Chapitre 14

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Assise sur la banquette près de la vitre, je regardais les paysages défilés. Les maisons toutes différentes, les unes après les autres s'étalent à perte de vue, plus ou moins grandes, mais toutes recouvertes de la même blancheur immaculée. Ma respiration provoquait de la buée sur la vitre, et je m'empressais de l'effacer d'un revers de main. Je tournais la tête vers Eden qui tout comme moi n'avait pas dit un mot depuis notre montée en voiture. Lui aussi épiait le paysage, à demi-éveillé. Plus paisible que jamais... Sans prévenir, je glissais ma paume dans la sienne et me remis à contempler le paysage, un pincement au cœur.

Eden fut le premier à descendre de voiture, tout comme sa mère, il devait brûler d'envie d'assister à ce spectacle. Espérons pour lui qu'il ne soit pas interrompu pour cause d'intempérie... La neige semblait moins tomber par ici, mais ne sait-on jamais. Alors que je remontais difficilement la fermeture éclair du manteau que je portais, il vissa un bonnet sur ma tête et remonta ma capuche par-dessus.

- Prends-le, tu en as plus besoin que moi.

Le bout de son nez était rougi, et ses cheveux étaient complètement ébouriffés après avoir retiré son bonnet pour me le donner. Puis, nous rejoignons les autres, et tentons de trouver une place dans l'herbe au milieu de tous ces gens. C'est une des nombreuses raisons pour laquelle je n'ai jamais vraiment apprécié les feux d'artifices, pour ne pas dire que j'en ai peur... Il y a trop de gens, trop de bruit, et il fait nuit noir. Malgré toutes les couvertures placées au sol, nous arrivons en haut de la colline, et c'est un peu à l'écart, caché derrière un buisson que nous décidons de nous installer. J'en ai un peu mare de me montrer distante, j'ai peur de leur pourrir la soirée, mais je n'arrive pas à m'enthousiasmer autant qu'eux... J'ai un peu l'esprit ailleurs.

- Eden ?

- Suis-moi, on y va.

Il m'a pris par la main, et nous nous sommes un peu écartés des autres et de toute cette folie. Plus nous nous éloignons, et mieux je me sent étrangement. Je manquai de trébucher à plusieurs reprises avec les chaussures que sa mère m'avait prêté.

- Allez, avoue que tu détestes ça ?

- Hum... Oui je crois... Dis-je pensive.

Timidement, c'est lui cette fois qui vint me prendre la main, le sourire aux coins des lèvres. Formant de si jolies fossettes aux creux de ses joues, ah comme je les aime ses jolies fossettes. La neige s'était remise à tomber, tapissant le sol d'une couche blanche encore extrêmement fine. Quelque uns de ses flocons vinrent s'entremêler dans mes cheveux. Sa main se souleva, et il écarta une mèche de mes cheveux tombée devant mes yeux, frôlant au passages ma peau froide. Je me sentais affreusement gênée et en même temps à peine son contact fut-il rompu que ma peau en redemandait. Ses yeux verts me couvaient du regard. Du bout du doigt, il chassa un flocon qui venait de se déposer sur mon nez. Je sentis mes joues s'empourprer, et me mis à sourire bêtement. Je ne sais pas si c'était l'ambiance qui jouait sur nos émotions, ou encore le froid qui engourdissait nos petits crânes, mais c'était... Agréable. Eden se rapprochait de plus en plus de moi, et oh miracle ! Aucune guerre civile n'était en marche, et la terre n'était pas en danger face à l'envahisseur. Cela relèverait presque du film de science-fiction.

Tout doucement, il rapprocha son visage du miens, mes yeux rivés à ses lèvres, je sentais mon cœur palpiter dans ma poitrine. Plus qu'a quelques centimètres à peine de la mienne, il se stoppa. Je sentis le bout de sa langue passer sur la commissure de mes lèvres. Il fit durer le moment un maximum, et s'écarta enfin de moi avec un sourire triomphale tandis que je le fixais avec de gros yeux ronds.

- Tu avais un flocon !

Rah ce qu'il m'énerve ! Enfin... C'est plutôt ma réaction qui m'agace et le fait que je soit déçue qu'il ne soit pas aller plus loin. J'ai l'impression d'avoir été bernée ! Il m'a mené en bateau avec une facilité déconcertante...

Just like fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant