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Je me réveille, encore en sursaut et en sueur : un autre cauchemar, j'imagine. À force d'en faire, je ne m'attarde même plus au sujet de ceux-ci. Par contre, dans celui-là, la seule chose dont je me rappelle, ce sont les yeux d'acier du mystérieux jeune homme. Dans la fnod, je crois bien que s'il était dedans, je ne peux pas vraiment appeler ça un cauchamar... Je sursaute légèrement en entendant mon alarme sonner : encore une fois, je me suis non seulement réveillé avant ce fichu réveil, mais de plus une autre journée de cours sans importance m'attend. Je me lève alors sans problème de mon lit, parce que dormir paisiblement est devenu quelque chose de rare pour moi. Dormir tout court d'ailleurs.
Si j'avais sauté hier, je ne serais certainement pas en train de prendre une douche glaciale à 6 heures du matin. Je crois bien que mon corps aurait soit:
A) Dérivé le long de la mer avant de fracasser un bateau
Ou bien B) Se serait fendu en deux sur un rocher.
Dans les deux cas, j'aurais enfin mis fin à ma vie et pour tout dire, c'est ce que je m'empêche de faire, maintenant.
Je sors alors de la doiuche et me regarde dans le miroir. Hideux, comme tous les jours. Mes yeux couleur émeraude sont entourés d'énormes cernes dûes au manque de sommeil. Mais peu importe qu'ils soient comme ça, l'important c'est qu'ils ne sont plus rouges et bouffis à force de pleurer. Je ne pleure plus. Ça ne servirait à rien de toutes façons.

Sur le comptoir de la salle de bains règne la reine du bonheur. Ou plutôt ma reine. Ma lame. Je pourrais encore la faire glisser sur mes avants-bras déjà meurtris. Je pourrais le faire encore et encore juste pour ressentir un peu de douleur. Parce que sérieusement, je ne ressens plus rien. La douleur, ça craint. Je prends le morceau de métal qui trônait sur ma table il y a peu et la fait tourner entre deux doigts. À vrai dire, faire cela ne veut pas dire que je veux mourir. En fait, si, je veux mourir.Mais ça, cette lame, elle ne fait que reporter le fait que je veuille quitter ce monde.
Je vais être en retard si je continue à glander comme ça. Alors, je me dirige vers mon armoire à vêtementsoù je me prends encore un chandail à manches longues : les T-shirts ont été bannis depuis longtemps de ma garde-robe, pour qu'on ne puisse pas voir les traces que laisse mon seul moyen de m'échapper. Après m'être habillé, je ne prends même pas le temps de manger,  c'est tellement rare que je le fais. Et puis, Armin m'obligera bien à avaler une bouchée au dîner.

J'empoigne mes écouteurs et me dirige alors vers le petit lycée de ma petite ville. Il fait beaucoup moins froid qu'hier d'ailleurs. La musique qui résonne dans mes oreilles me fait boulier le peu d'autos qui passent.
J'aperçois le lycée où je me force à aller chaque jour. En sautant, je n'aurais pas à y aler aujourd'hui. Ni demain, ni après demain. J'aurais pu la rejoindre.
En entrant dans mon lycée qui a d'ailleurs un nom de merde : "The Wings of Freedom", j'aperçois la tête blonde qui me prend pour ami. D'ailleurs, je n'ai pas encore compris pourquoi il me considère comme cela. Moi, je ne sais pas vraiment ce qu'il est, parce que je sais très bien que si je commence à le prendre comme ami, il va souffrir. Alors, je me dis que c'est une connaissance. Dans ce cas-là, il ne devrait pas souffrir. Mikasa est avec lui. Elle aussi reste un mystère à mes yeux. Ses cheveux noirs ébène bougent un peu dans tous les sens, me laissant croire qu'elle dispute encore une fois Armin à cause de je ne sais quelle bêtise. C'est con tout ça, parce que c'est une vie que beaucoup de gens rêveraient:  voir deux bons amis qui s'aiment bien, pouvoir rigoler, être bien. Avoir une belle vie. Mais pas pour moi. Le simple geste que je fais pour attraper un cahier, pour moi, ne représente rien. Il est d'ailleurs bien trop épuisant pour représenter quoi que ce soit. Je suis épuisé de toujours devoir rester debout et de ne rien ressentir. J'aurais dû me couper ce matin, pour ressentir quelque chose. Crétin.

Je vois Armin se diriger vers moi en se dandinant. Il a un énorrme sourire sur le visage. Il ne fait pas attention à l'air que j'ai, il est habitué de le voir sur mon visage autrefois si souriant. Ça me semble lointain... Je m'efforce alors de sourire, un sourire aussi faux que je le peux. Mes sourires sincères n'ont pas fait surface depuis des millénaires, et c'est bien comme ça. Si je ne souris pas en compagnie d'Armin, il me bombarde de questions. Avec l'esprit digne de Sherlock Holmes qu'il a, il découvrirait presque tout sur ce que je fais. Il ne faut pas qu'il sache que mon seul moyen de me libérer est de me trancher l'avant-bras avec une lame de rasoir. Personne ne doit le savoir. Personne.

- ERENNNNNNNNNNNNN! crie le blond en s'approchant dangereusement de moi.

Armin a le genre de voix aigue qui transperce les tympans. Mais les miens sont certainement défoncés tellement j'écoute de la musique forte pour ne pas entendre le bruit des autres personnes qui parlent : je n'aime pas la foule. Je n'aime pas les gens tout court. Armin est maintenant devant moi, Mikasa aussi nous a rejoint. Je souris, ou plutôt m'efforce de sourire pour leur montrer que tout va bien. Comme hier, avant hier et demain probablement. Mais ça n'va pas bien.

- Mikasa m'a hurlé dessus! maugréa-t-il en me faisant ses yeux de chien battu.
- Tu l'avais mérité.

On marche lentement vers nos cases pour ensuite se rendre au premier cours de la journée : sciences. La prof est une psychopathe. Armin et Mikasa parlent, mais je n'écoute pas vraiment. En vrai, toujours avec mes écouteurs que j'ai rentré dans mon sweet pour un minimum de subtilité je ne fais qu'écouter la musique qui résonne dans mes tympans. Je n'écoute pas en cours, et j'n'ai pas de bonnes notes. Peu importe, j'n'ai personne à satisfaire.

En rentrant en classe, on prend nos places habituelles. La cloche venait de sonner mais la prof, Hanji Zoé, a déjà placé 7 pantins de bois sur son bureau. Ils sont tous démembrés sauf un. Cette prof est flippante.

- BONJOOOOUUUUR LA CLASSE.  Donc voilà, on a un nouvel élève dans la classe. Levi Ackerman, dit-elle en souriant.

Et c'est là que je l'ai revu. C'est là que mon coeur a cessé de battre pendant un instant. C'est là que je me suis encore une fois eprdu dans son regard si perçant, qui d'ailleurs regardait vers moi.

Save me ⚣ → EreriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant