Prologue

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Merci de lire mon histoire ! Je tiens à préciser que cette histoire est terminée. Je publierai un chapitre par semaine. Il s'agit de la réécriture de Rencontre Nocturne. Je ne demande que des avis et j'accepte avec plaisir les critiques constructives.

S'il y a bien une saison que je déteste, c'est l'hiver. Ce froid, cette neige, ce verglas se matérialisant vicieusement en plaques invisibles sous vos pieds pour mieux vous fracasser le coccyx au moment où vous vous y attendez le moins. Mais, surtout, ce qui m'horripile le plus, c'est la nuit. La nuit qui dévore tout et qui vous engloutie entièrement. Et, en ce mois de novembre, je vis plus la nuit que le jour. Je me lève le matin, il fait nuit ; je commence les cours, une faible lueur commence à éclairer l'Est du ciel ; je quitte le lycée, une faible lueur, à l'Ouest, finie de se faire engloutir, malgré sa lutte, par l'obscurité ; il n'y a guère que durant les maigres pauses que l'on peut se disputer les quelques grammes de vitamine D dispensés avec parcimonie par le soleil... lorsqu'il n'est pas étouffé par de sombres nuages.

Pourtant, loin de l'image taciturne de mes pensées, je suis une adolescente de 17 ans on ne peut plus joyeuse et insouciante. Petite brune, un peu rondelette et aux courbes flatteuses, je sais parfaitement mettre mes atouts en valeur. Mes cheveux, un carré brun effilé, méché de blond et savamment ordonné en coiffé/décoiffé, mes yeux vert lumineux légèrement maquillés et mes formes voluptueuses agrémentées de décolletés plaisent beaucoup aux garçons. Malgré mon naturel guilleret, parfois, le moral n'est pas là. Aujourd'hui particulièrement, alors que je rentre chez moi, frigorifiée par le vent glacial. Tout ce que je veux, c'est me réchauffer le plus vite possible. Pour ça, une seule solution : prendre un raccourci. Je prends donc la ruelle à droite, coupant directement à travers le parc et débouchant dans ma rue et à portée de cheminée. Je m'arrête un instant à l'entrée du parc, j'avais oublié qu'il n'était pas éclairé la nuit. Heureusement, j'en connais par cœur le moindre buisson.

Au détour d'un chemin, un élément du décor m'interpelle : deux hommes se battent. Interloquée, je les observe un moment. L'un a clairement le dessus sur l'autre. Il s'acharne sur lui avec violence, sans que le second ne s'avoue vaincu. Je ne pensais pas qu'on puisse subir autant de coups sans s'effondrer. Reculant lentement, je cherche à fuir discrètement. Esquive ratée au moment où je glisse sur une maudite plaque de verglas ; je me rattrape in extremis à un arbre avant d'apercevoir deux perles grises me fixer intensément. L'homme, après avoir enfin mis KO le second individu, s'est tourné vers moi. Il se tient voûté, ramassé sur lui-même tel un animal prêt à attaquer. Je recule encore, tentant de m'éloigner le plus possible sans perdre de vue l'inconnu. Alors qu'il s'avance encore et toujours vers moi, mon dos rencontre un nouvel arbre et je m'immobilise, pétrifiée. Progressivement, l'individu se redresse, reprenant peu à peu une attitude humaine jusqu'à m'atteindre. Seule la lueur de la lune me permet de le distinguer. À quelques dizaines de centimètres de moi se tient un homme aux traits incontestablement asiatiques. Des yeux aciers, légèrement en amandes, des cheveux de jais, en bataille, contrastant avec sa peau pâle ornée de traits fins et altiers. Sa bouche, fine, se pare d'un sourire étrange. Nous nous observons de longues minutes. Il serait plus exact de dire qu'IL m'observe de longues minutes pendant que, moi, je suis comme hypnotisée par son regard.

– Qu'as-tu vu ?

Sa voix... Elle est basse et sensuelle, presque inaudible mais je la perçois distinctement dans le silence.

– Je... Rien, j'ai... Je rentrais juste chez moi.

J'ai l'impression d'être une petite fille prise en faute.

– Vous voulez bien... me laisser partir ?

Il sourit.

– Bien entendu. Tu devrais faire plus attention à l'avenir.

Ces mots prononcés, il me tourne le dos et s'en va. Je constate, perplexe, que l'homme évanoui a disparu. Un peu secouée, je rentre vite à la maison et me précipite à oublier cette terrifiante rencontre.

MétamorphosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant