Les bruits de pas s'arrêtent devant la porte, un toc toc léger résonne dans la pièce, une voix douce me parvient ? c'est Fatima :
- Monsieur, Madame Sarah me demande si vous avez besoin de quelque chose, si tout va bien?
Prétextant mon médicament, en réalité j'avais besoin de ma pause spirituelle, c'est l'heure du isha ma dernière prière nocturne.
Dans la misère comme dans l'opulence, j'ai besoin, au-delà, de mon obligation rituelle, d'effectuer des invocations, implorer l'Eternel que mon destin ne soit pas pire que la veille et demander que les portes de la bienveillance s'ouvrent à ceux qui comme moi traversent les déserts de l'indifférence de ces sociétés modernes mais haut combien aveugles.Apres avoir effectué mes ablutions rituelles consistant à se laver certaines parties du corps; les mains, la bouche, le nez, le visage, les avant-bras, la tête, les oreilles et les pieds dans un ordre précis. Je pris une serviette de bain propre à défaut de tapis et l'orienta en direction de la Qibla (vers la Mecque).
Je ne puis pas répondre à Fatima car j'exécutais ma dernière unité de prière. Fatima s'inquiétant frappa à nouveau à deux reprises à la porte avec un peu plus d'énergie.
- Monsieur ? tout va bien ? monsieur ?
Ayant besoin de trois minutes avant d'achever ma prière par le salut en pivotant la tête de droite à gauche avec la formule du Salem... Fatima, pensant que j'avais fait un malaise, en bonne servante se servit de son jeu de clé pour ouvrir la porte au moment même où je venais de terminer ma prière.- ô monsieur mes excuses, n'ayant pas eu de réponse, je me suis permis d'ouvrir afin de m'assurer que vous n'aviez pas fait de malaise. Mes excuses je ne savais pas ...
Je l'interromps avec un sourire avenant ;- non il n'y a pas de mal, c'est moi qui m'excuse Fatima, j'étais en prière, je ne pouvais parler.
Fatima à la fois troublée et gênée m'observe d'un regard surpris et admiratif.
D'une voix bienveillante elle me dit :- je comprends tout à fait, c'est moi qui m'excuse, je suis toute confuse, il n'y a aucun souci, mais pourquoi avez-vous prié ici, je suis persuadé que Madame Sarah vous aurait autorisé à prier dans le salon ou dans l'une des pièces de la maison. Et je vous aurai mis à disposition mon tapis...
Je lui réponds :- je n'ai pas voulu lui imposer ma pratique, je ne suis qu'un simple invité et je ne connais pas les convictions religieuses de Sarah. Je suis chez elle, je me dois de ne pas m'imposer.
Fatima semble empreinte d'admiration devant ces paroles . Je peux lire sur son visage. Elle me répond :
- monsieur je vais parlez pour vous si vous le souhaitez, vous savez moi aussi je suis musulmane, même si je ne porte pas le voile au quotidien... je pratique comme vous. Madame Sarah est une femme ouverte d'esprit et très tolérante, entre nous c'est une juive, mais attention pas comme les autres...
Je ne peux m'empêcher de sourire en pensant aux questions que Sarah avait subtilement esquivée lors de notre deuxième rencontre dans le train.Tout en me relevant à la hauteur de Fatima et en pliant la serviette pour la ranger je réponds :
- Machallah, c'est vraiment très bien Fatima, même si le voile est une prescription, le voile à lui seul n'a jamais rendu une femme plus musulmane qu'une autre... l'habit n'a jamais fait le moine ou l'imam. Moi j'essaie juste de faire ce que je peux je ne suis pas parfait dans ce domaine... Je veux apprendre plus et transmettre à mon fils Yanis pour qu'il ait les bases de l'Islam et de sa tolérance...
Fatima aux yeux plein de vie, son regard timide au premier abord a gagné soudain en assurance. Est-ce le fait que nous soyons tous les deux musulmans ? Je ressens de sa part comme une envie, un désir... poussé par la curiosité d'en savoir plus sur Yanis et moi. Je suis conquis par sa générosité qui magnifie son charme naturel...
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Le dernier train
Romance"Les plus belles rencontres sont les plus improbables." Deux inconnus, deux mondes qui se côtoient en ignorant tout l'un de l'autre. Deux êtres brisés, qui oublient l'espace d'un trajet en train, le destin qui est le leur...