Chapitre 8

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Une fois arrivée à la malouinère, je passe discrètement par derrière. En longeant le mur, je regarde par une fenêtre pour me situer. J'aperçois Eirik au téléphone. Il m'a l'air préoccupé. Ne prenant pas le risque de me faire voir, je continue et finis par trouver la fenêtre de la bibliothèque. Je m'y faufile discrètement, déverrouille la porte et vais m'affaler sur le sofa. Mine de rien, ce genre d'exercice est épuisant. Soupirant, je ferme les yeux un moment.

Il fait nuit. Je marche dans une ruelle sombre. Lorsque je regarde derrière moi, je vois une ombre me suivre. J'accélère. Mon cœur bat de plus en plus fort. Je n'entends plus que cela et ma respiration haletante tandis que je me mets à courir. Je sens le souffle de l'ombre m'effleurer la nuque. Je suis brusquement jetée sur le côté et mon dos heurte le mur avec violence.

Une main glaciale vient enserrer ma gorge et le visage d'Akio apparaît, un sourire malsain aux lèvres. Sa voix doucereuse me murmure des choses horribles. Je ne parviens pas à tout saisir mais ce que je comprends me pétrifie :

— Tu pensais que je ne te retrouverai pas ? ricane-t-il. Depuis l'instant où l'on s'est rencontré, nous avons été liés. Tu ne peux plus m'échapper. Jamais.

Me voyant suffoquer, il relâche son emprise et se radoucit. Ses bras m'entourent la taille et me plaquent contre son torse. Je sens son cœur contre mon oreille. Je retrouve l'homme que j'ai connu.

— Ne fais confiance à personne. Je suis le seul à même de te protéger. Ne laisse personne te toucher ou t'entraîner dans son sillage. Reviens vers moi. Dis-moi où tu te trouves, mon amour...

Je me réveille en sursaut, essoufflée. J'ai l'impression de sentir encore ses doigts sur ma gorge. Ses paroles restent gravés dans ma mémoire. Bizarrement, seuls deux petits mots dansent en boucle dans mon esprit : « mon amour ».

Mon regard accroche la couverture du bestiaire. Celui où j'ai découvert diverses créatures, dont les Incubes que j'ai tout de suite assimilés à Akio. Je le saisis et m'y plonge une nouvelle fois, plus profondément et avec un nouveau regard. J'y recherche des informations sur les êtres dont Kyle m'a parlé. Sur les Garous. Sur les Naïades, surtout. Malheureusement, je n'y apprends rien de plus que ce que j'en sais déjà. Je le referme en soupirant. J'en ai assez de tout ça. Je veux rentrer. Ma vie d'avant me manque. Malgré ma souffrance. Malgré ma solitude. Malgré une vie monotone et sans but apparent. Malgré TOUT.

Je me lève, me dirige vers mon bureau et m'y assoie. J'allume l'ordinateur avec précaution. Alors qu'il se met en route, une alerte sonore me fige. Sur l'écran, une petite enveloppe clignote, signalant un message en attente. Je l'ouvre en tremblant. Je sais de qui il provient et j'ai comme le pressentiment que mon rêve n'en était pas tout à fait un. 

[ De : Akio

À : Lise 

Date : 02 Nov. 

Objet : ENFIN !

Tu n'imagines pas mon plaisir lorsque je t'ai lu. J'attendais tes mots avec impatience. Mon orgueil se félicite que tu ne puisses pas m'oublier mais la raison de ton message me préoccupe. Qu'est-il arrivé pour que tu te poses de telles questions ? 

Il est vrai que notre histoire comporte plusieurs zones d'ombre. Peut-être pourrions-nous en parler de vive voix ? Je reste à ton entière disposition, ma Lise. ]


Je me mords les lèvres. Bien évidemment, je ne suis pas naïve au point de croire qu'il avouerait tout. Mais sa façon de m'inciter à lui dire où je suis, à le revoir, n'est-elle pas de l'ordre du harcèlement ? Je ris sombrement. Akio est à lui seul la représentation du harcèlement. Sa façon insidieuse de tenter de me faire parler me fait prendre conscience à quel point il est toxique. Cela me rappelle pourquoi j'ai décidé de me séparer de lui et, par la même occasion, de me rapprocher d'Eirik. Étrangement, c'est de Kyle, dont je me suis rapprochée.

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