Chapitre 3

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J'ai toujours pensé qu'on en apprenait plus sur quelqu'un à sa façon de dessiner, plutôt qu'en l'écoutant s'exprimer. C'est une fenêtre ouverte sur l'âme. Pour faire de l'art, il faut accepter de s'ouvrir à l'autre, et lui laisser entrevoir son passé, son expérience personnelle.

Mes dessins à moi sont de plus en plus ternes. Ils ont perdus toutes couleurs, et sont de plus en plus triste. J'essaie pourtant de faire des efforts, de m'appliquer, j'ai même essayer de dessiner un arc-en-ciel c'est pour dire ! Mais je n'ai plus aucune inspiration. Je sèche, c'est comme si cela ne me procurait plus aucun plaisir. Je comptais parmi les élèves préférés de notre professeur d'art durant ses cours... Maintenant, lorsqu'il passe près de moi pour voir l'avancée de mon travail, il me regarde avec un air piteux et hoche la tête. Monsieur Smith a abandonné depuis longtemps l'idée de me raisonner.

Je ne trouve plus d'inspiration.

Eden ne se préoccupe plus de moi, cela lui arrive de me regarder méchamment, mais pas de blagues en vue pour le moment, c'est surement à cause de la semaine d'examens que l'on nous a imposé. Ah si ! Il m'en à bien fait une le jour où il m'a envoyer son petit mots. Eden à volontairement fait tomber mon plateau devant tous les élèves, et évidement, c'était le jour ou je n'avais rien d'autre pour me repayer de quoi me nourrir. Pour me venger, j'ai arraché toutes les pages des devoirs importants à venir de son agenda, rien de bien extraordinaire je l'accorde, mais je l'ai déjà dit, je n'ai plus d'inspiration.

Du coup, je passe ces heures d'arts plastiques là à me recoiffer, regarder par la fenêtre, ou encore lire. La dernière fois, j'ai commencé à me vernir les ongles dans des couleurs différentes lorsque le professeur s'est avancé vers moi. J'ai d'abord cru qu'il allait me demander de sortir, mais au lieu de cela il m'a félicité et ma poser tout un tas de questions sur le choix des couleurs. Je lui ai baratiné un petit quelque chose avec mon air sérieux, puis il a fini par ma laisser tranquille face à tant de désinvolture.

Cela m'a tellement dégouté de moi-même, qu'en rentrant chez moi, j'ai hurlé aux domestiques de me laisser tranquille, et je me suis enfermé dans ma chambre. J'y ai mis la sono à fond, et je me suis mise à décrocher les uns après les autres mes tableaux qui tapissaient ma chambre. J'ai voulu les brûler en prétextant qu'ils ne correspondaient plus avec la décoration de ma chambre, mais mère me l'a interdit. J'ai fait semblant que tout allait bien, mais lorsque je suis remontée dans ma chambre, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer. Marta, notre gouvernante est montée me rejoindre. C'est une sorte de vieille mama italienne, un peu enrobée et plutôt autoritaire, mais adorable. Elle s'est installée sur mon lit et ma serrée longtemps dans ses bras en me nommant par de petits sobriquets italiens dont je n'ai aucune idée de la signification. Mais remarque, elle aurait pu m'insulter sur le même ton, que je pense que je n'aurais pas réagit.

- Ma jolie petite Jodi... Raconte moi ce qui ne vas pas.

Je lui ai vidé une partie de mon sac. Mais je lui ai caché une grande majorité de ma vie, référant ne pas rentrer trop dans les détails. Je n'ai ni parlé de mes disputes incessantes avec Eden, ni de la mort de Lucas bien qu'elle m'affecte encore grandement, ni du fait que je n'ai qu'une envie, partir loin d'ici. En fait, je ne lui ai pas parlé de grand-chose en y repensant.

Le soir, j'ai installée une toile blanche devant ma fenêtre ouverte. Les yeux fermés, je savourais le vent frais passant entre mes cheveux. J'ai trempé mon pinceau dans un bleu couleur nuit, en vue de peindre ce ciel à l'allure magique. Et finalement, je me suis perdue. J'ai continué à peindre les yeux mis clos, écoutant le bruit des cigales. Deux trois larmes ont coulé, rapidement séchées par le vent frais. Après près d'une heure, je suis allée me coucher, laissant derrière moi une sorte de gribouillis. C'est depuis le seul tableau qui décor ma chambre.

Just like fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant