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« Chapitre 22 : Je n'ai jamais. »








9 décembre, 22:49. Shawn.


Je vais devenir fou. Merde, mais qu'est-ce qu'elle fait ?! Cameron nous avait bien dit qu'elle lui avait promis de revenir ce soir... Il est presque vingt-trois heures et elle n'est toujours pas là ! Si je ne fais rien, je vais perdre la tête. Elle me manque horriblement et je ne sais ni où elle est, ni ce qu'elle peut bien faire, encore moins en quelle compagnie... Et si il lui était arrivé quelque chose depuis sa rencontre avec Cameron ? Et si on l'avait kidnappé ? Et si on lui avait fait du mal ? Je n'ose même pas l'imaginer...


Une main se pose délicatement sur mon épaule. Je lève les yeux et rencontre ceux de Mahogany, qui me sourit tendrement. Elle sait que je m'inquiète pour sa meilleure amie. Pour ma copine.


- Elle va revenir Shawn, et en un seul morceau, me promet-elle avec un sourire qui se veut confiant.


Je ne dis rien et me contente de lui rendre son sourire, faiblement, et détourne mon regard vers la baie vitrée, d'où on peut contempler Berlin dans toute sa splendeur. Cette ville n'est pas la plus belle que j'ai pu voir, pourtant il faut avouer qu'elle a beaucoup de charme... Ses bretzels aussi d'ailleurs. Je sens la présence de ma meilleure amie se dissiper et je me retrouve seul devant ce paysage hypnotisant. Si seulement, si je pouvais savoir où elle se cache, parmi ces grattes-ciel, ces boutiques de souvenirs, ces restaurants... Si seulement je pouvais être à ses côtés...


Je sais qu'elle m'en veux. De toute façon, je n'y échapperai pas, et ce n'est certainement pas mon statut de petit-ami qui va me favoriser, loin de là, et au contraire d'ailleurs... Lui avoir caché ça ne va pas être facile à lui expliquer. Mais je sais qu'elle me pardonnera, j'ai confiance en elle pour ça.


- C'est beau, hein ?


Comme si on avait entendu mon appel au secours, une belle brune s'avance jusqu'à mes côtés, et s'arrête à quelques centimètres de la baie. À cet instant, quelques derniers rayons de soleil s'infiltrent dans la suite de l'hôtel et l'éblouissent. J'ai l'impression de voir un ange. Cette pensée me fait sourire, car de caractère, elle en est le parfait contraire... Un parfait démon. Cette fille est le fruit de l'enfer enfermée dans un corps d'ange. Elle tourne la tête vers moi et prend une grande inspiration. Le plus étonnant dans tout ça, c'est que jusqu'à maintenant, je pensais que notre prochaine rencontre se ferait dans le plus grand des chaos, et qu'elle me hurlerait des tas de trucs idiots, ou probablement pas, pendant que moi je tenterais en vain de me justifier. Mais non, on est là, tous les deux, enveloppés dans le plus grand des calmes, plongés dans un silence bienfaisant. Elle ne semble pas en colère, au contraire, elle à l'air tellement détendue qu'habituellement j'aurais un peu peur. En fait, elle me fait toujours un peu peur, elle est toujours là, elle et sa grande gueule, peut-être trop pour son petit mètre soixante, celui qui me fait me sentir comme un géant à ses côtés, à déblatérer des conneries que personne, ou dans ce cas seulement nous, ne la penserait capable de dire... Quelque part, je me dis qu'elle est comme nous, elle est naturelle, spontanée, originale et aux limites de la folie, mais elle ne cherche pas à être quelqu'un qu'elle n'est pas. Et c'est pourquoi elle n'a eu aucun mal à s'intégrer avec nous. Elle a ce même état d'esprit que nous. Et même si la plupart du temps, notre foyer n'est que chaos, c'est uniquement parce qu'aucun de nous n'est un ange et qu'on ne s'entend que trop bien comme ça.


- Te dire que je suis désolé ne changerait pas grande chose, n'est-ce pas ? dis-je après un long silence.


- N'est-ce pas, d'où je suis, j'arrive à discerner un petit sourire discret sur ses lèvres.


111 → MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant