure si longtemps que mes projetsavec mon compagnon reprennent comme si de rien n'était. Pendant l'été, Frédéric s'installe vivre à Londres. Il veut que je suive une formation d'anglais de six mois au Nigeria, un pays anglophone, avant de le rejoindre dans la capitale britannique. Notre mariage est lui aussi toujours d'actualité : il a prévu que nous nous retrouvions au Cameroun au mois de décembre pour sa demande officielle. Frédéric veut fonder une famille et faire de moi une femme africaine typique qui s'occupe de la maison et des enfants. J'ai du mal à parler de ces plans de vie à Samuel. Au mois de septembre, alors que je prépare mes valises pour le Nigeria, je lui dévoile au téléphone les raisons de ce départ et les intentions qu'il cache. Je le sens blessé mais il se garde bien de l'avouer. J'atterris à Lagos, la capitale, le lendemain. Le choix de cette ville n'est pas un hasard, Léonie vient de s'y établir avec Éric, son petit ami de l'époque. Ils ont gentiment proposé de m'héberger le temps de ma formation. Frédéric a tenu à être présent pour mon installation, et doit rester sur place une semaine. Le soir de son arrivée, mon téléphone sonne alors que Léonie et moi sommes en train de préparer le repas dans la cuisine. Le nom de Samuel s'affiche sur l'écran. Je suis pétrifiée. D'habitude, Samuel appelle en numéro masqué mais pas cette fois. Le portable est posé sur le plan de travail lorsque la sonnerie retentit. Frédéric est àdeux pas, en train de regarder la télé dans le salon. Je me précipite sur l'appareil pour l'éteindre au moment où Léonie tourne la tête dans ma direction. J'ignore si elle a eu le temps de voir le nom affiché sur l'écran. Sa réaction d'indifférence me laisse croire le contraire. Je profite d'un moment de solitude plus tard dans la soirée pour envoyer un texto au footballeur. Je lui demande de se faire discret et de ne pas m'appeler à l'improviste jusqu'au départ de mon compagnon. Monmessage reste sans réponse. La journée qui suit est pour le moins étrange. Léonie est partie le matin pour quelques jours au Cameroun. Frédéric, lui, est allé chez le coiffeur dans l'après-midi. Nous avons prévu de nous retrouver tous les deux le soir pour aller dîner puis sortir en boîte de nuit. L'heure tourne, et à 19 heures, je n'ai toujours pas de nouvelles de lui, tandis que son portable est sur répondeur. Il finit par décrocher après de multiples relances. Son ton est glacial. «Je suis encore chez le coiffeur. J'arrive bientôt à la maison et on va discuter. » Je suis interdite. Cette phrase est un avertissement universel de dispute à venir. Je crains de comprendre ce qui s'estpassé.LéonieavulenomdeSamuelsurmon téléphone, et s'est empressée d'aller tout raconter à son frère. Je n'arrive pas à y croire. C'est elle qui m'a jetée dans ses bras. C'est elle qui m'a demandé de l'appeler, qui m'aencouragée à débuter cette fausse amitié que je redoutais. Comment pourrait-elle me trahir après avoir provoqué cette rencontre? Je me rassure en me répétant qu'à ce stade, Samuel et moi n'avons rien fait de répréhensible. Mais je sais qu'aussi innocente soit-elle, cette relation téléphonique est restée cachée par ma volonté. Frédéric y verra sans doute matière à soupçons. Commentlui donner tort? En entrant dans l'appartement, mon compagnon est aussi froid qu'au téléphone. Son teint est rouge écarlate. Il donne l'impression d'une cocotte-minute prête à exploser. Je sens qu'il se fait violence pour rester calme, et me demande sans détour: «Tun'as rien à me dire?–Àpart que tu es bien coiffé, non.–Tu es sûre? Écoute-moi bien. Je veux être avec toi, me marier avec toi, fonder une famille avec toi. Mais si dès à présent tu me caches des choses, je ne crois pas que notre couple va se construire sur des bases solides.–Je ne vois pas de quoi tu parles.–Alors je vais me coucher.» Je le suis des yeux pendant qu'il quitte la pièce. Il n'a pas un regard pour moi. Je me sens terriblement honteuse, et en même temps, je me répète que je n'ai rien à me reprocher. J'ai envie de lui dire la vérité mais je n'ai pas le courage. Je me sens à la fois dévastée par mes errements, et trahie parcelle en qui j'avais le plus confiance. Mes pensées se bousculent. À ce moment, Éric fait irruption dans la maison. En désespoir de cause, je lui demande s'il sait ce qui a provoqué la colère de Frédéric. Le copain de Léonie m'avoue tout. «On a appris que tu entretenais une relation avec Samuel depuis quatre mois.–Comment? Mais qui vous a dit ça?–C'est Samuel qui l'a annoncé lui-même à Frédéric.» Je ne crois pas une seconde à se scénario. Pourquoi Samuel aurait-il lui-même vendu la mèche? Je persiste à nier. Tant que je ne saurais pas qui dit la vérité, je me tiens à cette ligne de défense. Je tente d'appeler Samuel, mais la liaison est mauvaise. J'ai tout juste le temps de lui dire que l'ambiance à la maison est délétère et je file me coucher avec l'intention de tirer les choses au clair le lendemain. Frédéric n'est pas dans notre lit, il est allé dormir seul dans une autre chambre. Je ne ferme quasiment pas l'œil de la nuit. À mon réveil, vers 7 heures, l'appartement est vide. Seule la nounou des enfants d'Éric, qui fait office de femme à tout faire de la famille, est présente. Cette dernière propose de me déposer chez le coiffeur. Je la remercie et lui demande si elle a croisé Frédéric depuis ce matin. Elle me répond qu'elle l'a déposé à l'aéroport pour un vol à destination de Yaoundé une heure plus tôt. J'hallucine. Je lui téléphone dans la foulée, mais jetombe sur sa messagerie. Je suis en train de le perdre. J'ai envie de pleurer, de le rattraper, de m'excuser. Mais je ne veux pas me laisser déborder par mes émotions. Je dois d'abord savoir ce qui s'est tramé dans mon dos. J'appelle Samuel qui tombe des nues et me jure qu'il n'yestpour rien. Je n'aipasderaisonsdemettresaparoleendoute puisque ces révélations mettent en péril le lien ténu que nous avons tissé. Léonie rejette elle aussi toute responsabilité, mais se montre moins bienveillante, en me reprochant de nepas être au clair avec moi-même. Je tente de rester calme, de ne pas me précipiter. Je décide de prendre le temps de réfléchir, et d'aller chez le coiffeur pour m'aérer l'esprit. Sur le chemin, Samuel me rassure par texto, me répétant que nous n'avons aucun reproche à nous faire. Il me conseille de ne pas parler la première, et de laisser Frédéric dérouler ce qu'il sait pour ne pas trop en dire moimême. Je souris en pensant que les avocats donnent le même genre de conseils aux délinquants en garde à vue. Mais j'ai bien l'intention de m'expliquer, et de m'excuser, quand bien même Samuel et moi n'avons fait que parler. Sur le chemin du retour, je m'apprête à contacter Frédéric pour faire amende honorable lorsqu'un appel devance mes plans. Surprise : c'est ma mère! «Frédéric est là, à la maison. J'aimerais que vous vous parliez. »Je sais qu'il m'en veut. Je sais aussi que je n'ai pas joué franc jeu. Mais la méthode me déplaît. Pourquoi aller se réfugier chez ma mère? Pourquoi la prendre à témoin de nos problèmes de couple? Elle marque une pause et poursuit. Je sais ce qu'elle va me demander. Et je n'ai pas envie de lui mentir. «Frédéric me dit que tu es avec Samuel Eto'o depuis quelque temps.–Onse parle au téléphone maman. On est juste amis. On n'est pas ensemble. Je te promets que c'est la vérité.–Ce n'est pas ce que Frédéric m'a dit. Il m'a raconté que Samuel l'avait appelé pour lui annoncer que vous couchiez ensemble. Et qu'en plus vous ne vous protégiez pas. Il est très déçu. » Un hoquet de dégoût me soulève l'estomac. Entendre ma pauvre mère répéter des mensonges n'est pas le pire. C'est le niveau de détails que Frédéric, dans son délire, a cru bon de lui confier qui me choque. Ma mère n'ignore pas que j'ai une vie sexuelle comme toutes les filles de mon âge, mais dans notre culture, ce ne sont pas des choses dont nous discutons. J'ai l'impression d'être mise à nue –au sens littéral –devant elle. Malgré nos disputes passées, maman reste mon roc. C'est la femme la plus forte du monde. Elle a élevé seule quatre enfants à la sueur de son front. Je veux désormais la protéger à mon tour, qu'elle puisse avoirla paix et se reposer sur moi si besoin. Pas l'inverse. Elle n'a pas besoin d'être mêlée à des querelles d'amants contrariés aux relents graveleux. La compassion que je ressentais pour Frédéric disparaît en un éclair. Je jure à ma mère que cette histoire n'est qu'un tissu de mensonges et demande à parler à Frédéric. En deux phrases, j'exprime mon profond dégoût à l'homme que j'ai tant aimé et met fin à notre relation. À cet instant, je ne ressens ni soulagement ni tristesse. Simplement une boule de colère brute. J'ai besoin de parler à Samuel. Il me dit d'arrêter de me prendre la tête, de profiter de ma jeunesse, de reprendre mes études. Il me parle d'Europe, de voyages. Je réalise que le destin de femme au foyer plan-plan que me promettait Frédéric n'était peut-être pas celui dont je rêvais. Le quotidien que Samuel me dépeint m'attire et m'excite. Je n'ai que dix-neuf ans et le monde à découvrir. Tel un avant-goût de cette vie qui s'offre à moi, la superstar me propose de rentrer au Cameroun sans attendre, tous frais payés, en business class. J'accepte immédiatement, comme une façon de lui montrer que le temps des hésitations est révolu. À Yaoundé, je retrouve ma mère et mon petit frère Teddy. Nous déménageons dans la foulée dans une petite maison d'un quartier plus tranquille de la capitale. Samuelest alors à Paris et m'annonce qu'il vient au Cameroun dans quelques jours. «Je suis dans une boutique Guerlain. Tu veux quelque chose ?–Oui, du maquillage, s'il te plaît.–Je te passe la vendeuse, dis-lui ce dont tu as besoin.» Je commence à goûter aux plaisirs que confère le statut de femme de footballeur. Je ne suis plus traitée en adolescente, comme avec mes premiers petits amis, ni en épouse bien rangée, comme avec Frédéric. Cette fois, je suis une diva. Quelle femme pourrait résister? Le soir de son arrivée dans la capitale, Samuel vient me chercher à la maison dans une Mercedes classe S rutilante. Il porte une tenue décontractée, chemise et jean, et affiche ce sourire craquant qui n'appartient qu'à lui. Il me demande s'il peut entrer saluer ma mère, mais je lui réponds qu'elle est déjà couchée. Il descend de la voiture pour venir m'ouvrir la portière. Suprême élégance. Je sens mes dernières défenses tomber. Je n'essaie plus de jouer les fausses indifférentes. Mon regard sur lui n'est plus celui d'une groupie refoulée, mais celui d'une femme séduite. Je ne vois plus la superstar intimidante qu'il était jadis à mes yeux mais l'homme charmant et attentionné que je convoite. Nous dînons au Café de Yaoundé, un restaurant chic mais sans excès. À aucun moment la conversation ne portesur la nature de notre relation. Mais son attitude avec moi est clairement celle d'un homme qui se considère en couple. Il me donne du «ma princesse», «ma poupée». Je n'ai plus envie lutter. J'en ai marre de tout calculer. J'ai envie de lui dire qu'il ma conquise mais je n'y arrive pas. C'est inutile: il comprend par mes silences gênés et mes sourires équivoques qu'il a gagné la partie. Nous retrouvons ses amis au Katios, une boîte de nuit branchée dont il est alors le copropriétaire. Ses gardes du corps nous précèdent et font ouvrir les portes de l'établissement devant nous. À l'intérieur, tous les regards se tournent vers Samuel. Les femmes le dévorent des yeux. Je me sens si fière d'être là, à ses côtés. Les vigiles nous escortent jusqu'au carré VIP où les serveuses sont à l'écoute de nos moindres désirs. Mais il n'est pas capricieux. Il se montre respectueux de tous. De ses amis d'enfance désargentés qui nous accompagnent au petit personnel, chacun a droit à un petit mot, une attention, sans une once d'arrogance. Avec moi, il se montre d'une galanterie de tous les instants, allant jusqu'à tirer la chaise avant que je m'assoie. L'image d'un homme à femmes vulgaire et gâté qui circule à Yaoundé vole en éclats. Je me sens valorisée, importante à ses yeux comme à ceux du reste du monde. Lui, qui peut avoir les plus belles filles en un claquement de doigts, m'afaitlacour pendant cinq mois sans rien recevoir en retour si ce n'estmes atermoiements. N'est-ce pas une preuve, sinon d'amour, au moins d'une attirance réelle et sincère qui dépasse ma seule plastique? À la sortie, gentleman jusqu'au bout, il me propose de me déposer chez moi. «On se voit demain? demande-t‑il.–Non. Je veux rester avec toi. Je ne veux pas réveiller ma mère. Allons passer la nuit où tu veux.» Samuel me ramène à l'hôtel Hilton où il réside pendant ses séjours au Cameroun. Nous montons dans sa chambre sans un mot, le regard fou de désir. La nuit s'étend, les ultimes confessions intimes laissent place aux plaisirs charnels. Alors que je m'endors dans ses bras, au petit matin, ma dernière pensée sonne comme une promesse de bonheur: je suis amoureuse de Samuel Eto'o.

J'esper que vous allez adoré. Parceque c'est plus long que d'habitude. 💋💋💋💋
Mes amours...

REVENGE PORN.         Foot, sexe, argent: mon témoignage ex de Samuel Eto'oOù les histoires vivent. Découvrez maintenant