Chapitre 12

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PDV MICHAEL CLIFFORD

Mali-Koa était partie trois semaines et reviendrait dans une semaine. Ashton... N'en parlons pas..  Luke. Non.  C'était hors de question. À la maison? Cela en valait-il la peine? Non. Je m'étais promis de ne jamais remettre mes pieds là-bas. Par contre, je n'avais que mon téléphone cellulaire. Rien d'autre. Toutes mes choses étaient chez Luke. Juste le fait de penser à son nom me procurait une horrible sensation d'excitation et de dégoût. Il avait malgré tout été mon ami et mon pilier pendant un petit moment, l'affection et les bons moments ne peuvent disparaître en un claquement de doigts. Je souffla et m'assis sur le sol afin de chasser certaines pensées indésirables. Je n'avais gère le temps pour cela. Je devais plutôt penser à ce que j'allais faire à partir de maintenant. Je n'étais pas certain de vouloir être sorti du pétrin. Après quelques heures à être perdu dans mes pensées, je trouva enfin une solution. Je me leva, quelque peu tremblant de froid, et commença à me diriger vers un endroit que je connaissait bien. Habituellement, il n'y avait pas trop de trafic et on pouvait se reposer sans être dérangé. Une fois rendu, je m'assis sur le rebord et laissa mes jambes se balancer dans le vide. Malgré ma peur des hauteurs, j'adorais être assis de cette manière sur ce pont. La vue était magique: on voyait la ville et ses alentours d'un point de vue élevé. De plus, un lac passait en dessous du pont pour aller rejoindre le rebord de la ville. Le soleil se couchant sur ce paysage, la vue était simplement époustouflante. À cet instant là, je m'étais fait la remarque que j'étais heureux que cela soit la dernière chose que je verrai. Il n'y avait plus de retour en arrière possible. J'avais fait mon choix, et même si celui-ci pouvait sembler égoïste aux yeux du monde, j'espérais que ma meilleure amie comprenne mon choix. Elle était maintenant la dernière chose me retenant ici-bas, mais ce n'était pas assez pour me faire rester. Combien de fois avais-je essayé de mettre fin à mes jours? Déjà deux fois. C'est deux échecs de trop. Mon surnom de "suicidaire" à l'école ne venait pas de nul part. Par contre, ils l'avaient su par accident, lorsque ma première tentative était apparue dans le journal. Avant qu'ils ne le sachent, j'osais croire que les gens n'étaient pas si mauvais, que si ils savaient le mal qu'ils m'infligeaient, ils arrêteraient de me piler dessus. Quel con ai-je été. Leur réaction a seulement été de me martyriser encore et encore en rajoutant la violence physique à celle mentale qu'ils me faisaient déjà au paravant. Pourquoi, avant qu'ils apprennent que je n'étais qu'un suicidaire instable mentalement, m'insultaient-ils? Je ne l'ai jamais su, et je ne le saurai sûrement jamais. Surtout si, durant la nuit, je finissais par sauter. Ou plutôt tomber. J'aimais bien cette sensation. J'avais l'impression que, pour quelques infimes secondes, toute ma tristesse était partagée avec l'air m'entourant. Je me sentais comme si le vent caressait chaque partie de mon corps et cela me calmait, m'apportant un réconfort muet que je n'ai jamais connu. Même si tout cela se produisait sur quelques secondes, et même sur quelques millièmes de secondes, je me sentais mieux que je ne l'avais jamais été. Comment je savais tout cela? Ma deuxième tentative avait été d'un pont aussi. Ce pont là était moins haut et la vue était moins belle. Mais le sentiment avait tout de même été extraordinaire. Peut-être étais-je quelque peu téméraire?

Je m'étais promis de ne jamais plus refaire ce genre de conneries, la mutilation et les tentatives, et j'avais tenu ma promesse pendant si longtemps.. En quelque sorte, cela me serrait le coeur de briser cette promesse après 165 jours sans ces conneries. Mais je ne me voyais plus être heureux, je ne pouvais plus sourire. Ashton, Luke, ma mère, Jonnah, Calum, Kim, Nataël et tous les autres... Tous me tournaient le dos. Tous me haïssaient. Mais je trouvais cela juste que j'explique à ceux que j'ai le plus aimé les raisons m'ayant poussées à commettre ce geste. Je fouilla alors dans mes poches pour essayer de trouver un crayon et une feuille, mais je n'avais que mon cellulaire. J'enleva donc le mot de passe, facilitant la tâche pour les policiers ou quiconque qui me retrouvera. J'écris un message à chacune des personnes suivantes: Mali-Koa, Ashton et Luke. Je leur écris ce qu'ils avaient besoin de savoir dans l'application notes. Je nomma chacune des notes selon leur destinataire et ferma l'application. Me disant qu'ils auraient peut-être de la difficulté à trouvé l'information, on sait jamais, je mis une alarme à quatre heures du matin avec l'information suivante: Allez voir mes notes. J'étais maintenant prêt. Le soleil était couché depuis un certain temps, ayant laissé place à une ville remplie de lumières dansantes devant mes yeux. J'eus un semblant de sourire face à cette vue, un sourire ironique. La dernière chose que je verrais seraient ces lumières, et elles m'absorberont dans leur noirceur malgré le fait qu'elles m'aient éclairé toute ma vie durant. Pouvez-vous voir l'ironie du sort?

Respirant à pleins poumons de cet air m'ayant donné mon premier souffle et qui m'en donnerait le dernier, j'avança mes fesses de quelques centimètre du rebord. En plus d'avoir mes jambes dans le vide, la seule chose qui me retenait encore était la force que mes bras exerçaient sur le béton, juste à côté de mon corps. Inspiration, expiration. J'avais décidé que ce souffle serait mon dernier. Je relâcha donc toute pression que mes bras avaient sur le rebord de ce pont et tomba. Je me délecta de la sensation de tomber avant d'être happé par les eaux. Ma dernière pensée fut à la fois pour Mali et Lukey. J'étais finalement libre.

Pari // MukeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant