Possession

Le combat

À l'étage, Tristan, Kyle et Wind stoppèrent leur marche, certains d'avoir entendu quelqu'un crier. Leurs regards balayèrent les environs. Wind montra la porte menant au sous-sol au second cri qui résonna. Ils se précipitèrent tous trois et descendirent dans l'obscurité.

Kaeïra s'éleva rapidement au-dessus du sol. Elle alla se heurter au mur avec violence, dos à celui-ci. Elle y resta plaquée dans les airs, comme collée à lui. Ses mains crispées le parcouraient. Son visage, levé vers le plafond, était déformé par la terreur. Elle semblait résister à une force supérieure. Elle laissa s'échapper un grand hurlement avant de retomber durement face contre terre. C'est à cet instant qu'entra le trio qui la recherchait. Voyant l'état de sa sœur, Tristan n'attendit pas d'explications et se lança sur Bastien.

− Tu voulais la violer, sale connard !

Il se précipitait, le poing levé.

− Non ! lui cria Wind.

Il était trop tard. Bastien lui décocha un crochet du droit qui l'envoya avec force sur l'une des chaudières. Tristan ne put retenir un cri de douleur.

− C'est un ange déchu ! s'exclama le professeur.

− Vous pouvez l'arrêter ? se renseigna Kyle.

− Pour qui me prenez-vous ? J'ai dix-sept ans d'expérience, qu'est-ce que vous croyez ! ?

− Putain, vous êtes vieille ! lâcha-t-il.

Wind serra les dents avant de se ruer vers Bastien, évitant son coup de pied. Elle le frappa au ventre, ce qui le fit reculer. Sa force paraissait identique à celle du possédé.

− J'ai trente-deux ans, insolent ! cria-t-elle avant de recevoir un violent coup de poing sur la joue.

Elle se montra résistante. Elle fit un croche-pied à Bastien qui chuta au sol. Elle s'empressa de s'asseoir sur lui et de le rosser avant de saisir sa tête entre ses mains. Alors qu'il se débattait, elle tenta tant bien que mal de maintenir son regard dans le sien.

− Utèĵ ! s'écria-t-elle face au jeune homme qui se débattait.

Le ĵ avait sonné comme un j espagnol, mais ce mot ne disait rien à Kyle qui chercha à s'approcher pour aider son enseignante.

− Non, restez où vous êtes ! lui ordonna-t-elle.

Bastien l'éjecta avec brutalité. Wind glissa sur quelques mètres. Kyle regarda tout autour de lui, cherchant quelque chose qui pourrait lui venir en aide. Il se concentra sur la planchette dès qu'il l'aperçut. Celle-ci ne mit pas longtemps avant de s'élever dans les airs et de venir frapper le possédé au visage, attirant de ce fait son attention. Bastien s'approcha de lui, mais il fut tout à coup plaqué au sol par Wind qui lui maintint de nouveau la tête.

− Utèĵ ! répéta-t-elle.

Une faible lueur blanche l'enveloppa avec son agresseur. Celle-ci s'intensifia jusqu'à devenir aveuglante. Tristan, Kaeïra, tous deux dans un fâcheux état ainsi que Kyle étaient médusés face à cet évènement.

− Utèĵ ! cria une dernière fois Wind.

La lumière explosa sans pour autant engendrer de souffle. Lorsque leurs yeux purent à nouveau voir, ils constatèrent que Bastien ne portait plus aucune marque de blessures. L'enseignante le libéra et se redressa. Il était paniqué.

− Tout va bien, il est parti, l'apaisa Wind en l'aidant à se relever.

− Je... je ne contrôlais plus rien. Je... je suis désolé.

Il partit en courant. Le professeur s'approcha de Kaeïra tandis que Kyle était aux côtés de Tristan.

− Comment vous sentez-vous ? lui demanda-t-elle. Il ne vous a rien fait ?

− Non, répondit la jeune femme d'une voix faible.

Wind releva Kaeïra et observa la planche ouija.

− Il voulait vous utiliser pour invoquer un ange déchu. Il serait ainsi venu vous posséder. Heureusement qu'il n'a pas pu aller jusqu'au bout de son œuvre.

Kaeïra se précipita vers son frère.

− Tristan ! Tu n'as rien de cassé ?

− Euh, une côte ou deux mais ça ira, essaya-t-il de plaisanter.

Wind le regarda un moment.

− Je vais vous emmener voir un médecin qui a l'habitude de ce genre de choses.

Elle et Kyle le soutinrent alors qu'ils remontaient à l'étage.

− Comment se fait-il que vous ayez pu le combattre ? se troubla Kyle.

Wind dévoila un collier pendu à son cou. Une pierre précieuse enlacée par de l'argent y était attachée.

− C'est un œil-de-tigre. Il nous confère une force ainsi qu'une résistance surhumaine lorsque nous le portons. Un homme normal, même le plus robuste, ne tiendrait pas longtemps face à la force physique d'un possédé.

Ils se retrouvèrent dans le couloir. Wind les conduisit à sa voiture sans trop attirer de regards. Kaeïra, qui avait récupéré leurs affaires, s'installa à l'arrière avec son frère.

− Et où va-t-on ? s'informa Kyle.

− Au siège de la Communauté des exorcistes. Ce n'est pas très loin du centre-ville.