Samuel parti en fin de matinée, je prépare ma valise. Il m'a proposé de retourner à Paris faire du shopping, et promis de venir m'y rejoindre dès le lendemain. J'ai la tête lourde comme une pastèque. Sonor n'a pas montré le bout de son nez depuis mon réveil. Je ne suis pas impatiente de le voir. J'ai peur de lire sur son visage le récit de ma nuit passée. Je le retrouve à la réception. Samuel a demandé que nous fassions le trajet ensemble jusqu'à la capitale. Je suis morte de honte mais j'essaye de cacher mon trouble. Plutôt que d'aborder frontalement le sujet de mes exploits nocturnes, je scrute ses faits et gestes à la recherche du moindre indice. Peine perdue. Sonor est impassible, fidèle à luimême. Si une explosion atomique se produisait dans son jardin pendant qu'il dort, Sonor serait du genre à se retourner de l'autrecôtéenattendantqueçasepasse.Moins émotif tu meurs.
Dans la voiture qui nous mène à l'aéroport, je me rends bien compte qu'il est inutile d'attendre ses confessions. Je craque. J'ai besoin de savoir. «Dis-moi, que s'est-il passé hier soir exactement? Samuel m'a juste dit que j'ai fait la folle. » L'insondable Sonor se met à sourire. Ce n'est pas fréquent. Et pas très rassurant. «Alors toi, tu n'es pas banale comme fille. Je me souviens avoir dit à Samuel : "Non mais tu as vu comment elle est ta petite femme?" Ah non mais franchement, tu nous as épatés. C'était vraiment une très bonne soirée.» Cette fois, le doute n'est plus permis. Je suis au bord du malaise. J'ai envie de disparaître de la surface de la terre. J'espère simplement ne pas avoir dépassé certaines limites. Je veux bien être un peu délurée, mais je tiens à me respecter, et respecter mon corps. Le pire, c'est que Sonor continue de tourner autour du pot. Les scénarios les plus crus restent ouverts. Je veux connaître les détails autant que je les redoute. J'ai couché avec lui? Avec eux deux? Avec d'autres? Je n'ose pas poser la question aussi brutalement, mais je lui demandemalgré tout d'être un peu plus explicite. «Ons'est éclatés. C'était trop bien. Pour les détails, Samuel t'expliquera. » Je vais devoir me contenter de ce récit brouillon, et du rictus satisfait de Sonor. Je suis écœurée, je me sens sale. J'ai besoin de me confier. Seule Carine peut entendre ce que j'ai àdire.C'est une femme moderne, qui s'assume. À mon arrivée à Paris, je lui téléphone et lui déballe tout. Elle fait mine de ne pas s'offusquer, et m'assure que, quand bien même j'aurais couché avec deux hommes, il n'y a rien de déshonorant dans ce genre de pratiques. Je commence à philosopher. Et si elle avait raison? Et si l'amour à trois faisait partie des choses normales de la vie? Samuel me rejoint comme prévu en fin d'après-midi au Concorde Lafayette. La soirée se déroule sans accrocs, sans grande chaleur non plus. Je ne m'explique pas son détachement apparent. Je prends l'avion pour Yaoundé le surlendemain. À peine arrivée, Samuel me téléphone pour m'annoncer qu'il veut rompre. «Je ne veux plus te voir. Tu ne sais pas tenir ta langue», me jette-t‑il à la figure. Pas besoin de m'en dire plus. Carine est allée rapporter mes confidences à Samuel. Il est furieux, persuadé que je vais m'épancher sur nos exploits dans tout le Cameroun. Sa colère me dévaste. Les larmes me montent aux yeux. Je suis en train de le perdre. Je lui jure qu'il se trompe, qu'en me confiant à Carine, je pensais m'adresser à une grande sœur. J'avais besoin d'une oreille amie, adulte, rassurante. Personne d'autre n'en saurait rien. Je plaide ma cause. Il faut que je l'appâte. Que je lui montre qu'il ne s'est pas trompé en me choisissant. Que je peux faire autant, voire plus que ce je lui ai offert jusqu'à présent. «Tu vois bien que je suis à l'écoute de tes désirs. Je t'en ai apporté la preuve à Barcelone.» Il redescend d'un tour. «C'est vrai qu'on a passé un très bon moment. J'ai des photos tu sais. Je vais te les envoyer.» Les émotions se succèdent sans me laisser le temps de reprendre ma respiration. Mes larmes sèchent. Nous restons en ligne le temps du transfert. Les clichés s'affichent sur mon écran de Smartphone quelques secondes plus tard. Je me vois nue, sur le lit à baldaquin. Je reconnais mon homme. Sonor est là aussi. Nous avons fait l'amour à trois. Je le savais, mais j'avais besoin de le voir. Ce que je vois me choque. Mais je ne suis plus dans le dégoût. Je pense au sourire satisfait de Samuel à l'autre bout du fil. Pour une raison qui m'échappe, ces images le rendent heureux. Un bonheur pur, éclatant, contagieux. «Tu vois, c'est ça que j'aime», reprend-il, comme s'il me montrait un gâteau dans une vitrine de boulangerie. J'ai envie de lui dire que moi aussi. Mais je n'y arrive pas. Ma tête veut y croire, mais mon corps s'y refuse. Les images que je viens de voir me hantent déjà. Je ne peux pas non plus lui opposer une fin de non-recevoir. J'ai failli le perdre une fois. Il peut remettre sa menace à exécution dans l'instant, et peut-être s'y tenir. J'essaie de la jouer fine en entrouvrant la porte. «Écoute, je ne suis pas tellement prête pour ça tout de suite. On verra, d'accord?–D'accord.» Nous sommes au mois de juin 2009. L'année scolaire se termine. Jusqu'en septembre, Samuel vient me rendre visite à Yaoundé une fois tous les deux mois environ. Entretemps, nos échanges par téléphone ont repris leur rythme de croisière. La complicité est intacte, et les allusions à ses fantasmes sexuels excentriques inexistantes. Je profite de ces moments d'accalmie dans notre relation pour penser à mon futur. Je viens de passer une année sabbatique sur le plan des études, et si Samuel subvient largement à mes besoins, je ressens l'envie d'être autonome sur le plan financier. Au-delà, et même si la vie de palace m'attire, je ne veux pas me couper des réalités. Je suis issue d'une famille où les femmes n'ont pas peur de travailler. Beaucoup de filles de ma génération vont plus loin, et aspirent à s'épanouir dans leur vie professionnelle. J'en fais partie. Mais je n'ai toujours pas trouvé la voie qui me corresponde parfaitement. En y repensant, ma rencontre avec Carine m'a fait réaliser mon penchant naturel pour le métier d'esthéticienne. J'ai toujours aimé m'apprêter, mais je n'avais jamais pensé en faire mon métier. Renseignements pris, l'amie de Samuel est passée par une formation à Mons, en Belgique. Le lieu est idéal, puisque situé à deux heures de Milan en train, où je pourrais facilement rendre visite à mon amoureux. Je lui soumets l'idée, qu'il approuve. Mon inscription validée, je me mets en quête d'un visa étudiant. Lorsqu'on vient du Cameroun et qu'on veut étudier en Europe, ce document n'est pas simple à obtenir, et mon absence de diplôme pèse lourd. L'entregent de Samuel n'y fera rien. Au mois d'octobre, mon visa est refusé. Je repars pour une année blanche. Mon attention est à nouveau toute entière tournée vers mastar duballon. J'attends nos rencontres avec d'autant plus d'impatience que le quotidien m'ennuie. Les visites sont toujours aussi espacées, mais elles restent régulières. Sa saison s'est achevée sur un triplé historique avec le FC Barcelone: championnat, coupe d'Espagne, Ligue des champions. Ce palmarès incroyable ne suffit pas à le retenir. Depuis l'arrivée de Pep Guardiola en début de saison, l'ambiance n'est plus au beau fixe. Le coach espagnol ne cache pas sa préférence pour Lionel Messi, le sommet du foot mondial. Le départ de Ronaldinho, son grand copain, l'aaussirendunostalgique. Entre eux, c'était l'amour fou. Ce sont deux grands blagueurs, et Samuel n'aime rien tant que se payer une bonne tranche de rire. Il me vantait souvent sa capacité à faire la fête jusqu'au petit matin et à être en forme deux heures plus tard pour l'entraînement. «Je n'ai jamais vu un type comme Ronaldinho: il boit comme un trou toute la nuit, se pointe àl'heure le lendemain, et joue comme s'il s'était couché à 20 heures la veille», s'émerveillait-il. Heureusement, il restait Éric Abidal, son autre grand ami. Les deux compères passaient leur temps fourrés ensemble, au resto, en boîte, et lorsqu'ils étaient séparés, ils se téléphonaient pendant des heures comme deux copines de lycée. Samuel n'était pas insensible au charme de sa femme, une fille absolument magnifique. Il m'en parlait avec tellement d'admiration que j'avais fini par lui faire une crise de jalousie. Malgré sa mésentente avec Guardiola, Samuel était prêt à rempiler pour une saison supplémentaire. Les discussions avec le club étaient bien avancées, et son salaire de 10 millions d'euros par an devait être revu à la hausse. Mais Guardiola qui le considérait comme un has been et voulait se débarrasser de lui a mis son veto et obtenu gain de cause. Samuel, très fier, a du mal à s'épancher sur cet épisode douloureux. Peu après son limogeage, je réussis à aborder le sujet avec lui. «C'est dégueulasse ce qu'il t'a fait. Mais même si tu es brillant, il y aura toujours des gens qui ne t'apprécieront pas.–C'est parce que je suis noir. Au moins, Messi est blanc. Si j'avais été blanc, Guardiola ne m'aurait jamais traité comme ça. Jamais il ne m'aurait chassé.» Ultime coup du sort, alors qu'il est au sommet de son art, le Ballon d'or lui échappe au profit de son rival Messi. Il accuse le coup, persuadé une nouvelle fois que sa couleur de peau porte préjudice à sa carrière européenne. Enfant africain d'une famille sans le sou, il a le sentiment d'avoir dû en faire dix fois plus que les autres pour arriver au même niveau, et de devoir continuer à lutter pour obtenir la reconnaissance de ses pairs. Il en veut notamment aux journaux français de ne pas le soutenir. Il en aurait la faveur, il en est convaincu, s'il était passé par un club hexagonal. Il cite souvent l'exemple de Didier Drogba, auquel il se sent supérieur sur le plan sportif, mais dont il n'a pas le dixième de l'aura en France. Son transfert forcé à l'Inter de Milan pendant l'été n'est pas une mauvaise affaire pour autant. Il décroche un salaire de 10,5 millions d'euros, hors primes, faisant de lui le joueur le mieux payé d'Italie. Il en profite pour s'offrir de nouvelles voitures de sport hors de prix, et acquiert un appartement somptueux, via Monte Napoleone, l'équivalent des Champs-Élysées à Milan, sur trois ou quatre niveaux. À la rentrée, son déménagement et la reprise du championnat dans une ligue et une équipe qu'il ne connaît pas rendent difficile toute visite amoureuse de ma part. En revanche, il parvient à maintenir le rythme d'une escapade à Yaoundé tous les deux mois. Nous nous voyons à l'hôtel Hilton où il a désormais sa suite attitrée. Les soirées sont douces, entre câlins et plateau-télé. Au petit matin, nous allons, au volant de sa Bentley, chercher des beignets au sucre, un mets qu'il adore, à la boulangerie voisine. S'il y a trop de monde devant le commerce, Samuel reste dans la voiture. Ces précautions et sa vie de couple officielle n'entachent pas le bon fonctionnement de notre relation. En réalité, nous évitons le sujet «Georgette». Il prend soin de ne jamais l'évoquer ouvertement, tout comme moi. Sa formule consacrée, s'il n'a pas d'autre choix que de mentionner son existence, est de dire : «la mère de mes enfants». J'y vois une acrobatie sémantique, certes, mais aussi une profonde marque de respect. D'ailleurs, s'il s'applique à ne jamais s'étendre sur sa compagne officielle, il ne la dénigre pas. De mon côté, j'accepte peu à peu cet état de choses, et j'agis comme si de rien n'était. Dans un sens, je tiens presque à protéger leur relation. En la détruisant, je sais que par ricochet je détruirais la nôtre. J'ai aussi peur de le mettre au pied du mur en l'obligeant à choisir l'une d'entre nous. Le risque est trop grand. Et si, au fond, il préférait Georgette à moi? Je n'ai qu'une solution pour changer la donne: me rendre indispensable. Le temps joue pour moi. Et, qui sait, peut-être deviendrai-je un jour la seule femme dans sa vie? Cet espoir menourrit. Je me contente de ce statu quo jusqu'au tournant de l'année 2010. Lorsque les périodes d'absence se prolongent, il m'envoie de l'argent pour payer le loyer de ma mère, aider mes petits frères, et m'offrir quelques vêtements et produits de beauté. Je suis reconnaissante, mais j'ai envie de passer du temps seul avec lui à Milan, où il a établi sa nouvelle vie, comme pour m'assurer d'en faire partie. Il me faut attendre la fin du mois de février pour avoir son accord, et décrocher monvisatouristique. Je réside à l'hôtel Art, un établissement branché à la déco contemporaine. Pas tellement mon style. Lui est en train d'emménager dans un nouvel appartement qu'il vient d'acheter pour la bagatelle de 17 millions d'euros. Dèsledébutduséjour,ilsemontretrèsprésent,beaucoup plus qu'à Barcelone. Il passe me voir avant et après les entraînements, reste pour le petit-déjeuner le matin. Mais un souci inattendu vient parasiter ce tableau idyllique. Contrairement à l'Espagne, les paparazzi sont partout en Italie, et encore plus à Milan, capitale économique et médiatique. Le risque d'une photo volée est grand. Les balades main dans la main en pleine rue sont prohibées. Nous sommes obligés d'en tenir compte, et de déployer une stratégie de tous les instants. La journée, je fais les boutiques seule sans me cacher, mais dès qu'il me rejoint le soir, il s'engouffre en voiture dans le parking de l'hôtel, et nous en ressortons quelques minutes plus tard pour aller dîner en banlieue, loin du centre-ville et des curieux. Une après-midi, alors qu'il rentre de l'entraînement, il m'annonce un peu froidement qu'il doit préparer sa valise pour aller à Monaco le lendemain. Il va suivre un stage de préparation aux futurs rencontres internationales sous le maillot des Lions indomptables. Je suis surprise et un peu triste de cette séparation imprévue, alors que je n'ai jamais passé autant de temps avec lui. Il perçoit ma déception et me lance d'un air détaché: «Tu veux venir?–Oui!!!» Il me répond dans un grand sourire: «Évidemment que j'allais te le proposer!» Pour une serial shoppeuse comme moi, Monaco est une Mecque. Une sorte de Disneyland de la fripe et du luxe pour grandes filles. Je n'avais pas ressenti pareille excitation depuis Paris. Avant de faire une razzia, je me dois d'être à la hauteur du décor et des autochtones surlookées. Le matin du départ, je me pare de mes plus beaux atours, parmi lesquels quelques-uns des cadeaux que mon chéri vient de m'offrir pour Noël: une paire de chaussures Yves Saint Laurent en croco, et un téléphone portable rose estampillé Dolce & Gabbana. Je fais une halte chez le coiffeur et dans un salon de beauté pour être au top du glamour, et j'attends sagementqueSamuelviennemechercheràl'hôtel. Les heures passent. À 17 heures, il finit par se pointer devant l'établissement avec sa Mercedes coupée customisée, suivie par une deuxième voiture dans laquelle une poignée d'amis est installée pour nous accompagner. Mon brushing fait grise mine et mon maquillage s'est un peu affadi, mais j'ai toujours l'air d'être pomponnée pour aller dîner chez l'ambassadeur. Samuel, lui, est en jogging. Il me dévisage, prêt à exploser de rire: «Koah! Qu'est-ce que tu fais habillée comme ça?–Bah, on va à Monaco non?–Oui, mais il n'empêche: depuis quand tu te fais belle pour un trajet en voiture? Parce que Monaco est à quatre heures de route, on va arriver en soirée je te signale.» Pendant que le convoi tout entier se tient les côtes, j'encaisse cette nouvelle moquerie dont, pour une fois, je ne mesens que partiellement responsable. Comme d'habitude, les rires ne tardent pas à me contaminer. L'ambiance à bord est excellente, et le voyage un délice pour les yeux. Nous empruntons des routes secondaires qui traversent des petits villages de bord de mer plus charmants les uns que les autres. Nous arrivons en milieu de soirée à notre destination : l'hôtel Hermitage, l'un des plus beaux palaces du Rocher, où la chambre la plus étroite coûte 600 euros la nuit. Ici, tout n'est que yachts, parures, et voitures de sport. Une suite est réservée pour nous deux. Le moindre détail respire le luxe absolu. Tout brille jusqu'à la cuvette des WC. C'est beau. Presque trop. Lors de mes précédents voyages dans l'ombre de Samuel, j'aidéjàéprouvécesentiment désagréable de ne pas être à ma place. Mais jamais à un tel niveau. Le hall grouille de femmes apprêtées jusqu'aux orteils, d'hommes d'affaires endimanchés jusqu'aux ongles. Ils ont l'air familier de ce lieu pourtant si rare et exceptionnel. Samuel se comporte comme un poisson dans l'eau. Il fait partie du même monde qu'eux. Malgré tous ses efforts, tous ses cadeaux magnifiques pour que je me sente à l'aise dans cet environnement haut de gamme, j'ai l'impression d'être une pièce rapportée. Alors que mon footballeur s'occupe du check in, une bombe atomique fait son entrée dans le hall. Je n'ai jamais vu une blonde aussi belle, des yeux de biche, un corps parfait, des jambes interminables habillées d'une jupe marron à franges et d'une paire de bottes à talon. Je prie pour que Samuel ne la remarque pas mais c'est peine perdue: elle s'avance tout doucement vers la réception. J'aperçois les yeux de mon Jules s'arrêter net sur ce spécimen rare qu'il scrute dans ses moindres détails tandis qu'elle prend la direction des ascenseurs. Moi non plus je ne rate pas une miette de ce spectacle. Pour se convaincre du contraire, Samuel se tourne vers moi. Ma mine renfrognée lui décroche un sourire coupable. J'envisage cette anecdote en apparence banale comme un mauvais présage. Quand j'arrive dans ma chambre, les affaires de Samuel ne sont pas là. Je lui demande pourquoi. Il me répond que le stage commence le soir même, et qu'il va loger à l'hôtel réservé pour l'équipe nationale. Cette révélation de dernière minute m'étonne. Il aurait pu m'en parler plus tôt. Il m'embrasse et prend congé. Le lendemain, je me lève de bonne heure pour aller me balader dans les rues sinueuses du Rocher. Les amis de Samuel me rejoignent en fin de matinée, et nous partons déjeuner dans un restaurant situé à côté du casino. Ma star me téléphone au milieu du repas. Il me dit qu'il sort de l'entraînement et vient me rejoindre à l'hôtel en début d'après-midi. Je lui fais monter des avocats à la vinaigrette, l'un de ses plats préférés. En mangeant, il me filme avec mon téléphone à la manière d'une interview me demandant sur un ton gentiment moqueur quelles sont les impressions de la «grande Nathalie » face à la beauté de Monte Carlo. Il s'amuse de me voir découvrir le monde et prend plaisir à partager mon enthousiasme presque enfantin devant les merveilles qui s'offrent à moi. Cette vidéo, que j'ai conservée jusqu'àce jour, reste l'un des témoignages les plus touchants de ce qui constitue la période dorée de notre relation amoureuse. Je me sens bien, belle, aimée. Nous parlons de l'avenir. Il me jure que dès que j'aurai trouvé une formation, je viendrai m'installer près de lui, en Europe. Les voyages accumulés depuis un an m'aideront à décrocher un visa d'étudiante dans l'espace Schengen. Nous nous verrons plus souvent, le week-end, parfois la semaine s'il n'a pas match. Cette perspective me ravit. Si je prends plus de place dans sa vie, il ne pourra plus se passer de moi. De nous. Ce sera alors à moi de jouer. De lui prouver qu'il est temps pour notre couple de passer de l'ombre à la lumière. Ces instants de bonheur simple s'interrompent brutalement au troisième jour de notre périple monégasque. Samuel m'annonce sans crier gare que je vais devoir refaire mes valises et changer d'hôtel. «Celui-ci est complet à compter d'aujourd'hui. Mais ce n'est pas grave. On va te mettre ailleurs, dans un hôtel presque aussi beau», m'annonce-t‑il sans ménagement. Drôle de déconvenue. Dans quel genre d'hôtels de luxe oublie-t‑on de dire à un client qu'il lui faudra partir en plein milieu de son séjour? Impossible. Soit il me ment, soit il avait prévu de m'installer ici pour me faire plaisir quelques jours,avantdemefairedéménagerpourunlieuplus modeste. Mais si tel était le plan de départ, pourquoi ne pas mel'avoir dit à notre arrivée? Je ne me serais pas offusquée, loin de là. Ce rebondissement n'annonce rien de bon. C'est surtout l'empressement avec lequel Samuel me demande de déguerpir qui me paraît suspect. Je m'interdis une fois encore tout commentaire. Une parole contrariée de ma part serait perçue à raison comme un caprice d'enfant gâté. Son ami Serge, qui nous accompagne depuis le début du voyage, s'occupe de rassembler mes affaires et me conduit à la réception pour le check out. Il ne semble pas très à l'aise et se confond en excuses. Bizarre. Dans la voiture qui nous amène à l'autre hôtel, je joue les ingénues et l'interroge sur ce déménagement express en faisant mine de ne pas en connaître la raison. «Il ne faut pas en vouloir à Samuel, me répond-il, contrit. Il ne pouvait pas savoir que Georgette allait venir lui rendre visite. Ce serait bête que vous vous croisiez dans les couloirs non?»...
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