Chapitre 5

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Et voilà...

J'observe mon appartement, les meubles vides sont dépossédés de tout objet personnel : je n'en aurai pas besoin, là où je vais. Cela me fait mal au cœur mais c'est nécessaire. Je passe de pièce en pièce, vérifiant que rien n'a été oublié. C'était le seul endroit où Akio pouvait, à coup sûr, me voir. Lorsque je quitterai ce lieu, il n'aura aucun moyen de me retrouver et, par conséquent, Kyle non plus...

Je sors et verrouille définitivement l'endroit. Je repense au début du mois, lorsqu'Akio m'attendait ici même, il voulait que je quitte Eirik. Pour me débarrasser de Kyle, il avait accepté la pire des choses pour lui : me laisser partir avec son rival. En s'éclipsant, il m'avait embrassé de façon très chaste et bien entendu, lorsque j'avais annoncé à Eirik que j'acceptais sa proposition, il était aux anges. Descendant les escaliers, j'aperçois une silhouette familière m'attendre à côté des boîtes aux lettres. À la fois heureuse et gênée, je la rejoins. Je dépose les clés à présent inutiles dans la boîte du concierge. Akio me prend la main.

– Je voulais te voir une dernière fois.

– Tu rends les choses beaucoup plus pénibles.

J'ai beau faire ma difficile, mon cœur bat plus fort par sa seule présence et le sourire malin qu'il me lance me montre qu'il en est pleinement conscient. M'éloignant de la porte pour échapper aux regards, il m'embrasse lentement, distillant son désir avec parcimonie. Évidemment, je cède avec délice à ses lèvres, songeant que je les goûte peut-être pour la dernière fois. Je sens ses bras se resserrer autour de moi et ses mains me caresser de façon plus intime. Le mur, contre mon dos, m'empêche de reculer alors que je sens que nous perdons le contrôle.

– Je ne peux pas te laisser partir, murmure-t-il contre mes lèvres. Reste, je te protégerai.

Je romps le contact, le cœur lourd.

– Ne fais pas l'enfant. Tu étais d'accord, non ?

Son regard est douloureux ; il fait écho au mien.

– Ça n'en est pas moins difficile... Si tu as besoin de moi, n'hésite pas : cette adresse est sécurisée.

Ce disant, il me tend une carte où est notée une adresse e-mail. Cet homme est décidément démoniaque : même avec les meilleures raisons du monde de me laisser en paix, il met tout en œuvre pour m'empêcher de l'oublier.

– Tu es au courant que, si je pars, c'est justement pour ne plus avoir besoin de toi ?

Il rit tristement.

– Tu auras toujours besoin de moi ! Ton corps ne va pas cesser de me réclamer mais en attendant que tu t'en rendes compte, fais attention à toi. Et ne fais confiance à personne.

Après un dernier baiser, une dernière étreinte, il s'éclipse. Je sors rejoindre Eirik à l'avant du camion de déménagement prêt à partir.

– Tout va bien ? J'ai vu Akio entrer...

Je me force à lui sourire, le cœur lourd.

– Il voulait juste me dire au revoir.

Nous nous mettons en route et, pendant que je regarde le paysage défiler, je sens une seule et unique larme rouler le long de ma joue. Je pensais ne ressentir qu'un immense soulagement ; pas que ce serait un tel déchirement.

– Ça y est, le dernier carton est vide !

Eirik vient s'effondrer sur le lit, un sourire satisfait aux lèvres, tandis que je termine de ranger nos vêtements dans le dressing gigantesque. Je sais que je vais le blesser, mais je n'ai personne d'autre à qui me confier :

MétamorphosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant