Accident d'amour

Chapitre 16

Je vérifie qu'il n'y ait toujours pas de clients, puis retourne m'asseoir à mon bureau. Je reprends mon téléphone et continue ma petite conversation avec Amara. Celle-ci ne cache pas son mécontentement. Elle déteste Regina, je la soupçonne de l'insulter un peu aussi par jalousie.

Il faut dire qu'hier, notre journée était.. Catastrophique. Pas une seule seconde ne s'était passé sans que j'ai envie de lui planter une flèche dans le coeur. La lui planter, ou me la planter. Parce qu'entre aller en prison à cause d'elle et supporter que tout le monde pleure son décès ou me suicider, le choix était vite fait.

Bon, j'exagère. 

Un petit peu.

Mais sérieusement, étiez vous là ? Non, j'étais seule. Seule à supporter son sarcasme, sa prétention et ses remarques insipides. Je ne savais pas qu'elle était comme ça. Je ne l'avais jamais soupçonné, mon frère n'a jamais fait que des éloges sur elle. Amara pense comme moi, comme elle sait qu'elle va se marier, elle n'a plus besoin de se la jouer parfaite avec mon frère. Ou avec nous, peut-être faisait elle juste semblant devant ma mère et moi ?

Je hais ce genre d'hypocrisie. Mais... Quelque part, elle se marie avec mon frère et non avec nous, s'il est heureux, tant mieux. C'est pour ça que je n'ai pas le droit à la parole, je n'ai le droit de rien dire ou faire. Je dois juste me contenter de sourire et faire comme si de rien n'était. 

Je lève les yeux au ciel et saisis le téléphone. J'ai eu un peu de monde ce matin, j'ai profité du calme pour appeler Amara. Je suis ma propre patronne, je peux bien me le permettre.

-Alors, que disions nous ?, je demande mon amie tout en m'adossant au fauteuil.

-Tu me racontais comment ça s'est passé dans le deuxième magasin où vous êtes allées !

-Ah oui. Pas trop différent du premier en faite ! A peine est-elle arrivée qu'elle m'a laissé à l'entrée pour courir acheter des sous-vêtements. Elle riait en disant que c'était pour les noces, même si ça n'allait pas être quelque chose de nouveau pour eux. Tu n'imagines pas à quel point j'étais gênée Amara, gênée et plus qu'énervée ! Est-elle sérieuse quand elle me dit ça à moi ?

-Oh mon Dieu, aucune gêne putin. Quelle salope.

-Si tu savais.. Elle a ensuite commencé à me donner des conseils pour.. pour avec Jamey. J'étais plus qu'écarlate. Elle a commencé à me conseiller des sous vêtements, me disant que ceci, cela, était plus à la mode et que je devrais essayer la dentelle plutôt que les brassières. Cette fille est soit une fouineuse, soit très perspicace ! Je pense qu'elle a du en voir sur mon lit, lorsqu'elle est venue chez moi. Je devrais faire plus de ménage..

Amara explose de rire. -Je ne l'aime pas mais là, elle n'a pas tort ! Des brassières Rose ? Tu déconnes ?

-Quoi ? C'est confortable et puis, c'est des brassières pour le sport normalement.

-Oh là là ! Grandis un peu, la féminité tu connais ? Dis moi que tu as bien quelques soutien-gorges ?

-Amara, arrête c'est gênant.

Elle explose de rire à nouveau, je me sens redevenir rouge, comme la veille. -J'y crois pas ! Quand tu feras les magasins, promets moi d'en acheter ? Ca n'est pas normal de ne pas en porter lorsqu'on est une femme ! Je n'avais jamais remarqué..

-Bref, changeons de sujet.

Elle rit doucement et je lève les yeux au ciel puis soupire. Je finis pas triturer mes doigts, le téléphone coincé entre mon épaule et mon oreille.