L'Elue [The Mortal Instruments Fanfic] [EN PAUSE]

Chapitre 10

Le froid de la nuit me mordait le visage mais j'avais comme l'impression de ne rien sentir. J'étais tellement absorbée par mes songes que je ne prêtais guère attention à ce qui se déroulait autour de moi. La seule chose que je savais, c'était qu'il faisait nuit. Les bruits de la ville, les odeurs des différents quartiers, les gens qui s'embrassaient, buvaient, hurlaient, tous ça me demeurait tellement lointain... C'était comme si l'on m'avait isolée du monde extérieur. Mais, le pire dans tout ça c'est que, plus je marchais, plus j'avais l'impression de ne plus rien ressentir. Ni le froid, ni le vacarme alentour ne parvenaient à m'atteindre. Plus terrifiant encore, je n'étais plus dominée par la rage, la haine, et les remords. J'étais libre. Libre de ne plus rien éprouver, libre de ne plus me soucier de rien. Je me sentais intouchable, et j'aimais ça. Quand mes pieds s'arrêtèrent, je ne réalisa pas tout de suite où j'étais. En face de moi se tenait la dépouille d'une maison calcinée. Il ne restait d'elle que les fondations noircies par les flammes, et des traînées de cendres et de poussières que le vent allait s'empresser de faire disparaître. Les maisons alentour étaient intactes. Seule celle-ci avait été touchée par l'incendie. Je m'avança lentement dans les décombres. J'entendis les débris de verre se briser sous la semelle de mes chaussures. Une forte odeur de brûlé emplissait l'espace. Je recouvrais mes sens petit à petit, mais je ne ressentais toujours rien. Je constatais seulement les dégâts. Quelque chose au fond de moi était profondément blessé et me demandais de pleurer pour ma famille, mais une autre chose, plus forte encore, me retenais. Cette autre chose bloquait toutes mes émotions et m'empêchait d'éprouver un quelconque sentiment. Soudain, j'entendis une voix inconnue dans mon dos:

-Tu ne devrais pas être ici. C'est dangereux de traîner la nuit, seule comme ça.

Je fis volte-face et observa l'homme en face de moi. Il était jeune, assez grand, et avait des cheveux blonds cendrés impeccablement coiffés. Sa peau était très pâle et ses yeux bleus luisaient d'une étrange lueur. L'obscurité m'empêchait de faire une analyse plus complète et de déchiffrer l'expression de son visage. Malgré tout, sa voix était chaude et douce comme le miel. Il poursuivit:

-Tu sais que ça peut être dangereux, pas vrai? Laisse-moi te raccompagner chez toi.

Aucun son ne sortit de ma bouche. J'étais comme paralysée par une force invisible. Le jeune homme s'approcha lentement de moi:

-Qu'est-ce qui se passe? Tu as perdu ta langue?

Un sourire malicieux étirait son visage parfaitement sculpté. Il me demanda, de sa voix mielleuse:

-Alors? Tu veux que je te fasses parler, c'est ça?

Toujours aucune réaction de ma part. Bizarrement, je n'avais pas peur. J'étais juste... indifférente. Cependant, quand il m'attrapa le bras avec une force impressionnante, mon corps réagit aussitôt. J'agrippa à mon tour son autre bras et l'attira près de moi. Son sourire s'étira de plus belle:

-Je vois que tu as très envie de moi, susurra-t-il.

Il regretta bien vite d'avoir prononcé ces mots. Je lui asséna aussitôt un coup de pied bien placé et sortit de ma botte droite mon petit poignard. Je le planta sans ménagement dans son épaule et repoussa violemment le jeune homme loin de moi. Ses traits si doux et si charmants étaient désormais déformés par l'incompréhension soudaine, puis par la colère. Il cracha:

-Espèce de...

Il ne finit pas sa phrase et se jeta sur moi. Ma tête heurta le sol avec force et, pendant un instant, ma vision s'obscurcit. Des points noirs dansaient devant mes yeux. Je les ferma un instant et sentis qu'on me tirais pour me relever. Je me laissa faire et, une fois en équilibre sur mes deux pieds, je rouvris les yeux et vis le jeune homme, le poignard toujours planté dans l'épaule, me fixer à nouveau avec une incompréhension non dissimulée. Il murmura: