L'éclipse de Soleil

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L'enseignante s'adressa à l'ensemble de la classe une dizaine de minutes avant midi.

− Bien ! Je vais vous laisser partir en avance, aujourd'hui, et profiter de l'éclipse. Elle sera totale dans quelques minutes. Je vous souhaite une bonne journée.

Elle se tourna vers Kyle alors que les étudiants rangeaient leurs affaires.

− Monsieur Alexandre ! J'aurais à vous parler un instant.

Tristan jeta un rapide coup d'œil vers Kyle puis il sortit de la salle, laissant ce dernier et son professeur seuls.

− Il va falloir que vous vous soumettiez au règlement de cet établissement, Monsieur Alexandre. Je n'aimerais pas me retrouver dans l'obligation de vous renvoyer de ma classe, ajouta-t-elle en regroupant ses papiers. Je me doute qu'à votre âge, les cours peuvent être ennuyants, mais si vous voulez décrocher votre diplôme, il vous faudra travailler un minimum et vous intéresser aux matières qui vous sont enseignées ici.

L'obscurité gagnait de plus en plus les lieux. Remarquant cela, Wind leva les yeux vers l'extérieur.

− Vous pouvez y aller, je ne voudrais pas que vous manquiez cela par ma faute.

− C'est pas ma première éclipse, et je suis plus un gamin.

Elle se tourna vers lui.

− Il n'est pas question de cela. Il n'y a pas d'âge pour apprécier les beautés de la nature.

Elle ouvrit une fenêtre et leva les yeux au ciel, constatant au passage les nombreux étudiants dans les jardins, munis de lunettes.

− C'est pas conseillé de regarder un éclipse sans lunettes, vous savez, lâcha Kyle d'une voix froide en s'avançant d'un pas vers son professeur.

L'éclipse atteignit son apogée, suscitant l'exclamation de certains.

− Ne vous en faites pas pour moi, je...

Elle venait de se retourner. Kyle se pliait de douleur, une main devant les yeux. Elle se précipita vers lui, mais elle n'osa pas le toucher.

− Que vous arrive-t-il ? Monsieur Alexandre ? Kyle ? !

Elle s'effara lorsque les crayons de sa trousse et les craies s'élevèrent dans les airs. Elle se ressaisit et attrapa la main de Kyle. Elle l'ôta de son visage en l'obligeant à se redresser. Sa respiration était saccadée et son corps commençait à convulser. Wind se recula tout à coup. Les yeux du garçon scintillaient d'une lumière blanche. Il sembla soudain étouffer, la tête levée vers le plafond. Les quelques objets flottant dans les airs s'affolèrent ; ils devenaient instables. Kyle s'effondra brusquement dès que les rayons du soleil réapparurent. Les crayons et les craies étaient retombés à terre en même temps que lui. L'enseignante s'approcha d'un pas incertain, n'osant de nouveau le toucher.

− Kyle ? Est-ce que ça va ?

L'adolescent se mit à genoux. Il s'aida du mur pour se relever, chancelant. Wind s'ahurit lorsque les yeux du jeune homme s'ouvrirent avec lenteur. Leur iris avait pris une teinte bleutée.

− Un exorciste, s'exclama-t-elle aussitôt. C'était donc vrai.

− Quoi ? s'embrouilla Kyle, encore étourdi.

− Je... j'ai à discuter avec vous.

Kyle fronça les sourcils avant de saisir son sac à dos.

− Mais non, je vais bien, on n'a pas besoin de discuter, certifia-t-il en ouvrant la porte d'une main encore tremblante.

Dans la salle, l'enseignante était encore sous le choc. Elle ferma les yeux et soupira. Elle attrapa son cartable avant de sortir à son tour.



Tristan et Kaeïra aperçurent Kyle, seul à une table, après leur passage au self-service. D'un commun accord, ils s'approchèrent de lui.

− On peut se joindre à toi ? lui demanda Kaeïra.

Il leva les yeux vers les jumeaux.

− Faites comme vous voulez.

Ils s'installèrent face à face. Voyant que Kyle ne voulait prendre part à la conversation, ils le laissèrent tranquille.

− Alors ? se renseigna la jumelle. Ta prof, elle est comment ?

− Un peu stricte, je dois dire, mais ses cours sont bien structurés. Et toi, c'était comment ?

− Ça va. Mais, tu sais, le mec qui m'a bousculée, ce matin ?

− Ouais.

− Eh bah, il est dans ma classe, lui révéla la jeune femme. Il s'appelle Bastien et il s'est fait virer au bout de dix minutes.

− Ah ouais ? s'étonna quelque peu son frère. Pourquoi ça ?

− Il avait les pieds sur la table, un chewing-gum dans la bouche et il draguait sa voisine. Le prof a pas apprécié et il l'a viré, conclut-elle en portant des pâtes à sa bouche.

Tristan fit de légers hochements de tête en signe d'approbation. Les jumeaux regardèrent Kyle. La tête baissée, il avait l'esprit ailleurs. Il se leva soudain, attrapa son sac et saisit son plateau. Il n'avait mangé que la moitié de son repas. Il regarda Kaeïra.

− Tu parles de Bastien Pericat ?

− Euh... oui.

− C'est un petit con un peu trop prétentieux, mais en général il est correct en cours. Il doit sentir ses hormones le travailler. Méfie-toi quand même de lui.

− Euh... merci.

Kyle s'éloigna. Les jumeaux avaient été pris de court. Ils ne s'attendaient pas à ce qu'il leur parle. Kaeïra finit par sourire.

− Il doit pas être bien méchant, finalement, ce Kyle.


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