Une maison pas si paisible

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Depuis leur déménagement, cette nuit était la première que passait la famille Rénaud dans l'une des vieilles bâtisses d'un quartier paisible et reculé de Rakia. Chacun des membres de la famille dormait à point fermé. Rien ne troublait leur sommeil jusqu'à ce qu'un bruit de vaisselle brisée ne retentisse dans la demeure et ne réveille les parents. L'un d'eux alluma une lampe de chevet. Ils se fixèrent. L'homme fit signe à son épouse de ne pas bouger et sortit avec prudence de la pièce. Il traversa le couloir, vérifiant en silence que ses trois enfants étaient assoupis. Il descendit les escaliers sur la pointe des pieds et se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit lentement la porte.

Dans la pénombre, il put discerner de nombreux éclats de verre et de céramique dispersés au sol. Il regarda autour de lui. Il était seul. Son attention se porta sur l'évier lorsque, sans crier gare, le robinet s'ouvrit. Un flux important d'eau se déversa. Il enjamba les débris et alla arrêter l'écoulement. Les sourcils froncés, son regard parcourut de nouveau la pièce. Il sentit son cœur battre avec plus d'entrain.

Il s'empara d'un couteau de cuisine. Il fut surpris de voir son souffle produire une fine fumée dans l'air. De la condensation se déposait sur les carreaux de la fenêtre. Sa respiration s'accéléra. Il entreprenait de repartir lorsque, brutalement, un vase le frappa de plein fouet. Le choc lui fit lâcher le couvert. Il percuta le buffet se trouvant derrière lui. Ainsi entaillé et le visage ensanglanté, un second vase l'assomma dans la seconde qui suivit.

Commençant à s'inquiéter de l'absence de son mari, la mère décida de le rejoindre. Arrivée au rez-de-chaussée, elle se surprit à frissonner. Un pli marqua son front. Elle s'approcha à pas lents de la porte fermée de la cuisine. Elle saisit la clenche. Elle retira aussitôt la main en émettant de lourdes plaintes. Elle serra sa main rouge et couverte de marques de brûlures. Son cri avait réveillé les enfants en sursaut. Les deux garçons croisèrent leur sœur dans le couloir. Tous trois virent dans l'obscurité que leurs parents ne se trouvaient plus dans leur lit. L'aîné incita son frère et sa sœur à descendre. Pétrifiés de peur, ils s'arrêtèrent lorsqu'un homme d'une trentaine d'années sortit de la salle de bain. Ses mains étaient couvertes de sang et portaient de multiples blessures encore ouvertes. Les enfants poussèrent des hurlements. Ils voulurent partir en sens inverse, mais le tapis se gondola sous leurs pieds, les faisant chuter. Le sol commença à se fissurer. L'inconnu s'approcha d'eux.

La mère apparut au sommet des escaliers. Elle attrapa une lampe sur le meuble le plus proche et la lança sur l'homme. À son plus grand étonnement, l'objet le traversa pour aller s'éclater au sol. L'étranger se retourna.

− Courez les enfants ! s'égosilla leur mère avant qu'ils ne se relèvent et ne descendent au rez-de-chaussée en empruntant le second passage.

Sa main, désormais pleine de cloques, la fit grimacer.

− Qui êtes-vous ? Un revenant ? Quoi que vous soyez, je vous interdis de toucher à mes enfants !

L'entité s'éleva dans les airs, perdant à moitié son apparence humaine. Elle fonça à vive allure sur la femme et poussa d'insupportables cris aigus. Elle la traversa et disparut. Surprise, la femme recula. Elle dévala les escaliers et termina sa chute, inconsciente. Son époux, remis malgré son mal de tête, accourut avec ses enfants. Il leva les yeux vers l'étage tout en s'adressant à eux.

− Mettez vos manteaux, on va à l'hôpital. Faites vite.


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